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Éteint

durée 22 juin 2023 | 14h10
Pierre Sénéchal
duréeTemps de lecture 3 minutes
Par
Pierre Sénéchal

Le monde est en feu. Dans l’insouciance la plus totale, notre planète tente de se suicider sous nos yeux. La forêt bienveillante, source inépuisable de vie, s’immole par les flammes incapables de satisfaire les caprices et exigences démesurées de l’homme. L’immense poumon planétaire, métastasé par la pollution et la bêtise humaine ne crache que braises ardentes et cendres laissant derrière une terre morte, aride et inhospitalière… comme la lune.

Ces feux qui ont ravagé l’Europe, plus récemment la Californie, ont embrasé le nord du Québec faisant fuir bon nombre de résidents dont les villes et villages étaient cernés par les flammes. Le monstre brasier dévore non seulement la forêt, il consume toute la vie sur son passage, aussi bien végétale qu’animale. Et il éradique au passage toutes traces de l’homme. Je ne saluerai jamais assez le courage des résidents sinistrés qui résistent à cette catastrophe avec l’aide des premiers répondants qui tentent tant bien que mal de maitriser les quelque 200 incendies qui avancent vers eux. Mais le véritable salut, il devra venir de la nature elle-même : de la pluie, eau de vie, et des vents que l’on espère indulgents et favorables.

Incendies

L’image de la maison qui brule, analogie largement répandue pour définir le danger imminent que les changements climatiques représentent pour la race humaine, s’est cruellement incarnée ces dernières semaines.  Un incendie monstre qui menace de réduire en cendres une partie de la côte nord. Mais la grande question qui subsiste … que restera-t-il de nous quand tous ces feux seront éteints ? Ou pire, est-ce que cette planète brulera sans fin jusqu’à ce qu’il ne reste absolument plus rien de nous?

Route

La semaine passée on apprenait le décès de l’écrivain américain Cormac McCarthy. Romancier remarquable et singulier, il s’est justement affairé à décrire ce à quoi pourrait ressembler la planète à la suite d'une succession de catastrophes et d’incendies sans fin dans son prophétique roman "THE ROAD". Il en ressort une fable qui offre une réflexion sur notre rapport à l’environnement certes, mais encore plus à propos de notre humanité. Le récit d’un père qui accompagne son fils dans un monde en cendres, sans espoir, à la recherche d’une route, en proie à tous les dangers. Dans ce monde en ruines, le père tente de garder le feu vacillant de l’amour sans fin et de l’humanité qu’il tente de préserver pour son fils. Depuis une semaine j’avoue avoir le pressentiment de jouer dans le préambule du roman apocalyptique de McCarthy.

Maison

Préserver cette maison-planète c’est devenu plus que jamais un engagement à changer de façon significative notre façon d’y vivre à commencer par se départir du nuisible, du non nécessaire. Cela signifie réduire considérablement la croissance du ‘’modèle humain’’. Simplement dit, cette semaine pendant que le Québec brulait, les formules 1 envahissaient Montréal et il se trouvait des gens pour prétendre que la F1 c’était excellent pour le Québec. Laissez-moi en douter. Cette semaine, ce dont nous avions besoin, c’est de la pluie en abondance, pas du vrooom vrooom. Et probablement aussi de pilotes de CL-215, pas de F1.


«Il n'y a pas de plus tard. Plus tard c'est maintenant. Toutes les choses de grâce et de beauté qui sont chères à notre coeur ont une origine commune dans la douleur. Prennent naissance dans le chagrin et les cendres.» Cormac McCarthy, The Road.

P.S. Je vous ai parlé du roman "THE ROAD", mais pour les curieux je vous recommande le film "THE ROAD" de John Hillcoat (2009), une adaptation absolument remarquable du bouquin de C. McCarthy. Un grand film. Les performances de Vigo Mortensen (le père) et Kodi Smit McPhee (le fils), pleines de tendresse et d’humanisme, sont bouleversantes. Le tout est complété par la trame sonore exceptionnelle, musique offerte par le duo de Nick Cave et Warren Ellis, à fendre l’âme … en ces temps gris, ce film prémonitoire doit engendrer une réflexion immédiate. C’est l’espoir que j’ai, le feu qui m’anime. Avant que tout s’éteigne.

 

 

 

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