CN: le train passe, le danger reste
Le CN ne badine pas quand il est question de sécurité aux abords des voies ferrées. Les opérations de surveillance se succèdent... et les constats d’infraction suivent.
Jeudi dernier, Info Dimanche a rencontré le constable Savard de la police du CN, présent le 8 novembre à Saint-Alexandre-de-Kamouraska lors d’une opération conjointe de la police du CN, de la Sûreté du Québec et de Contrôle routier Québec.
Le constable n’a pas caché le volet répressif de l’opération alors qu’il a décerné trois constats d’infraction pour intrusion et non-respect de la signalisation d’un passage à niveau en vertu de la Loi sur la sécurité ferroviaire. Des constats qui valent à leur auteur des amendes respectives de 149$ et de 220$. M. Savard souligne à grands traits que la sécurité ferroviaire est l’une sinon la grande priorité de la police du CN.
Les opérations comme celle menée jeudi dernier visent à changer les comportements alors que les intrusions et les incidents aux passages à niveau sont responsables de plus de 200 accidents au pays. «On veut passer un message clair. Essayer de battre le train de vitesse, c’est une mauvaise idée. C’est une idée dangereuse et une idée qui peut te valoir un constat. Le cellulaire au volant aussi. On demande aux gens de rester concentrés aux passages à niveau.»
STATISTIQUES
Le bilan de 2017 indique une hausse des accidents ferroviaires. Selon les statistiques combinées de l’ensemble des chemins de fer canadiens et présentées par «opération gare au train», on dénombre pas moins de 223 accidents au Canada, dont 72 mortels et 44 ayant fait des blessés graves. Ce sont les incidents dus aux intrusions qui ont fait le plus de victimes avec 54 morts sur 81 incidents. Au Québec, toujours en 2017, on recense 38 incidents, 16 décès et 6 blessés graves survenus lors d’accidents ferroviaires aux passages à niveau et lors d’incidents dus aux intrusions.
«C’est trop, beaucoup trop, lance M. Savard. Ces accidents peuvent être évités, des gestes simples, qui sauvent des vies. C’est ce qui explique nos opérations. Oui la sensibilisation, mais on arrive à un point où il faut sévir», prévient le constable.
SENSIBILISATION
Le constable Savard cible certains comportements à risques. Il pointe notamment le pont du CN qui enjambe la rivière du Loup. «On voit des gens à pieds, en ski, non seulement c’est une intrusion, mais c’est passible d’une amende.» Ce dernier explique que contrairement à la croyance populaire, les trains n’ont pas d’horaire. «On ne l’entend qu’à la dernière seconde et ça lui prend un kilomètre et demi pour s’immobiliser, alors quelqu’un qui se trouve sur le pont, à pieds, ou sur une voie ferrée avec son véhicule… c’est toujours le train qui gagne», laisse-t-il tomber.
Parmi les autres intrusions, l’agent Savard cible les motoneigistes qui ont parfois tendance à voir les voies ferrées comme une piste. «Avec le casque et le bruit du moteur, impossible d’entendre arriver le train et en cas d’impact…»
La vitesse aux passages à niveau est aussi ciblée. «Les automobilistes sont parfois au téléphone ou arrivent trop vite et avec la vitesse à laquelle les barrières descendent, ils n’arrivent pas à s’immobiliser à temps et ils cassent la barrière ou frappe le côté du train. Nous voulons donc éliminer ces deux aspects-là.»
Cette sensibilisation vise aussi les cyclistes parfois impatients et qui défient les guérites et barrières jugeant le train suffisamment éloigné. Un comportement à haut risque passible d’un constat de 220$. La police du CN est un corps policier fédéral fondé en 1923. Ses policiers ont autorité d’un océan à l’autre, 500 mètres de part et d’autre d’une voie ferrée. Depuis plus d’un an, ils ont aussi le pouvoir d’appliquer le Code de la sécurité routière au Québec.
BILAN
Lors de l’opération conjointe entre le CN, la SQ et la SAAQ, près de 1000 automobilistes ont été interpelés. Au total, 12 constats ont été émis pour des infractions au Code de la sécurité routière. Trois constats ont été remis pour des infractions sur la Sécurité ferroviaire, un véhicule a été remisé, cinq certificats de vérification mécanique ont été émis à des conducteurs de véhicules lourds et un certificat a été émis alors qu’un seul poids lourd présentait pas moins de 40 défectuosités. Six autres avertissements ont été donnés.