Trop de plomb dans l’eau de cinq municipalités au KRTB
Le quotidien La Presse a publié le 24 octobre un dossier dévoilant que 120 villes du Québec ont présenté des cas hors normes de plomb dans l’eau, grâce un document obtenu par la Loi sur l’accès à l’information. Entre 2013 et 2018, cinq municipalités du KRTB ont transmis au moins un résultat de concentration dépassant les normes, soit : la Ville de Dégelis, Saint-Hubert-de-Rivière-du-Loup, Rivière-Bleue, la Ville de Rivière-du-Loup, et Saint-Jean-de-Dieu.
Le gouvernement du Québec a annoncé son intention, le 23 octobre, de resserrer la norme relative au plomb dans l’eau, la faisant passer de 10 à 5 microgrammes par litre, tel que recommandé par Santé Canada en 2019.
Selon le ministère de l’Environnement et des Changements climatiques, le plomb n'est généralement pas présent dans les réseaux de distribution d'eau potable des infrastructures municipales. Il provient principalement de la dissolution du plomb présent dans les tuyaux, surtout les conduites de raccordement (entrée de service) entre certaines maisons ou institutions et le réseau de distribution des municipalités touchées.
DÉGELIS
Du côté de la Ville de Dégelis, le maire Normand Morin confirme que les tests ont été réalisés à cinq endroits où des systèmes au cuivre et au plomb sont installés. En 2019, les tests révélaient que la concentration de plomb dans l’eau était de 2 microgrammes par litre, par rapport à la norme ministérielle de 10. En 2018, les échantillonnages ont révélé une concentration de 5 microgrammes par litre, encore en-deçà de la norme provinciale actuelle. «Nos données sont conformes alors nous n’avons pas apporté de correctifs, puisqu’il n’y a pas de problématique. Si la norme devait changer, on verra à ce moment-là pour prendre des mesures en conséquence», ajoute le maire de Dégelis. Il maintient que l’échantillonnage actuel ne révèle aucun problème de plomb hors normes dans l’eau, malgré le dépassement des normes entre 2013 et 2018.
SAINT-HUBERT
À Saint-Hubert-de-Rivière-du-Loup, les tests ont outrepassé les normes en vigueur il y a deux ans. Cette année, la concentration de plomb dans l’eau potable correspond à la règlementation en vigueur. «En 2018, nous avons fait d’importants travaux et nous avons changé deux kilomètres de tuyauterie au centre du village. On croit que ç’a pu jouer un rôle dans les résultats actuels», explique le maire de Saint-Hubert, Gilles Couture.
RIVIÈRE-BLEUE
La Municipalité de Rivière-Bleue a aussi dépassé les normes de plomb dans l’eau en 2012, mais elle a mis en place des solutions afin que cette situation ne se reproduise pas. «Nous avons eu un épisode en 2012, où nous avons un peu dépassé les normes en vigueur. Nous avons élaboré un plan d’action sur cinq ans en collaboration avec le ministère de l’Environnement sur plusieurs années, où nous faisons de 15 à 20 tests par année, plutôt que 3 ou 4. Nous avons changé de source d’eau potable en 2014. Nous utilisons maintenant une source souterraine plutôt qu’une source de surface, et pour le moment, tous les tests sont bons», explique la directrice générale de la Municipalité de Rivière-Bleue, Claudie Levasseur.
RIVIÈRE-DU-LOUP
Depuis 2013, la Ville de Rivière-du-Loup a enregistré une fois un dépassement des normes de plomb dans l’eau dans un échantillon recueilli à l’automne 2017. Chaque année, une vingtaine d’échantillons sont recueillis de manière aléatoire dans les résidences et institutions de la Ville. «Le protocole, lors d’un dépassement des normes, est d’informer les personnes concernées et le ministère de l’Environnement de la situation (…) Notre travail est d’aviser les propriétaires ou le responsable de l’institution et ce sont ces derniers qui ont la responsabilité d’apporter des modifications supplémentaires. C’est important de dire que ces échantillons ne sont pas pris à la source, dans notre réseau, mais bien dans les résidences», explique la responsable des communications de la Ville de Rivière-du-Loup, Karine Plourde. Depuis, la problématique a été réglée, puisque les autres échantillons respectent les normes du ministère. Elle assure que l’eau, telle que livrée par le réseau de distribution de la Ville de Rivière-du-Loup, est à 100% de qualité, 100% du temps.
SAINT-JEAN-DE-DIEU
La Municipalité de Saint-Jean-de-Dieu a enregistré un seul dépassement en 2017. Selon le directeur général, Daniel Dufour, l’échantillon transmis au ministère de l’Environnement contenait une donnée erronée puisqu’il avait été pris à l’usine de filtration. «La réduction des normes de plomb dans l’eau ne créera aucun problème à Saint-Jean-de-Dieu, nous sommes bien en-deçà des normes en vigueur (…) Quand le gouvernement serre la vis, il doit s’assurer d’accompagner les municipalités qui ont une problématique. Il ne doit pas les laisser seules là-dedans», ajoute M. Dufour.
CAUSES ET EFFETS
D’après le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, la détection de plomb dans l’eau potable peut être causée par différents facteurs, notamment : la présence d’accessoires de plomberie dont l’entrée de services des résidences privées, les pièces de plomberie et la soudure, la stagnation de l’eau dans les pièces contenant du plomb, la température de l’eau (la chaleur facilite sa dissolution dans l’eau) et la corrosion mécanique de la tuyauterie.
Selon Santé Canada, «la toxicité du plomb a été amplement documentée chez l'humain, en fonction de la concentration sanguine de plomb. Parmi les effets étudiés, mentionnons une élévation de la pression artérielle et une dysfonction rénale chez les adultes, de même que des effets cognitifs et comportementaux néfastes chez les enfants. L’association la plus robuste observée à ce jour est entre une plombémie accrue chez les enfants et une diminution des scores de quotient intellectuel et cette diminution est l'effet critique à la santé. Le seuil en deçà duquel les concentrations de plomb ne seraient plus associées à des effets indésirables sur le développement neurologique n'a pas été déterminé.»
DEMANDES DU GOUVERNEMENT
Le gouvernement a aussi demandé aux municipalités à travers le Québec d’élaborer un plan d’action pour réduire la présence de plomb dans l’eau potable, par l’entremise de la ministre des Affaires municipales Andrée Laforest. D’ici l’été prochain, chaque municipalité devra donc déterminer les secteurs dont les résidences sont susceptibles de détenir une entrée de service en plomb, fixer un échéancier pour les identifier, évaluer la période nécessaire pour remplacer les entrées de services visées, en évaluer le cout et déterminer la priorité des travaux.
«La ministre a édicté des intentions, mais actuellement, elles ne sont pas enchâssées dans la loi. On sait qu’on s’en va dans cette direction, et au cours des prochaines semaines, notre Service technique va se pencher sur ce dossier pour la suite des choses. On va se mettre au travail pour aller dans le sens souhaité par le gouvernement», explique Karine Plourde de la Ville de Rivière-du-Loup.
La pratique de raccordement des résidences au réseau de distribution par des entrées de service en plomb a été interdite par le Code de plomberie en 1980. La méthode d’échantillonnage au Québec prévoit que les échantillons sont prélevés après cinq minutes d’écoulement du robinet d’eau froide. Santé Canada recommande plutôt que les échantillons soient recueillis sans purge préalable et après une période de stagnation de 30 minutes. Des ajustements devront donc être apportés en conséquences pour modifier la méthode d’échantillonnage.