Une page blanche (ou un écran vide), c’est très beau, très pur, plein de possibilités infinies… Mais aussi c’est terrifiant, une page blanche! Quand l’écrivain ne sait pas la noircir de mots sublimes ou simplement intéressants, quand il ne gribouille que des inepties et des lieux communs, quand tout ce qui lui apparaît possible n’est que l’infini du vide. Du silence.
Je me demande s’il n’y a pas là une certaine forme d’injustice…
En musique, le silence est encore musical. Au cinéma, le silence est parfois plus éloquent que tous les dialogues. Mais pour l’écrivain, même pour l’humble blogueur, le silence n’est que du vide. Du néant.
Un soi-disant compositeur (j’oublie volontiers son nom) a « composé » une œuvre ne comportant que de longues minutes de silence. Et croyez-le ou non, un grand orchestre a « joué » cette absence de sons, et il s’est trouvé, dans la salle, des snobs en smokings et en robes du soir pour applaudir et crier au génie!
Un peintre (dont je ne veux pas me rappeler le nom) a peint (le mot « peinturé » serait plus juste) des toiles monochromes (24X30 de blanc, ou de noir, ou de rouge…); j’ai même lu quelque part qu’il signait au dos du cadre pour ne pas rompre ce qu’on pourrait appeler le silence, ou le vide, ou le néant de ses « œuvres ». Et croyez-le ou non, il s’est trouvé des gogos et même des conservateurs de musées (il se trouve aussi des gogos parmi les conservateurs de musées) pour acheter ça et les payer des prix de fous.
Comme disait mon Vieux du Bas-du-Fleuve : « Le monde est fous, bagatême que le monde est fou! »
Pourquoi je vous raconte tout ça? Je n’aurais qu’à laisser ma page blanche, votre écran vide…
Diriez-vous alors que je suis un génie, les universitaires rédigeraient-ils des thèses sur la profondeur de mon nihilisme, les éditeurs se bousculeraient-ils pour éditer mes « néantises », serais-je candidat au Nobel de littérature?
J’ai bien l’impression que je recevrais plutôt un courriel de Nicolas me demandant pourquoi je ne lui ai pas fourni de texte cette semaine…
P.S. Juste pour taquiner vos cellules grises, cette petite énigme inspirée du Père Fourras :
Le violon en a une,
Le fusil aussi.
On cherche sa sœur par amour,
On craint le jour où l’on devra la rendre...
Qui est-elle ?