Départ de Jacques Poulin
Un conseil de Ville et des fonctionnaires divisés
Le directeur général de la Ville de Rivière-du-Loup, Jacques Poulin, considéré par plusieurs comme la colonne vertébrale de l’appareil municipal louperivois, a quitté ses fonctions le 4 juillet dernier à la suite d’une entente avec le conseil municipal. Son départ a entrainé de nombreuses réactions dont certaines particulièrement virulentes.
Un départ qui semble aussi avoir mis en lumière un schisme entre les employés et le conseil municipal. On pourrait même parler de fracture entre les directeurs de services et les élus.
Info Dimanche a appris qu’à l’automne dernier, les employés-cadres se seraient tous réunis pour discuter et établir ce qu’ils décrivent comme un plan de match afin d’identifier des éléments permettant de corriger le climat de travail présenté comme «difficile».
La directrice par intérim du Service des communications, Karine Plourde confirme la tenue de représentations qui ont été amenées à la Commission des finances et du personnel, volet personnel. Mme Vignet a entamé une série de rencontres avec des directeurs.
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«Les élus ont ensuite choisi de faire appel à une ressource externe, afin de favoriser la compréhension mutuelle des rôles spécifiques de chacun, dans un contexte constructif et d’échanges sur la complémentarité essentielle du rôle des élus municipaux et celui de l’équipe de direction, ainsi que dans le souci d’amélioration constante de la prestation de services aux citoyens», a souligné par courriel Mme Plourde. À noter que le processus avait déjà cours au moment du départ de M. Poulin.
RÉACTIONS
À la suite de l’annonce du départ de Jacques Poulin sur infodimanche.com, deux anciens employés de la Ville, l’ex-chargé de projet à la révision du plan d’urbanisme, Nicolas Gagnon et l’ex-directeur des communications, David Lemelin se sont fendus de commentaires particulièrement critiques à l’endroit de l’actuel conseil de Ville.
M. Gagnon reproche aux élus de s’être faits les porte-paroles des individus au détriment d’une vision globale.
«Ils sont au conseil comme ils seraient dans un club Lion ou un club Richelieu: pas pour mettre en œuvre une vision ou pour prendre des décisions difficiles pour le bien commun, mais pour rencontrer du monde, se faire aimer et être quelqu’un.»
Ce dernier déplore le manque de reconnaissance des élus envers leurs fonctionnaires qu’il dit démobilisés.
«Travailler sur un plan d’urbanisme avec un conseil qui a comme principe de laisser tout passer sous prétexte que n’importe quel projet serait du «développement « ne faisait aucun sens pour moi. (...) J’ai travaillé depuis 20 ans avec de très nombreux conseils municipaux, dans plusieurs municipalités. Celui-ci est, pour de très nombreuses raisons que j’ai ici à peine effleurées, un des pires avec lequel j’ai eu à collaborer.»
De son côté, David Lemelin n’a pas mâché ses mots. Dans une longue tirade publiée sur infodimanche.com, l’ancien directeur des communications s’est désolé de voir que l’intérêt commun était supplanté par l’intérêt personnel.
«Avoir le culot de se départir du probable meilleur DG au Québec (un DG qui a été récompensé et apprécié de ses pairs), compte tenu de la «force» du conseil, c’est au mieux hasardeux, voire irresponsable. Je suis moi-même parti parce que j’en avais assez de faire du plein avec du vide. Or, pour moi, présider aux destinées d’une ville requiert des connaissances, du savoir-faire, du jugement et une vision, un ensemble de qualités absentes de ce conseil peuplé d’amis qui s’amusent en réunion, une fois de temps en temps, histoire de se donner un peu d’importance. Une ville mérite ce qu’il y a de mieux.»
«L’ignorance et l’incompétence rendent les élus malléables, influençables et hyper sensibles aux pressions. C’est ce qui se passe, depuis près de deux ans. (...) Les élus devraient être les gardiens du mieux-être, du développement dans l’intérêt commun. On n’est pas là du tout.»
Tant Nicolas Gagnon que David Lemelin ont longuement vanté les qualités de Jacques Poulin. Dévoué, incorruptible, compétent, dynamique, travailleur acharné, amoureux de sa ville sont quelques-uns des termes utilisés pour le décrire.
RÉPLIQUE
Invitée par Info Dimanche à commenter la virulente sortie de ses deux anciens employés, la Ville de Rivière-du-Loup a décliné l’offre. Toutefois, le conseiller Mario Bastille du district de la Rivière s’est exprimé, lui aussi via la tribune offerte dans l’espace commentaire d’infodimanche.com.
«Bonjour Nicolas, bonjour David. Je me permets aujourd’hui de vous tutoyer, car il n’y pas si longtemps nous étions collègues de travail, pas toujours en accord, mais collègues tout de même. Il est vrai de dire que nos points de vue et que nos visions respectives pouvaient amener quelques échanges musclés, mais j’ai toujours eu l’impression que le tout se faisait dans un respect mutuel.»
«Maintenant, à la lecture de vos commentaires, je comprends bien votre déception et votre incompréhension face au départ de monsieur Poulin. Cela étant, je me questionne vraiment à savoir qu’est-ce qui est plus blessant et désolant soit de me faire traiter d’incompétent, d’ignorant et manquant de vision ou un jour de vous avoir fait confiance ?»
JACQUES POULIN
Au cours des 19 dernières années, la collaboration entre M. Poulin, les employés de la Ville et le conseil municipal a mené à plusieurs réalisations, dont la plus récente permettra la réfection à venir de l’aéroport, à l’aide d’une subvention de 6 M$. Parmi ses hauts faits d’armes, le directeur général sortant a aussi remporté le prix de Président-directeur général vert et le Prix distinction Association des directeurs généraux des municipalités du Québec (ADGMQ).
Aussi, Jacques Poulin a été président de l’Association des directeurs généraux des municipalités du Québec (ADGMQ), président du Réseau québécois des aéroports (RQA), et administrateur de la Fondation de la santé de Rivière-du-Loup.
Au fil des ans, M. Poulin aura vu à l’établissement ou à la refonte de divers services, dont le Service technique et de l’environnement et la cour municipale.
14 commentaires
Pour votre information
André
Je vous invite à lire et RElire le commentaire de LISE. Les seuls qui savent exactement ce qui se passe à ce conseil de ville ce sont les élus(e) eux et elle même(s) Les citoyens ''payeurs de taxes'' vous ont placés à la tête de la municipalité pas pour régler vos différents mais bien pour diriger notre ville. Donc ajustez-vous et ainsi vous mettrez fin aux commentaires d'anonymes qui sont juste bon à commenter les accrochages des coins de rues.
On ne devient pas fonctionnaire pour assouvir une soif de pouvoir. On le devient pour être au service du public. Ceux qui pense que les fonctionnaires ne cherchent qu'à tout décider et à faire un power trip n'ont aucune idée de la réalité de la fonction publique. Quand on accepte de faire carrière dans le monde municipal, on apprend dès le départ une chose : les fonctionnaires proposent et les élus disposent. Si on n'accepte pas ça, on change de métier.
Ce à quoi rêve un fonctionnaire, ce n’est pas de décider à la place d’un élu, c'est de se mettre au service d'un leadership fort et d'une vision rassembleuse.
J'ai eu la chance de connaître ça en travaillant étroitement avec Michel Lagacé pendant des années. Cet homme intelligent reconnaît la compétence des fonctionnaires, écoute leur avis, prend le temps d'analyser les dossiers et de se faire une tête, accepte de discuter avec eux, de les challenger et de les confronter au besoin. À la fin, la décision était à 100 % celle de M. Lagacé et du conseil qu’il présidait, pas celle des fonctionnaires. Et je n’en ai jamais éprouvé aucune frustration, même quand la décision était contraire à mon avis. Parce que j’étais respecté et qu’on m’a permis de faire mon travail.
La job d’un élu, c’est ça : écouter, analyser, trancher et mobiliser. Quand un élu n’écoute que ceux qui crient fort, quand il ne prend pas le temps d’analyser et de comprendre, quand il est incapable de mobiliser son équipe et d’inspirer l’administration autour de sa vision, c’est alors qu’un fonctionnaire devient malheureux.