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Un règlement qui pose certaines questions

durée 14 mars 2020 | 07h03
  • Marc-Antoine Paquin
    Par Marc-Antoine Paquin

    Journaliste

    Depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation encadrant les chiens au Québec, plusieurs intervenants œuvrant dans l’univers canin estiment que celle-ci ne va pas assez loin en ce qui concerne la prévention et l’éducation. C’est aussi le cas de Sylvain Arbour, maitre-chien et copropriétaire de l’entreprise de sécurité S3-K9. 

    «Pour moi, on réagit plutôt que de prévenir, lance-t-il lors d’un entretien téléphonique. Actuellement, on cherche des outils, des solutions miracles, mais il n’y en a pas et il y aurait moyen de faire autrement. Il faut s’adapter à chaque situation, à chaque chien.»

    Selon lui, le gouvernement ne vise pas nécessairement la bonne cible avec sa nouvelle réglementation. Il persiste à croire que les éleveurs auraient dû être davantage ciblés. Une opinion qui est également partagée par l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec qui aimerait un encadrement plus serré des élevages pour connaître qui produit les chiens et comment ils choisissent leurs reproducteurs. 

    «Un règlement encadrant l’élevage, c’était pour moi le point de départ», dit-il. «Il y a des mauvais maitres, mais aussi des mauvais chiens. Aujourd’hui, n’importe qui peut faire de l’élevage et même si les éleveurs responsables essaient de se protéger, ce n’est pas suffisant. Les mauvais croisements, qui donnent des mauvaises lignées, ça peut donner des mauvais chiens.»

    Sylvain Arbour précise ne pas être contre l’entièreté du règlement et salue la volonté gouvernementale d’exiger une évaluation et un contrôle des chiens potentiellement dangereux, mais il persiste à croire que certains articles donnent l’impression d’avoir été rédigés à la course. 

    «Le fait de cibler et d’intervenir quand on a un problème de chien dangereux, personne ne va dire que c’est une mauvaise idée. Mais actuellement, de la façon dont c’est monté, c’est que le chien doit être dangereux avant qu’on intervienne plutôt que d’intervenir sur des lignées et des éleveurs qui en produisent […] Il fallait que le gouvernement fasse quelque chose pour ne pas perdre la face et il a fait quelque chose. Selon moi, il ne s’est seulement pas attardé à faire quelque chose d’efficace.»

    Il ajoute que les vétérinaires ont du jour au lendemain beaucoup de nouvelles responsabilités. L’évaluation comportementale d’un chien, croit-il, demande beaucoup de bagage et d’expérience. Ce n’est pas non plus quelque chose qui peut être brusqué ou réalisé en seulement quelques heures. 

    «Je n’ai que le plus grand respect pour la profession de vétérinaire […] Un vétérinaire, c’est un médecin généraliste, un dentiste, un chirurgien, un anesthésiste, un orthopédiste et même un infectiologue pour les chiens, les chats, les lapins… Mais combien d’heures, sauf quelques exceptions, ont été consacrées à l’étude du comportement canin? Il est là le problème», a-t-il expliqué, précisant que son chien Shadow, par son travail de chien-détecteur pour le Service de sécurité incendie de Rivière-du-Loup, fait partie des chiens exemptés par le présent règlement.

    «Le vétérinaire restera toujours une composante importante dans une analyse comportementale. ‘’Les je ne comprends pas, il n’avait jamais été agressif avant…’’ peuvent souvent s’expliquer par un bilan de santé […] Je pense quand même que les vétérinaires se sont fait pelleter cette responsabilité dans leur cour par défaut et qu’à court terme, ils devront investir dans des ressources internes ou aller en sous-traitance pour répondre aux cas soumis», a-t-il ajouté. 

    Sylvain Arbour émet aussi des réserves concernant l’obligation pour les propriétaires de chien de plus de 20 kg d’utiliser un licou ou un harnais. Il avance qu’un chien qui n’est pas habitué à utiliser un tel équipement, un harnais par exemple, peut être encouragé à tirer davantage parce qu’il a l’impression d’être plus libre. «Encore une fois, on cherche un outil magique, une solution simple et rapide, mais ça ne fonctionne pas comme ça.» 

    VÉTÉRINAIRES

    Le 25 février, 400 médecins vétérinaires, techniciens en santé animale, éducateurs canins et autres intervenants du milieu animal se sont réunis au Centre de congrès de Saint-Hyacinthe afin de suivre une formation sur l’évaluation de dangerosité canine. Celle-ci avait comme objectif de former les participants et de favoriser leur collaboration afin qu’ils puissent, de concert, répondre à la demande des municipalités au moment de l’entrée en vigueur du Règlement d’application de la Loi sur l’encadrement des chiens.

    Pour l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec, il ne fait pas de doute que les médecins vétérinaires sont les professionnels les mieux placés pour réaliser ces évaluations. «Ils sont les seuls professionnels de la santé détenant une formation universitaire reconnue en santé animale et sont donc en mesure de déceler tant les problèmes de santé physique que de santé mentale. De plus, ils ont des obligations déontologiques autant envers les animaux que le public. De ce fait, ils tiennent compte, en premier lieu, de la protection du public et aussi, du bien-être de l’individu», a déclaré la présidente Caroline Kilsdonk.

    L’OMVQ précise que les vétérinaires qui ne sont pas spécialisés en évaluation comportementale ont l’obligation déontologique de référer le cas à un collègue qui l’est. Une telle évaluation prend plusieurs heures et comprend l’historique complet de l’animal, les témoignages, des photos de la scène et des plaies.

     

     

    commentairesCommentaires

    1

    • AG
      Alain Giguere
      temps Il y a 4 ans
      Je suis d’accord avec ce que M. Arbour avance. Un des problèmes sérieux est effectivement au niveau de ceux responsables de certains accouplement. Je ne veux par dire « Éleveur », puisqu’un vrai Éleveur fera ses accouplements pour l’amélioration de sa race et plus particulièrement de sa lignée, et ce autant au niveau morphologique que comportemental. Les autres sont des « producteur » ou « reproducteurs » ou le but de la reproduction est seulement de vendre le plus de chiots possible. Ce sont eux qu’il faut viser. Je suis moi-même éleveur d’une race délicate au niveau du comportement ou ça doit être notre premier critère lors du choix des reproducteurs. J’élève des Akitas depuis plus de 20 ans. L’autre point important qui devrait suivre est l’éducation des chiots qui devraient être obligatoires par des incitatifs.
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