Services incendie: Trois-Pistoles claque la porte
Trois-Pistoles – Alors que la régionalisation des services incendie par les MRC se trouve au cœur de l’actualité avec la présentation du rapport du coroner Cyrille Delâge, Trois-Pistoles met plutôt un terme à son processus de réflexion. Parole du maire Jean-Pierre Rioux, la caserne 51 est un joyau qu’il n’entend pas partager à rabais.
Ainsi, en mars prochain, le conseil de ville de Trois-Pistoles adoptera une résolution mettant un terme à sa participation au projet d’étude. « On arrête ça, tranche le maire. Nous adopterons une résolution qui annule celle du 9 décembre 2013 dans laquelle nous nous engagions à y participer. »
M. Rioux assure qu’il s’était joint au projet de bonne foi, mais voilà que la coupe est pleine. Les doléances de certains de ses homologues ont eu raison de son intérêt. « On veut nos services, mais on ne veut pas payer. C’est terminé la gratuité, terminé les aubaines », lance-t-il, agacé par la situation.
INVESTISSEMENT
Pour le maire c’est une question de gros bon sens. Rencontré à la caserne 51 de Trois-Pistoles, il étale ses chiffres. Le regard fier, il rappelle les efforts des contribuables pistolois pour se doter d’un service incendie professionnel.
Depuis 2002, près de 2 M$ ont été investis en infrastructures et équipements en matière de service incendie. « La caserne était mal en point, le manque d’effectif était criant, de l’équipement était en fin de vie utile, avec en plus, une poursuite sur les bras. On s’est doté d’un service capable de répondre au schéma de couverture de risques qui s’en venait. Nous avons été responsables. »
M. Rioux soutient que la régionalisation est toujours possible, mais que les maires des autres municipalités doivent réaliser qu’il leur faudra investir leur juste part. Il cite en exemple l’entente avec Notre-Dame-des-Neiges valide jusqu’en 2020 et celle à venir avec Saint-Simon où les deux municipalités ont dû faire leur part, notamment en matière d’achat d’équipements.
Il faut savoir que sur les 11 villes que regroupe la MRC, cinq seulement disposent d’un service incendie, soit celles de Saint-Clément, Saint-Éloi, Saint-Jean-de-Dieu, Saint-Mathieu, et Trois-Pistoles. Saint-Mathieu fait déjà cavalier seul et a déjà rejeté l’idée d’un regroupement à la faveur d’une entente avec la municipalité de Saint-Fabien. Il n’y aurait donc que quatre casernes incendie pour assurer la protection incendie de 10 municipalités.
« Les autres, celles sans services incendie, elle veulent du service, mais seulement pour payer à l’acte. Il y a un feu on paie, il n’y a pas de feu, on ne paie pas. Mais nous autres, Trois-Pistoles, on assume tout le reste! Les coûts liés aux infrastructures, à l’entretien, à la formation… Ils veulent le service, la compétence, l’efficacité, mais il ne faudrait pas que ça leur coute un sou de plus, ce n’est pas logique », affirme M. Rioux.
PRÉVENTIONNISTE
Le maire de la ville centre des Basques ne s’arrête pas là. Il pointe l’entente conclue entre la MRC et le Service de sécurité incendie de Rivière-du-Loup pour l’embauche d’un préventionniste, une entente signée sans l’aval de la ville centre.
« Il y a eu de nouveaux éléments ajoutés au schéma de couverture de risques. Le ministère de la Sécurité publique a procédé à une classification en quatre risques d’incendie. Le premier et le second, sont faibles et moyens, ce qui inclut les maisons, les garages. Puis il y a les deux autres, les risques élevés et les risques très élevés. Ces deux derniers doivent être donnés par délégation de pouvoir », explique M. Rioux.
EN CHIFFRES
Le Service incendie de Trois-Pistoles procèdera lui-même à l’inspection des 1 231 risques de type 1 et 2, soit 1 074 risques 1 et 157 risques 2. Quant aux risques élevés (3) et très élevés (4), il y a 74 risques 3 et 18 risques 4 sur le territoire de la ville pour un total de 92 risques élevés et très élevés.
« Avec l’entente qu’a conclue la MRC, sur cinq ans, c’est 48 525 $ pour 92 risques qu’il nous faut débourser, soit 9 705 $ par année pour 527, 50 $ du risque. C’est trop. Ce n’est pas une question de qualité du travail, mais une simple question de coût par risque », soutient Jean-Pierre Rioux.
Le maire soutient que le 17 novembre dernier, la Ville a clairement manifesté auprès de la MRC son désir de revoir les termes de l’entente venue à échéance et devant être renouvelée. « Mais plutôt que de nous écouter, le 19 novembre, la MRC a choisi d’aller de l’avant sans nous faire de retour. D’autres municipalités partagent notre réserve, mais personne ne veut parler. Alors, nous on le fait! »
Jean-Pierre Rioux se dit donc en désaccord dans la façon de faire de ces deux dossiers et préfère s’en dissocier. « Saint-Jean-de-Dieu s’est exclu de l’entente pour la prévention, Saint-Mathieu pour la régionalisation, si c’est bon pour eux, pourquoi ça ne le serait pas pour nous? », conclut le maire. Le maire Rioux invite donc la MRC à refaire ses devoirs.
12 commentaires
Un vrai homme met ses culottes.
Finis les services aux perpétuels quêteux, toujours prêts à mettre leurs grandes mains dans les poches des autres.
De toute façon, avec le déficit annuel que génère le nouvel aréna, Trois Pistoles n'a pas d'argent pour éteindre les feux de ses voisins à moins qu'ils paient le juste prix.
Lâcher pas