Horaire de faction: l’employeur devra étoffer son offre
Rivière-du-Loup - La Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) donne jusqu’au mardi 14 octobre à la Coopérative des paramédics du Grand-Portage et à la Corporation des Services d'Ambulance du Québec (CSAQ) pour étayer l’offre déposée mercredi matin, alors que l’employeur avait jusqu’au 6 octobre pour modifier ses horaires de faction.
À la sortie de la rencontre, le président de la Fraternité, Daniel Chouinard, n’a pas mâché ses mots, qualifiant l’offre de décevante et de dernière minute. « On parle d’une proposition de coin table, image M. Chouinard. Elle n’apportait rien de vraiment nouveau. »
Selon nos informations, l’employeur a notamment proposé de limiter à 17 heures le nombre d’heures consécutives de travail. « Ça reste en théorie. De toute façon, la Procédure d’autorisation de prise de repos pour les techniciens ambulanciers paramédics affectés aux horaires de faction la fixe à 16 heures », soutient le président de la Fraternité.
Une reformulation de l’horaire de faction qui, aux dires des paramédics, n’éviterait aucunement les heures d’éveil extrêmes de 20 heures et plus. « Un paramédics qui en est à sa 15e heure et qui se voit affecté à un transport vers Québec, il va dépasser, c’est certain », illustre M. Chouinard.
CONTRE-OFFRE
La FPHQ a donc déposé une contre-offre, en suggérant le remplacement de l’horaire de faction par des quarts à l’heure, par exemple de 12 heures. « Ça ne couterait pas plus. Nous sommes convaincus qu’en réorganisant les horaires de cette façon, notamment en affectant une seule ambulance de nuit alors que l’autre pourrait être sur appel, nous mettrons fin aux horaires 7/14, et ce, à coût zéro. »
La CSST donne donc jusqu’à mardi à l’employeur pour étayer sa proposition. D’ici là, selon Daniel Chouinard, la Coopérative des paramédics du Grand-Portage s’expose toujours à un dépôt de constat d’infraction pénal.
Ce dernier a tenu à souligner le travail effectué par l’inspecteur de la CSST, Rémi Dufour. « L’inspecteur et le superviseur de la CSST ont agi de façon diligente. Nous apprécions la façon dont ils mènent le dossier. »
Rappelons que l’inspecteur Dufour a remis le 6 août dernier un rapport dans lequel il considère que les horaires de faction représentent des risques « d’accident de travail, accident médical et routier » pour les techniciens ambulanciers. Rémi Dufour concluait même que la « procédure doit être modifiée et des mesures de prévention possibles doivent être mises de l'avant par l'employeur pour éviter qu'une fatigue excessive des ambulanciers ne représente un danger pour eux. »
La rencontre de mercredi a eu lieu dans les locaux de la Coopérative sur la rue St-André à Rivière-du-Loup. Outre l’employeur et la CSAQ, on retrouvait autour de la table deux représentants de la CSST, du ministère de la Santé, de la Fraternité des paramédics du Grand-Portage et les représentants de la Fédération des employés du préhospitalier du Québec (FPHQ).
HORAIRE DE FACTION 7/14
L’horaire de faction, communément appelé horaire 7/14, a fait l’objet de nombreuses contestations dans les milieux préhospitaliers où il est en vigueur. Il fait en sorte que l’ambulancier est de garde sur un quart de travail de 7 jours, 24 heures sur 24 pour une période consécutive de 14 jours. Mais c’est en matière d’heures de repos que le bât blesse. Selon Daniel Chouinard, la procédure de repos appliquée fait en sorte d’entrainer des temps d’éveil de 25 heures, voire plus.
Selon la SAAQ, après 17 à 19 heures d’éveil, les diminutions de performances sont équivalentes à un taux d’alcoolémie de 0,05% alors qu’après 24 heures d’éveil, il passe à 0,1%. Inutile de rappeler qu’un automobiliste trouvé au volant d’un véhicule avec un tel taux d’alcoolémie est arrêté et voit son permis lui être retiré.
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