Urgence: moins de patients quittent sans voir un médecin au KRTB
Partout au Québec, des patients se présentent à l’urgence, mais décident de repartir à la maison avant même d’avoir été vus par un médecin. Le KRTB n’échappe pas à cette réalité, mais la région s’améliore et fait tout de même bonne figure à l’échelle provinciale, selon une nouvelle publication de l’Institut économique de Montréal (IEDM).
Parmi les cinq établissements de santé possédant une urgence au KRTB, c’est l’Hôpital Notre-Dame-de-Fatima de La Pocatière qui a réussi à voir la plus grande proportion des patients qui se sont présentés à l’urgence, entre le 1er avril 2019 et le 4 janvier 2020. Seulement 5,9 % d’entre eux, soit 1 patient sur 17, ont finalement renoncé à voir un médecin pour une raison ou une autre.
Suivent ensuite le Centre hospitalier régional du Grand-Portage de Rivière-du-Loup à 7,7 % (1 patient sur 13), le CLSC de Pohénégamook à 7,8 % (1 patient sur 13), l’Hôpital de Notre-Dame-du-Lac à 8,1 % (1 patient sur 12) et le Centre hospitalier Trois-Pistoles à 9,3 % (1 patient sur 11).
«Vous êtes dans les chanceux, au Bas-Saint-Laurent. Avoir entre 5 et 10 % de patients qui retournent à la maison, ce n’est pas une bonne nouvelle, mais c’est bien moins pire qu’ailleurs au Québec. Dans certains établissements de l’Outaouais ou des Laurentides, par exemple, c’est 1 patient sur 4 qui décide de quitter l’urgence», explique Patrick Déry, l’auteur de l’étude, soulignant que les données ont été compilées à la suite d’une demande d’accès à l’information pour les 117 urgences québécoises.
La moyenne régionale au Bas-Saint-Laurent est de 9,2 %, alors qu’elle s’élève à 10,9 % pour l’ensemble de la province. C’est donc dire qu’environ 1 patient sur 9, à travers le Québec, est ressorti de l’urgence d’un hôpital sans avoir fait l’objet d’une prise en charge médicale et sans avoir été réorienté au cours de la période étudiée. Cela concerne près de 380 000 Québécois, dont le cinquième étaient classés priorité 2 ou 3 (urgent ou très urgent).
«Aucune salle d’urgence au Québec n’arrive à répondre à la demande de soins, c’est ça la réalité», note Patrick Déry, soulignant que ce «palmarès» ne se veut pas être un reproche à l’égard des soignants «pris dans cette situation». «Ils font souvent tout ce qu’ils peuvent.»
AMÉLIORATIONS
Au Québec, c’est la région de Chaudière-Appalaches qui arrive en première place du classement, avec seulement 4,1 % de patients (en moyenne) qui se présentent à l’urgence et repartent à la maison sans avoir été vus par un médecin. Le Bas-Saint-Laurent fait partie du top 10 et s’approche même tout près du top 5 lorsqu’on compare la situation sur une période cinq ans.
En effet, les urgences régionales font de mieux en mieux. On note une amélioration de 13,2 % au Bas-Saint-Laurent depuis 2014-15. Plus précisément, l’Hôpital Notre-Dame-de-Fatima de La Pocatière a fait un bond important dans la bonne direction, tout comme le CHRGP de Rivière-du-Loup, le CLSC de Pohénégamook et l’Hôpital de Notre-Dame-du-Lac.
Seule ombre au tableau : la situation semble s’être détériorée au Centre hospitalier de Trois-Pistoles. Alors que seulement 4,1% des patients qui s’étaient présentés à l’urgence en 2014-15 avaient renoncé à l’attente, la statistique grimpe à 9,3 % cette année.
«Il y a quand même moins d’un patient sur dix [qui décide de quitter], donc on est sous la moyenne provinciale. Mais il y a cinq ans, c’était encore mieux c’est vrai. Ce que ça montre, c’est qu’il y a une augmentation de la demande et que l’hôpital a de la difficulté à répondre à ça.»
DÉPARTS ET TEMPS D’ATTENTE
Selon Patrick Déry, il ne fait aucun doute que les départs des urgences sont liés directement au temps d’attente que l’on y retrouve. À titre d’exemple, selon le palmarès 2019 des urgences du quotidien La Presse, la durée moyenne du séjour à l’urgence du CHRGP était de 9 heures 18 minutes. Elle était de 8 heures 36 minutes à l’Hôpital de Notre-Dame-du-Lac.
«Les hôpitaux où ça va le plus mal, ce sont les hôpitaux où les temps d’attente atteignent des sommets. Au bout d’un certain temps, ils se découragent et ils décident qu’ils en ont assez», mentionne simplement Patrick Déry.
L’analyste associé senior à l’IEDM estime que le gouvernement du Québec à des devoirs à faire (lire autre texte ici).
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