Le moulin du Petit-Sault en piteux état
Classé en 1962 dans la catégorie Immeuble patrimonial dans le Répertoire du patrimoine culturel du Québec, le moulin du Petit-Sault à L’Isle-Verte est maintenant dans un piteux état. Le poids des années a fait son œuvre sur la charpente en bois et en pierre.
Des débris du bâtiment étaient tombés dans la rivière Saint-Laurent. La Municipalité de L’Isle-Verte a donc émis un permis au propriétaire Yves Côté pour enlever les morceaux détachés du vieux bâtiment et qui entravaient l’écoulement de l’eau de la petite rivière. «C’est une route provinciale (132) qui est là, il fallait agir pour la sécurité des gens», a mentionné Guy Bérubé, directeur général de la Municipalité.
Du côté du ministère de la Culture et des Communications, Euchariste Morin, conseiller en développement culturel et répondant en patrimoine, a également confirmé que M. Côté avait obtenu l’autorisation nécessaire auprès du ministère pour réaliser ces travaux de ramassage du mur qui s’était effondré dans la rivière. «M. Côté nous a indiqué que son but était de mettre en valeur le site», a mentionné M. Morin.
Info Dimanche a parlé à Yves Côté lundi matin. «Je l’ai acheté parce que j’étais sensible au patrimoine, mais il faut être logique. Pour le moment je me pose des questions. Qu’est-ce qu’on peut faire avec? Est-il récupérable? Il n’y a rien de récupérable dans le bois, c’est tout pourri. J’ai une rencontre prévue avec le ministère prochainement pour faire le point. Cependant on va regarder ça plus au printemps, il y a un paquet de facteurs qui influencent», a indiqué M. Côté. Quant à la possibilité d’obtenir de l’aide financière, «c’est minime» a-t-il lancé.
Dans le Répertoire du patrimoine culturel du Québec, on souligne que le moulin du Petit-Sault est un bâtiment de pierre de plan rectangulaire à deux étages et demi, coiffé d'un toit à deux versants. «Construit en 1823, il est le plus ancien moulin à farine qui subsiste dans le Bas-Saint-Laurent. Il conserve son volume initial, ses fondations et ses murs de pierre», peut-on lire également. Des photos récentes du bâtiment montrent cependant que son état s’est grandement détérioré depuis cette description réalisée par le ministère de la Culture et des Communications du Québec.
TRISTE ET DÉSOLANT
L’Isle-Verte est reconnue pour ses bâtiments patrimoniaux. Info Dimanche a reçu le commentaire de Normand Lafrance, un résident de cette municipalité, qui illustre bien le chagrin que peuvent ressentir certaines personnes en regard de cette situation. «Encore un morceau de notre patrimoine et de notre histoire qui va disparaitre, le moulin du Petit-Sault ou aussi appelé le moulin Saint-Laurent sur la route 132 à L’Isle-Verte sur le bord de la rivière Saint-Laurent. Maintenant à l’état de ruine, ils ont commencé à amasser les morceaux, surement pas pour les remettre en place car le cancer qui le détruit est trop avancé. Beaucoup trop de ces architectures que nos ancêtres ont bâties disparaissent. La seule façon de le montrer à nos plus jeunes, c’est en photos ou en peintures. Triste et désolant», a écrit M. Lafrance.
HISTORIQUE
On retrouve également dans le Répertoire du patrimoine culturel du Québec un historique pour cet immeuble patrimonial : «Le moulin du Petit-Sault est construit en 1823 par Chrysostome Dumas, qui exerce le métier de pilote. Ce dernier engage deux maîtres charpentiers-menuisiers de L'Isle-Verte pour construire un nouveau moulin, à l'emplacement de l'ancien qu'ils doivent démolir. Un meunier de Kamouraska, Joseph Nadeau, loue le bâtiment pour quelques années. En 1844, Dumas décède et sa veuve le vend à Bernard Massé, un maître meunier de Beaumont, qui s'y installe avec sa famille. Le moulin demeure la propriété de la famille Massé pendant 30 ans, puis connaît quatre autres propriétaires, dont la famille Saint-Laurent qui l'occupe de 1905 à 1959. Entre 1910 et 1915, la grande roue cesse de tourner et est remplacée par une turbine hydraulique. La famille Saint-Laurent exploite l'entreprise jusqu'en 1940, date à laquelle le moulin cesse de fonctionner. Le bâtiment est inoccupé à partir de 1959.»
5 commentaires
Toutes les églises seront dans cet état bientôt. Ça aussi c'est du patrimoine québécois. Qui veut payer pour les entretenir ??? La chance est à vous.
L’histoire d’un peuple se bâtit sur son passé et les traces laissées par ses ancêtres Si nous croyons que ça ne vaut pas la peine d’investir dans le patrimoine architectural pour le conserver et préférons investir dans le béton et l’asphalte, les centres d’achats anonymes et laids nous sombrerons dans l’oublie.