Je ne crois pas qu’il soit bénéfique pour le monde de boycotter les Jeux de Pékin. Tout d’abord parce que je ne crois pas que ça changera quelque chose. Le sol du Tibet est trop riche pour que la Chine le laisse filer pour des Jeux olympiques. Personnellement, je vois les prochains Jeux olympiques comme une grande occasion de vaccination à l’occidentale de la Chine. Ce ne sont pas seulement nos athlètes qui vont y débarquer, mais tout notre mode de vie. Le fast-food, la télé-réalité, la culture préfabriquée, l’univers du superficialisme, la Chine n’aura pas de grande muraille contre cette déferlante mongole. Les vieux bonzes du communisme ne sont pas de taille pour affronter les marketeux de la pensée simple.
Alors doit-on boycotter les Jeux? Non! Parlons-leur d’environnement et de démocratie, mais seulement après être allé luncher au McDo du coin avec eux et s’être envoyé quelques SMS sur nos Blackberry. La Chine sera vaincue par ce que l’Occident a peut-être de plus superficiel à offrir, mais qui cache en son sein un véritable trésor : la Liberté. Et puis, comme le disait Sartre, seul le résultat compte. C’est un changement de mentalité qu’il faut, pas une pseudo pression idéologique.
ET NOS ATHLÈTES?
Pourquoi demander à des gens qui s’entraînent 50 heures par semaine et qui ont un financement digne des pays du tiers-monde de se sacrifier pour nos idéaux? La Chine extermine le peuple tibétain directement dans notre face, sans remords ni retenue, ce n’est certainement pas en les boycottant que nous leur feront entendre raison. Bref, demander à nos athlètes de se sacrifier alors qu’on continue à acheter « made in China », ça n’a aucun sens. Qui aura le culot de regarder Marie-Pier Boudreau-Gagnon dans les yeux et lui dire qu’elle encourage les crimes commis au Tibet? Personne, car c’est faux. Elle nage, libre. Combien de petites Chinoises la verront, toute jolie, dans son maillot avec son pince-nez, virevolter dans l’eau, en parfaite harmonie avec la musique? Qui sait le nombre d’entres elles qui y respireront un bouquet de liberté et s’en trouveront complètement transformées. Nos athlètes seront en Chine pour gagner, c’est évident, mais aussi pour faire rêver plus d’un milliard de Chinois envoûtés par ce parfum de liberté. Comme le dit si bien MasterCard, « ça, ça n’a pas de prix ».
Ce n’est pas le boycott des Jeux de Moscou qui a mené à la fin de la Perestroïka, non, c’est l’appât du gain et le joli jardin tout vert et libre du voisin. Offrons donc à la Chine et son gouvernement un joli jardin tout vert que des Marie-Pier Boudreau-Gagnon et des Alexandre Despatie iront leur porter, ensemencé de liberté et de conscience sociale. Et si le sort des Tibétains vous inquiète vraiment, c’est peut-être du côté « made in China » qu’il faudrait frapper.
François Drouin
