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La forêt privée, un patrimoine que le gouvernement ne peut délaisser

durée 17 juillet 2015 | 06h22
  • Hugues Albert
    Par Hugues Albert

    Journaliste

    Saint-Cyprien – La forêt privée est le pain et le beurre de nombre de travailleurs et de communautés rurales au Québec, particulièrement au Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie. Mais cette réalité économique et sociale semble disparaitre progressivement du radar de nos politiciens, s’insurge Alain St-Pierre, un forestier de carrière qui s’inquiète du sort de ce riche patrimoine et de ses centaines d’artisans dans la région.

    Au Bas-Saint-Laurent, la forêt appartient au privé et au public dans un rapport d’égales proportions. Des milliers de propriétaires de boisés privés soucieux de l’aménagement de lots forestiers afin de les conserver en santé et d’en tirer un juste profit ont recours chaque année à des services professionnels pour la coupe et le reboisement. 

    Contremaître depuis plusieurs années aux opérations d’abattage au Groupement Forestier et Agricole Taché et compagnon accrédité au comité sectoriel en abattage, Alain St-Pierre a vu la situation de la forêt privée dans la région se dégrader au cours des dernières années, non pas en raison de négligence au plan des opérations sur le terrain, mais plutôt au niveau politique.

    « En 2008, le ministère des Ressources naturelles nous allouait 1,2 M$ pour l’aménagement forestier, ce budget incluant aussi la création d’emplois. Aujourd’hui, il est rendu à 675 000 $. On dirait que la forêt est rendue moins importante pour le ministre Lessard. C’est irrationnel qu’on reboise la forêt privée depuis 40 ans et qu’on nous demande de faire des coupes totales. »

    M. St-Pierre comprend mal qu’on veuille faire plus de récolte en forêt sans refaire de plantation. Le potentiel forestier diminue considérablement, explique-t-il, et il craint que la situation revienne comme au cours des années 1970 où on bûchait sans replanter.

    « Il y a des endroits où la forêt repousse seule, naturellement, mais ce n’est pas partout pareil. C’est le même principe qu’un jardin. Si tu le laisses à lui-même, les mauvaises herbes vont l’envahir. Présentement le gouvernement fait fausse route et dans 20 ans, les environnementalistes nous accuseront d’avoir délaissé la repousse en forêt. »

    Il estime qu’un plant mis en terre représente un investissement d’environ 1 $. Les dommages à court, moyen et long termes sont évidents en négligeant la reforestation de lots boisés privés.

    RETOMBÉES ÉCONOMIQUES

    Les retombées économiques liées à la forêt sont très importantes pour ne pas dire vitales dans les petites communautés rurales de l’Est-du-Québec, tant et si bien qu’en délaissant ce secteur d’activité, le gouvernement risque d’en voir dépérir plus d’une au cours des prochaines années, s’insurge Alain St-Pierre.

    « La forêt permet de garder nos travailleurs en région. Et les producteurs acéricoles sont touchés autant par le phénomène de coupes du gouvernement autant que dans tout autre secteur forestier. »

    À Sainte-Rita où il demeure, Alain St-Pierre évalue à plus d’une dizaine le nombre d’érablières de 20 000 entailles et plus. Véritable industrie, l’acériculture va écoper aussi avec ces mesures budgétaires, prévient-il.

    Alain St-Pierre dit avoir pris part à la manifestation devant le bureau du ministre Jean D’Amour en juin dernier. Plus de 300 personnes s’y trouvaient provenant de tous les secteurs du Bas-Saint-Laurent. Sept OGC y étaient représentés.

    « La manifestation s’est déroulée dans le calme, de façon civilisée, mais on sent bien que les gens commencent à être écoeurés, découragés. Nous en sommes à un point de non-retour. La survie du monde rural régional est menacée Il faut aussi qu’on comprenne dans les autres régions du Québec que si on récolte, il faut reboiser, afin d’assurer la pérennité et la santé de nos forêts ! »

     

    commentairesCommentaires

    1

    • L
      Logique
      temps Il y a 9 ans
      Pourquoi les autres régions n'ont pas besoin de subvention pour entretenir les forêts privées, car il n'y avait qu'au bsl/ Gaspésie que cette subvention existait ?
      Si les propriétaires de lot boisée ne veulent pas reboiser leurs lots sans subvention et bien ils seront perdant car leurs lots ne vaudront plus rien
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