Favoriser la résilience alimentaire des Basques
La MRC des Basques a dévoilé en octobre dernier une version révisée de son Plan de développement de la zone agricole, une démarche de concertation pour faciliter la synergie entre les producteurs et les transformateurs dans la région. La crise actuelle de la COVID-19 rappelle l’importance de la mise en place de cette démarche, qui permet de renforcer l’autonomie et la résilience alimentaire.
Le 5 avril, le premier ministre François Legault a par ailleurs affirmé qu’il est primordial de changer nos habitudes d’achat pour favoriser des produits québécois. Une déclaration qui n’a pas pris de temps à résonner dans les Basques. «Nous n’avons pas élaboré ce plan en fonction de la crise actuelle, mais on voulait plus d’autonomie et de proximité, ce qu’on a perdu avec la mondialisation. Notre démarche se voulait une réponse à la mondialisation. On met en place une toile d’araignée de producteurs, et de transformateurs en lien avec la Coopérative de solidarité ATAB qui globalise l’offre», a imagé le préfet de la MRC des Basques, Bertin Denis.
Lors de la présentation du PDZA en octobre dernier, M. Denis a précisé que dans un horizon des cinq prochaines années, la volonté de la MRC est de reprendre en main l’alimentation de la population des Basques en garantissant une chaine d’approvisionnement des produits locaux et régionaux dans un rayon de 50 kilomètres des résidences. On vise maintenant le développement de liens d’affaires entres les producteurs, les transformateurs et les acteurs du marché, la consolidation du Marché public des Basques et on souhaite favoriser l’approvisionnement local, sans toutefois fonctionner en vase clos.
«Je pense que la crise va sensibiliser les gens à s’approvisionner autour d’eux. Elle vient aussi conforter ceux qui lèvent déjà la main pour prendre part à cette initiative. Ils sont d’ailleurs nombreux. (…) Le projet de serres verticales est toujours en route à l’église de Saint-Éloi, mais c’est certain que ça va prendre des promoteurs pour mettre des projets en marche et il faudra aussi trouver une façon de se rapprocher des prix proposés par d’autres producteurs», ajoute M. Denis. Un problème doit toutefois être résolu, ajoute-t-il. Les légumes et fruits proposés arrivent tous sur le marché en même temps. Ce sont des produits frais qui doivent être consommés rapidement et la rentabilité n’est pas toujours au rendez-vous. Selon lui, il faut élaborer une mise en marché tout au long de l’année.
LIENS ENTRE PRODUCTEURS ET TRANSFORMATEURS
Depuis 2016, la Coopérative de solidarité ATAB développe et commercialise des produits alimentaires avec les fruits et légumes des producteurs et cueilleurs de la région. Elle permet d'écouler les surplus de producteurs pour limiter leurs pertes. «On s’est vraiment positionné comme un acteur qui fait le lien entre les producteurs agricoles et les transformateurs pour faciliter la mise en marché. On s’occupe des emballages et de l’expédition», explique Jean-Sébastien Delorme, coordonnateur de la Coop ATAB. Il souligne que l’entreprise comble des besoins qui dépassent les frontières du Bas-Saint-Laurent jusqu’en Gaspésie. La demande est grandissante.
«On travaille à la création d’un réseau qui rend l’agriculture plus résiliente lors de crises comme nous vivons en ce moment. On en voit toute l’utilité aujourd’hui», ajoute M. Delorme. Les clients principaux de la Coopérative ATAB proviennent de l’industrie de la fermentation et ils se procurent des petits fruits en l’utilisant comme intermédiaire. Par exemple, la microbrasserie Pit Caribou en Gaspésie et les Chants du fleuve de Notre-Dame-des-Neiges s’y approvisionnent en petits fruits.
M. Delorme souligne que beaucoup d’enjeux alimentaires sont maintenant mondialisés et les producteurs se doivent de respecter les différentes normes ministérielles et de l’industrie. À travers tout cela, le PDZA révisé de la MRC des Basques sert de guide afin de rendre l’économie agricole plus dynamique et résiliente dans les Basques. Jean-Sébastien Delorme a participé à l’élaboration de cette nouvelle version du PDZA comme chargé de projet. Il rappelle que l’agriculture est un important vecteur économique et sociodémographique pour la région des Basques.
ATTIRER LA RELÈVE
La mise en place de l’Arterre dans les Basques, une démarche provinciale qui favorise le maillage entre les terres disponibles et les aspirants agriculteurs s’annonce prometteuse pour attirer les jeunes producteurs dans la région. Les évènements liés à la relève agricole sont tous sur la glace en ce moment, en raison de la pandémie de la COVID-19. Des liens ont aussi été créés avec le Cégep de Victoriaville pour accueillir des étudiants en culture fruitière intéressés à s’établir dans la région. «On travaille beaucoup sur la façon d’attirer plus de jeunes qui désirent s’installer dans la région pour développer le secteur maraicher et produire des petits fruits», ajoute l’agent de développement agricole de la MRC des Basques, Giovanny Lebel. Le nerf de la guerre, à la sortie de la crise, sera de trouver des solutions pour maintenir bien vivantes les entreprises agricoles de la région.
Les Basques se démarquent notamment avec ses entreprises de production laitière, porcine et son acériculture, mais la région est aussi reconnue pour son potentiel fourrager, rappelle M. Lebel. Il envisage notamment d’utiliser les terres qui sont présentement dévalorisées ou en friche pour développer une filière de production de petits fruits et de légumes. «Avec le temps, nous avons laissé aller nos infrastructures d’entreposage et de transport qui permettent de faire de la distribution locale. Certains commerces situés par exemple à Saint-Médard ou à Sainte-Rita paient la livraison et ils doivent aussi passer un montant minimum par commande», illustre M. Lebel. Il s’agit selon lui d’un frein à la consommation locale.
Les producteurs de petits fruits doivent par exemple vendre leurs produits frais ou transformés, et pour M. Lebel, c’est un point à corriger pour améliorer l’autonomie alimentaire des Basques, sans négliger l’apport des transformateurs déjà présents dans nos régions. «Si on veut que ce mouvement prenne de l’ampleur, on doit se doter d’outils de mise en marché pour être prêt à faire face à l’avenir à la sortie de la crise», complète Giovanny Lebel.
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