La construction résidentielle s’adapte après une pause
Les entrepreneurs en construction qui doivent livrer des maisons avant le 1er juillet sont de retour au travail, pour les autres ce sera le 11 mai. Tout cela dans un contexte différent où des mesures de distanciation sociale et d’hygiène doivent être respectées, comme l’exige la Santé publique. Info Dimanche a sondé l’opinion de quelques entrepreneurs pour savoir comment ça se passe pour eux jusqu’à maintenant.
Jonathan Michaud de Construction MicBel de Rivière-du-Loup travaille actuellement sur un chantier de 12 logements dans le Parc Cartier. «J’avais 6 logements réservés avant la pandémie et je ne pouvais pas garantir la livraison pour le 1er juillet avant de savoir quand ça reprendrait. J’ai donc accepté d’annuler trois baux», a expliqué l’entrepreneur. Maintenant que le travail a repris, M. Michaud a mentionné que le bloc de 12 logements pourra accueillir ses premiers occupants en temps voulu.
Concernant les mesures de distanciation sociale et d’hygiène, le promoteur a indiqué qu’il faut répéter beaucoup, il a actuellement 7 travailleurs sur le chantier. «Ça prend quasiment un homme pour surveiller, un inspecteur est passé cette semaine», a-t-il lancé. «Pour monter la charpente, c’est plus facile. Mais à l’intérieur, c’est compliqué et il faut faire davantage attention», a-t-il ajouté. De plus, l’entrepreneur a expliqué qu’il a des difficultés à obtenir tous les matériaux à temps et que la facture pourrait augmenter. Pour la toilette, ils tolèrent encore la chimique, selon M. Michaud qui préfère cette façon de faire puisque mettre en place une toilette régulière est beaucoup plus couteux.
«J’ai deux jumelés à livrer dont la construction est presque finie. J’ai aussi un bloc de 6 logements que l’on va commencer à construire pour une livraison en septembre», a pour sa part mentionné Jean Boucher, propriétaire de l’entreprise portant son nom. Quant aux consignes de distanciation sociale et d’hygiène pour les travailleurs, il a mentionné ceci : «On essaie de respecter ça, mais ce n’est pas évident.»
Réflexion semblable de la part de Jeannot Ouellet, un entrepreneur de Saint-Antonin, à propos de ces mesures contraignantes. Rencontré sur un chantier d’un jumelé qu’il devait livrer le 1er juin prochain, l’entrepreneur considère que le Bas-Saint-Laurent est chanceux de n’avoir pas beaucoup de cas de COVID-19.
«Je vais pouvoir livrer ce jumelé pour la Saint-Jean-Baptiste, on est dans les temps mais heureusement que la construction était commencée avant la pandémie», a indiqué Jeannot Ouellet. Son acquéreur a aussi pu s’adapter puisqu’il a un autre logement jusqu’à la fin du mois de juin. L’entrepreneur a expliqué qu’il doit également composer avec des délais causés par des sous-contractants (plomberie, électricité, etc).
Mais le scénario n’est pas toujours aussi positif, le futur acheteur de l’autre jumelé du même bâtiment a dû renoncer à son projet en raison de la pandémie. Jeannot Ouellet construit une autre maison à Saint-Alexandre, plus précisément la charpente de la bâtisse. Encore là, le futur propriétaire a pu s’ajuster malgré un certain retard. Finalement le fils du contracteur avait mis sa maison en vente et une offre d’achat a été acceptée rapidement. «Il va venir habiter chez nous en attendant sa nouvelle maison», a conclu l’entrepreneur.
PAS DE RALENTISSEMENT À COURT TERME
L’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) a laissé savoir qu’en date du 25 mars 2020, 73 % des entrepreneurs du secteur résidentiel faisaient face à des annulations de contrats. Selon Jeannot Ouellet, ce n’est peut-être pas cette année qui sera la plus difficile dans la région mais plutôt 2021.
Jonathan Michaud pense également que la région de Rivière-du-Loup pourrait bien s’en sortir malgré la COVID-19. «Les carnets de commandes se remplissent bien. De plus, le taux de vacance des logements est très bas et la vente de maisons est bonne», a-t-il soutenu. L’entrepreneur de Rivière-du-Loup est d’avis que le secteur commercial pourrait connaitre plus d’inconvénients liés à la pandémie. «Comme pour les projets d’écoles, avec toutes les nouvelles exigences je pense que les couts pourraient augmenter de 5 % au moins. J’ai un contrat de rénovation à l’hôpital de Mont-Joli et en raison de ce qu’ils demandent je songe même à le laisser aller», a indiqué Jonathan Michaud.
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