Avec les derniers superprojets (Énergie Cacouna, SkyPower et TransCanada) qui ont tenté de voir le jour dans la région, le Bas-Saint-Laurent s’est vu bien malgré lui l’hôte d’une tragi-comédie. Une sorte de croisement un peu bâtard du roman de Roger Fournier « La marche des grands cocus » et de la comédie française, « La soupe aux choux », avec Louis de Funès. Et ce que cette comédie a permis de voir, en mon sens, c’est que le manque d’investissement démocratique et d’outils de développement économique a poussé la population à se rabattre sur des projets qui, je n’en doute pas, en temps normal auraient été balayés du revers de la main.
On voit aujourd’hui des promoteurs et leur porte-parole venir nous parler des bienfaits des millions qu’ils empocheront, des bénéfices du développement économique pour nous, qui devrons vivre à l’ombre de ces moulins à vent, avec dans les dents un port méthanier, je me demande si ce n’est pas ça, vendre son âme au diable.
Et c’est alors qu’apparaissent ce que j’appelle les clones (pour ne pas écrire les « clowns ») de Marco Perrain. Vous savez, le Maire dans la Soupe aux choux qui poursuit le Glaude (Claude Ratinier, alias Louis de Funès) et le Bombé (Francis Chérasse alias Jean Carmet) parce que leur vieille ferme nuit au développement « é-cô-nô-mi-queeeeee! » du village.
Ces gens venus d’ailleurs et qui maîtrisent l’art de savoir convaincre à coup de promesses nos acteurs socio-« é-cô-nô-mi-queees ». Et tant pis pour ces pauvres ruraux qui s’entre-déchireront dans des camps du oui et du non, tant que la machine à fric tourne et pompe… Quand des projets dépassent les milliards, qu’est-ce donc que de mettre à sac une communauté entière. Des voisins que ne se parlent plus, so what.
Et maintenant, une fois ce beau gâchis pour rien, parce qu’elles sont où finalement ces éoliennes et ce port méthanier dont on nous a tellement vanté les bienfaits… On nous annonce qu’il serait bien pour la démocratie de faire sauter quelques contés ruraux. Bah, pourquoi se plaindre, Pohénégamook aura une belle antenne cellulaire. Big deal! Pourquoi investir démocratiquement en région, c’est bien connu, les régions se meurent. On ne va pas en plus leur donner une voix de plus. Ce n’est pas démographiquement correct. Démocratie oblige. Aujourd’hui quand j’entends parler de démocratie, c’est pour se justifier de fermer des contés ou d’envahir un autre pays.
On présente nos régions comme sous-développées et sous-outillées, alors il ne faut pas s’étonner si les jeunes les ignorent. Quand on leur parle de développement durable comme prétexte a un saccage environnemental, il y a de quoi prendre ses jambes à son cou. Et puis une dernière chose, trop souvent dans « développement durable », il manque le mot « intelligent ». Et trop rarement, démocratie, investissement et engagement se retrouve dans une même phrase de nos politiciens.
Désolé, je n'ai pas trouvé la couverture du livre de Roger Fournier.
