Ottawa ferme le marché «des armes d’assaut»
Un modèle AR-15.
À droite le calibre .223 utilisé dans les plateformes AR-15 civils pour le tir sportif, au centre un calibre de chasse, à gauche un calibre .50 militaire.
Sylvain Armour et son chien Shadow.
L'espace compris entre le pouce et l'index n'est que du plastique.
Les armes de poing ne sont pas visées.
Le gouvernement fédéral a interdit vendredi la vente et l’utilisation de 1 500 armes à autorisation restreinte qu’il a décrites comme des «armes d’assaut de type militaire», une promesse du Parti libéral du Canada lors des dernières élections.
«Aujourd’hui, nous fermons le marché des armes d’assaut de type militaire au Canada. Nous interdisons 1 500 modèles et variantes de ce type d’armes à feu par voie règlementaire», a déclaré Justin Trudeau.
La vente et la revente, l’achat, le transport, l’importation et même l’utilisation de ces armes est dorénavant proscrite. Le premier ministre a soutenu que les armes ciblées n’avaient «aucune utilité».
Ottawa entend toutefois permettre aux propriétaires actuels de disposer d’une clause grand-père et de conserver ces armes. Leur utilisation demeurera proscrite. À noter que les armes de poing ne sont pas visées.
Selon Ottawa, près de 90 000 armes à feu à autorisation restreinte sont actuellement la propriété de Canadiens. Un chiffre sous-estimé, croit Sylvain Arbour du Club de tir, pistolet et carabine, de Rivière-du-Loup.
«Il y en a plus, peut-être 150 000. Comment le gouvernement va faire pour les récupérer? Est-ce que ça inclut les munitions? Les frais seront importants», prévient M. Arbour.
«Si ce n’est pas brisé, pourquoi tu veux le réparer!», lance Sylvain Arbour.
Il soutient que le système canadien était non seulement fonctionnel, mais que les résultats étaient probants. «Alors le gouvernement joue sur les émotions, il n'a que ça. Il n'a pas de statistiques, il n'a pas de données pour appuyer sa démarche.»
L’amateur de tir observe que les opposants aux armes à autorisation restreinte se rabattent constamment sur le féminicide de l’École Polytechnique de Montréal. «À Portapique, la pire tuerie de l’histoire du Canada, on parle d’armes illégales, vendues illégalement à un gars qui n’avait pas le droit d’en avoir», souligne M. Arbour.
Pour lui, l’annonce de vendredi ne changera rien à ce type de drame. «Il faut assurer une meilleure couverture de nos frontières. Il en rentre combien à Roxham, à Pohénégamook ? Il n’a pas investi en santé mentale, non, il a joué sur les apparences.»
De fait, Sylvain Arbour souligne que les armes à autorisation restreinte, telle que l’AR 15 dont il est propriétaire, n’ont rien à voir avec la description faite par le premier ministre en conférence de presse. «Il ne s’agit pas d’armes militaires, mais d’armes qui en ont l’apparence sans toutefois en avoir les capacités. Une AR 15 n’a pas la cadence de tir d’une véritable arme militaire, elle s’enrayerait rapidement. C’est un look que le gouvernement de Justin Trudeau interdit», affirme-t-il.
Ce dernier s’est aussi désolé du moment choisi par le gouvernement libéral de Justin Trudeau, en pleine crise de la pandémie de la COVID-19, et moins de deux semaines après la tuerie qui a couté la vie à 22 personnes en Nouvelle-Écosse.
Au Québec, la Fédération québécoise de tir (FQTIR) compte 8000 membres actifs et représente 50 clubs de tir dans la province. Sur le plan national, les tireurs canadiens sont représentés par la National Firearms Association (Association Nationale des Armes à Feu) qui compte pas moins de 70 000 membres.
Les tireurs sportifs contactés ont tous mentionné qu’ils espéraient voir ces deux organisations contester la loi devant les tribunaux. Un processus qui pourrait s’étirer sur une décennie.
POLYSESOUVENT
Heidi Rathjen, diplômée de Polytechnique et coordonnatrice de PolySeSouvient s’est réjouit de l’annonce de vendredi. «Nous sommes très encouragés par la globalité de la mesure. La liste nous semble complète et la circulation et l'utilisation de ces armes seront sévèrement limitées pendant les deux années d'amnistie. Nous espérons que le gouvernement Trudeau fera preuve du même courage politique à l'égard de la réforme plus large du système déficient et désuet de classification des armes à feu.»
Toutefois, Mme Rathjen comme Nathalie Provos ont déploré que le programme de rachat pourrait être volontaire et non obligatoire.
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