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Le Dr Joan Banet craint pour les services de santé au Témiscouata

durée 12 mars 2015 | 06h30
  • Mario Pelletier
    Par Mario Pelletier

    Journaliste

    Témiscouata-sur-le-Lac – Dans deux lettres adressées au député-ministre Jean D’Amour, le Dr Joan Banet, de Témiscouata-sur-le-Lac, déplore l’attitude du gouvernement libéral et en particulier de son ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette.

    « La démocratie version Couillard et Barrette a parlé le 6 février 2015 avec l’adoption de la Loi 10 sous bâillon », commente le Dr Banet. Il pense que ce projet de loi accorde trop de pouvoir au ministre lui-même. « Au-delà de la suppression des agences de la santé, la Loi 10 telle que votée donne les pleins pouvoir à M. Barrette et le laisse seul maître aux commandes du plus important ministère provincial. Cette centralisation du pouvoir extrêmement dangereuse est catastrophique pour notre région et nos MRC défavorisées. »

    Le Dr Joan Banet est médecin de famille depuis 5 ans. Il travaille au CSSS de Témiscouata qui regroupe 30 médecins de famille, 11 spécialistes (5 à plein temps), 3 pharmaciens et 1 dentiste pour une population de 21 000 habitants.

    PROJET DE LOI 10

    La Loi 10 du ministre Barrette propose l’abolition des Agences régionales de la santé ainsi que l’abolition des établissements locaux de santé (CSSS) afin de créer une superstructure nommée CISSS (Centre intégré de santé et de services sociaux). Ce méga établissement sera situé à Rimouski et la totalité des membres du conseil d’administration du futur CISSS sera nommée par le ministre.

    « Le pouvoir des membres du comité des usagers (les patients) sera abaissé de 50%, les membres de la Fondation de la santé n’auront plus qu’un droit de siège (observateur sans droit de vote), et aucun médecin de famille ne sera nommé sur le conseil d’administration par le ministre », a mentionné le Dr Banet.

    « L’état de santé de la population témiscouataine ne peut pas être décrété à 120 km de distance (Rimouski), encore moins à 235 km (Québec), mais doit être analysé selon les contraintes locales afin de répondre au mieux aux besoins de services in situ. Par ailleurs, hormis les départs à la retraite non remplacés, aucune économie en termes de personnel ou de paperasserie ne sera effective, puisque tout le personnel des anciennes Agences de santé sera relocalisé. Le pouvoir décisionnel sera simplement délocalisé à Québec », a ajouté le médecin de famille.

    Selon lui, l’hypercentralisation ne garantit en rien l’amélioration de la qualité des soins aux patients et ne motive pas les gestionnaires et professionnels à s’investir dans les antennes sanitaires régionales comme au Témiscouata.

    MÉDECINE FAMILIALE

    « Si l’on se fie aux demandes du ministre Barrette en ce qui concerne la médecine familiale au Témiscouata (21 000 habitants), près de 50% des médecins de famille actuellement en poste devront quitter le Témiscouata afin de remplir les objectifs du ministère (1000 patients par médecin de famille). Ce chiffre de 1000 est arbitraire, bêtement arithmétique, dénué d’analyse épidémiologique basée sur des preuves et ne permettra pas la viabilité de notre établissement au Témiscouata. L’hôpital de Notre-Dame-du-Lac risque tout simplement de disparaitre, et les patients seront amenés à consulter à 60 km de chez eux pour des services de base en santé. La contrainte imposée aux médecins de famille du Témiscouata est incompatible avec la viabilité de l’hôpital de Notre-Dame-du-Lac », soutient le Dr Banet.

    Il a précisé que les spécialistes font au quotidien un travail extraordinaire et que 100% des médecins à l’urgence sont médecins de famille, 100% des médecins en obstétrique sont médecins de famille, 80% des cas hospitalisés ou en soins intensifs sont soignés par les médecins de famille. Selon lui, l’imposition aux médecins de famille d’un quota de patients est incompatible avec une médecine à hauteur humaine et va à l’encontre de l’indépendance professionnelle du soignant. Le Dr Joan Banet considère qu’un autre projet de loi, Loi 20, est une attaque de front à la médecine familiale.

    JEUNES FEMMES MÉDECINS

    Outre la médecine familiale, le projet de loi 20 pourrait également toucher plus particulièrement les jeunes femmes médecins.

    « Une jeune femme médecin devrait-elle renoncer à une maternité à la fin de ses études sous prétexte qu’elle a une dette morale envers l’État québécois qui lui a payé ses études? Les étudiantes en médecine devraient-elles se questionner quant à leur orientation de carrière sous prétexte qu’un ministre a décidé que la profession médicale était un sacerdoce qui interdit toute émancipation individuelle en fondant une famille? », a questionné le Dr Banet.

    POLITIQUE D’INFERTILITÉ

    Le Dr Joan Banet a poursuivi son intervention auprès du député-ministre Jean D’Amour en abordant la politique d’infertilité.

    « Enfin, je trouve stupéfiant le revirement d’attitude du gouvernement du Québec en ce qui concerne la politique d’infertilité au Québec. Non seulement les femmes doivent subir l’opprobre dans un projet de loi fourre-tout nommé 20 qui concilie refonte de la profession médicale familiale et démantèlement de la politique sur l’infertilité revendiquée 24 mois auparavant par la même population, mais elles subissent en plus l’amertume de promesses qui, sous prétexte d’austérité, sont dénigrées sur la place publique. (…) Les femmes vivant une problématique d’infertilité ne sont pas des voleuses et n’ont pas à subir ce lynchage en public, même si la situation économique au pays demande à tous de réévaluer des programmes onéreux ! »

    « Je suis ouvert à la discussion et aux compromis. Je suis naturellement réfractaire à une médecine de rendement, de comptable, qui placerait nos patients devant un dilemme économique : puis-je bénéficier, en cette année 2015, de services médicaux de qualité et de proximité? », a conclu le Dr Joan Banet.

    commentairesCommentaires

    11

    • PB
      Paul B.
      temps Il y a 9 ans
      Bravo Dr. Banet de vous tenir debout et d'affirmer tout au ce que beaucoup de médecins, spécialiste ou pas ne prennent pas la peine de dénoncer. Pour être fort, vous avez besoins de toute la population. Malheureusement, les québécois n'ont pas une réputation d'être solidaire et d'avoir des "gosses". Chapeau à vous et en espérant que vos collègues feront de même.. Pour commencer.
    • MP
      Maryjo PM
      temps Il y a 9 ans
      Nous voulons des services de santé adéquat dans notre région et y avoir accès quand nous en avons besoin sans être sur une liste d'attente de plusieurs mois. Garder notre hôpital actif.De bons soins commence par une équipe soignante non restreinte dans ses quota. Alors monsieur le Ministre laissez donc nos médecins faire leur travail la santé de notre région en dépend!
    • S
      sylvie
      temps Il y a 9 ans
      Le Dr Banet à entièrement raison nous avons besoin de ces services ds nos petites régions. Nous sommes des gens comme partout ailleurs et avons besoin de se faire soigner. Il est le docteur de famille de ma soeur et il donne un tres bon travail ce médecin nous avons besoin de lui sans faute et les autres de son équipe aussi.
    • B
      Bern
      temps Il y a 9 ans
      Faut pas perde nos soin a l hopiral de nddl apui ont le dc banet
    • T
      Témis
      temps Il y a 9 ans
      Le seul problème est que le Témiscouata est une région marquée pour la fermeture. N'attendez pas du gouvernement qu'il d.courage ce fait en donnant des services adaptés pour ici administrés par des gens d'ici et qui font travailler des gens d'ici.
    • MJ
      marie-johanne
      temps Il y a 9 ans
      je comprend vraiment pas pourquoi fermer un hôpital qui est autant achalandé, le personnel y est très solicité, et ce, en tout temps. 21,000 est peut-être la population de base au Témiscouata, mais elle est drôlement plus importante en haute saison touristique. Sans les soins que j'ai reçu très rapidement à l'hôpital il y a quelques années, je serais morte, j'ai bien l'impression que me rendre à Rimouski ou Rivière-du-Loup aurait été mon arrêt de mort, je ne suis pas la seule à leur être reconnaissante. On devrait se mobiliser, c'est plus qu'important
    • T
      tipol
      temps Il y a 9 ans
      Et combien de gens croyez-vous de riviere-du-loup ou rimouski se rendent à nddl pour des soins,l'attente est faible et les soins humains Vous seriez étonez.
    • C
      Chantal
      temps Il y a 9 ans
      J'appuie entièrement les arguments du Dr Banet. J'ajouterais même ceci: l'imposition de quotas nous fera aussi perdre des médecins en fin de carrière qui voudraient maintenir leur pratique mais souhaiteraient ralentir progressivement la cadence. Or nous savons tous combien ces derniers sont précieux, forts de l'expérience de toute une vie consacrée à leur profession. Plutôt que d'y laisser leur santé, ces médecins chevronnés choisiront de prendre leur retraite. Une perte inestimable. Il existe un certain savoir-faire qui ne s'apprend pas dans les livres, mais que seule une longue expérience peut donner.

      Quand au processus de désorganisation systématique des régions: sachez une chose Monsieur Barrette: dans les régions du Québec, il n'y vit pas que des arbres à soigner contre la tordeuse du bourgeon de l'épinette. Y vivent aussi quantité d'êtres humains de qualité qui sont eux aussi l'avenir du Québec. Nous nous apprêtons à corriger un déficit budgétaire par une désastreuse faillite sur le plan humain. Souvenez-vous-en M. Barrette, car la population des régions ne l'oubliera pas, elle, en 2018...mais le mal sera fait.
    • MB
      Monic Belz
      temps Il y a 9 ans
      Je suis entièrement d'accord avec les opinions du Dr Banet, mais depuis Jean Rochon on parle de réformer le système de santé au Québec, et rien n'a été fait, si ce n'est que de grossir les structures bureaucratique au détriment des soins à la population, les Agences de santé étaient un fourre tout pour les amis du pouvoir on y retrouvait 1 cadre pour 3 travailleurs et ça donnait quoi??? Je donne la chance au coureur et j'ose espérer qu'un fois dégraisser le système pourra fonctionner en fonction des besoins de la population et nos des corpo des professionnels de la santé.
    • Y
      yann
      temps Il y a 9 ans
      Il m'a fallut trois ans de liste d'attente pour avoir droit a un medecin de famille a Notre Dame, j'ai eu la chance de tomber sur un tres bon medecin, une equipe accueillante et efficace ... et on le supprimerais ? J'ai la chance de pouvoir me déplacer facilement a RDL pour voir un medecin, mais ce n'est pas le cas de tout le monde, et aller voir un medecin a Rimouski sera tout simplement impossible. Cette loi est stupide. Au dela du fait que nous n'aurons plus acces a des soins de proximité facilement, a t'on aussi penser a ces jeunes médecins qui seront déplacés et devrons se refaire une nouvelle vie ailleurs ? Le GMF a Notre Dame est un service essentiel et tres efficace, nous devons nous mobiliser pour le conserver !!
    • C
      CD
      temps Il y a 9 ans
      Merci Dr Joan Banet de nous infomé !!!!
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