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Un «monopole de l’asphalte» dans la région ?

durée 31 août 2018 | 06h55
  • Andréanne Lebel
    Par Andréanne Lebel

    journaliste

    À la suite d’une sortie publique de la mairesse de Rivière-du-Loup, Sylvie Vignet, qui a dénoncé le monopole de l’asphalte détenu par l’entreprise Construction BML dans la région, la Ville s’est vue contrainte de reporter deux chantiers en raison de couts supérieurs de 25% aux prévisions. De 2014 à 2018, l’entreprise Construction BML a réalisé pas moins de 57 % des contrats octroyés au Bas-Saint-Laurent et a mis la main sur plus de 71% des fonds provenant du ministère des Transports.

    L’analyse des contrats de pavage qui ont été octroyés au Bas-Saint-Laurent du 1er janvier 2014, au 29 mai 2018 permet de faire des rapprochements entre Construction BML et Pavages Laurentiens, des divisons de la grande entreprise Sintra inc, de même qu’entre les Entreprises Mont-Sterling, Pavages Rimouski et Pavages des Monts. Gervais Dubé aurait quitté le domaine du pavage municipal dernièrement, et Groupe Lechasseur appartient à l’entreprise Construction DJL de la région de Montréal.

    L’intégralité des contrats réalisés par le Groupe Lechasseur se trouvent sur le territoire de la circonscription de Matane-Matapédia, tout comme Pavage Les Monts. Les Pavages Laurentiens ont quant à eux réalisé deux contrats dans la MRC des Basques, le reste se trouvant dans les circonscriptions de Rimouski ou de Matane-Matapédia. Le seul autre joueur dans Rivière-du-Loup-Témiscouata, mis à part Construction BML, était Gervais Dubé. 

    Le ministère des Transports du Québec confirme la présence de concurrence dans le domaine des contrats d’asphaltage au Bas-Saint-Laurent. «On compte quatre entreprises dans la région dans le marché de l’enrobé. Nous sommes conscient qu’il y a un défi de concurrence au Bas-Saint-Laurent et on suit la situation», explique le porte-parole du MTQ, Guillaume Paradis. Ce dernier indique que plusieurs mesures sont prises pour stimuler la concurrence. Les appels d’offres sont lancés plus tôt en saison, les petits contrats sont regroupés pour les rendre plus intéressants financièrement et on évite également l’octroi de contrats de gré à gré, le plus possible. «C’est un marché libre. Ce qui nous intéresse, c’est si on en a pour notre argent. Pour le moment, les montants sont inférieurs à nos estimations. La situation serait plus dangereuse si les prix devenaient très élevés», complète M. Paradis.

    RÉACTION DE RIVIÈRE-DU-LOUP

    Cette situation se répercute également sur les municipalités, dont la Ville de Rivière-du-Loup, qui n’a vu cette année qu’un seul entrepreneur soumissionner pour ses travaux d’asphaltage et de pavage. La mairesse Sylvie Vignet souligne que les couts ont dépassé de près de 25 % les prévisions budgétaires de la Ville. Deux chantiers ont dû être reportés. Elle craint que la situation de monopole de Construction BML ne fasse gonfler les prix éventuellement.

    «On devait mettre 2,5 M$ de travaux. C’est sorti à environ 3,2 M$. On a dû baisser nos travaux de 500 000$. On a un montant d’argent à mettre et on ne peut pas le dépasser. On comprend qu’il y a une augmentation du bitume, on le sait, c’est une réalité (…) On a dû réfléchir et faire d’autres travaux que ceux prévus au départ. On en a fait un peu moins. Il y a des rues qu’on s’est exempté de faire. C’est ça, la conséquence de ne pas avoir de compétition», explique la mairesse Sylvie Vignet. Les travaux prévus sur le Chemin des Raymond et sur la rue Fraserville ont quant à eux été reportés à 2019. Du rapiéçage sera fait dès la semaine prochaine sur le Chemin des Raymond pour limiter les dégâts.  «Il nous restait 130 000$ pour ces travaux, et ça coute au-delà de 300 000$ pour faire le travail complet et de bonne qualité. Nous avons fait le coin des Cerisiers sur le boulevard de l’Hôtel-de-Ville à la place», précise Mme Vignet. Elle craint que si des correctifs ne sont pas apportés, la situation se détériore l’an prochain lors des appels d’offres du printemps.

    «On n’a rien contre le fait qu’il se garde une marge de profit, c’est tout à fait normal, c’est une entreprise. Quand tu es seul, la compétition, tu n’en as pas et tu peux fixer les prix que tu veux sans être dérangé par personne», souligne la mairesse. Cette dernière rappelle que c’est la première année qu’une telle situation se produit.

    Auparavant, les entrepreneurs Jean-Paul Landry, puis Gervais Dubé ou encore Pavages Francoeur faisaient compétition à Construction BML. Quant à la nécessité de passer à l’action rapidement, la mairesse de Rivière-du-Loup, Sylvie Vignet, est catégorique. «Les autres municipalités, on ne sait pas comment elles fonctionnent, mais nous, on ne laissera pas faire ça. Ça c’est clair», conclut-elle.

    Des démarches ont été entreprises avec l’Union des municipalités du Québec. Le sujet sera abordé lors d’une réunion en octobre. «L’objectif est de donner les meilleurs services aux citoyens au meilleur cout possible. On ne laissera pas une situation dégénérer si on est capable d’aller chercher un meilleur cout», ajoute Mme Vignet.

    De son côté, le conseiller aux communications de l’Union des municipalités du Québec, Patrick Lemieux confirme avoir vu les sorties de certains maires et mairesses au sujet des hausses des prix du bitume. Aucune représentation n’a cependant été faite de la part de l’UMQ dans ce dossier. Il n’est pas exclu que le sujet sera amené à l’ordre du jour prochainement.


    PRIX DU BITUME

    Selon la référence Bitume Québec, le cout du bitume utilisé pour le pavage des routes de la Ville de Rivière-du-Loup (PG 58-34) se détaillait à 1 010 $ la tonne en aout 2018, comparativement à 605 $ l’an dernier, à pareille date, une augmentation d’environ 67 %, ce qui peut expliquer la hausse des couts des travaux de cette année. Seulement d’avril 2018 à aout 2018, les prix sont passés de 815$ à 1 010$, une augmentation de 24 %. Cependant, le directeur du Service des travaux publics de la Ville de Rivière-du-Loup, Gérald Tremblay, souligne que lors des appels d’offres, le prix du bitume est fixé à un prix de base moyen, permettant aux soumissionnaires d’évaluer le montant qu’ils offriront à la Ville de la tonne métrique d’asphalte.

    La variation des prix offerts est donc compilée d’année en année par les responsables, qui ont accepté d’en partager une copie. Un prix de référence est fixé d’année en année pour éliminer l’incertitude lors des appels d’offres. M. Tremblay assure que le tir est ensuite corrigé à la hausse ou à la baisse, selon les couts réels engrangés par l’entrepreneur.

    Cette méthode de calcul permet donc de calculer l’évolution annuelle des couts pour l’asphaltage des rues de la municipalité, en éliminant le facteur d’incertitude. «La pose d’asphalte et sa confection, c’est un art. Ça prend de l’expérience est c’est une opération très complexe», souligne le directeur du Service des travaux publics de la Ville de Rivière-du-Loup, Gérald Tremblay. La pose d’asphalte à un degré précis de chaleur pour assurer sa qualité fait en sorte que les compagnies et le transport de l’asphalte doivent se trouver dans un rayon assez près du lieu des travaux.

    Les éléments qui influencent la valeur finale d’un ouvrage se regroupent en cinq catégories, les méthodes de conception et critères utilisés, les exigences environnementales, la disponibilité des matériaux, l’environnement social et le marché local. C’est précisément ce dernier critère qui achoppe au cours des derniers mois, particulièrement à Rivière-du-Loup. Info Dimanche a contacté l’entreprise Sintra, qui n’a pas donné suite à la demande d’entrevue.

    commentairesCommentaires

    5

    • A
      André
      temps Il y a 5 ans
      Fillon pour mieux concurrencer, aider l'environnement et créer du plus durable : https://www.youtube.com/watch?v=cHWYoDKYnQo
    • ML
      Marcel Lemieux
      temps Il y a 5 ans
      Quelqu’un peu me dire pourquoi le projet d’une usine d’asphalalte commencé à St-Pascal par la compagnie Pavage Portneuf n’avance plus?
    • L
      Lucidité
      temps Il y a 5 ans
      Peut-être que le lendemain des élections lorsque les Libéraux ne seront plus au pouvoir les choses changeront, n'oubliez pas la culture du ''Un chum c'est un chum'' et tout le dossier de la corruption.
    • B
      Bob
      temps Il y a 5 ans
      Lucidite, ....... Quoi le rapport avec Les liberaux???
    • L
      Lucide
      temps Il y a 5 ans
      Bon si vous étiez sur terre au durant le dix dernières années vous avez dû vous tenir au courant ,des enquêtes sur les amis du parti Libéral, de la commission Charbonneau, de l'époque Charest , de la fameuse phrase '' un chum c'est.un chum'' svp cher Bob , le contrôle des contrats de projet d' infrastructures et de compagnie qui contrôle les projets et les appels d'offre. Les petites entreprises honnêtes sont mis de côté et les villes subisent les contrôles, donc les.appels d'offres sont pipées.pour répondre à votre question ce sont les.liberaux qui sont TROP souvent relié aux enquêtes, mais probablement que vous vous en n'étiez pas rendu compte
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