Une fin de session aux petites heures du matin...

Pierre Lachaîne
Une fin de session aux petites heures du matin…
La session parlementaire a pris fin dans la nuit du vendredi soir au samedi matin. Le projet de loi 96 a été adopté sous le bâillon, un pseptième our le gouvernement de la CAQ. Une loi qui tassera dans le coin de façon définitive la Régie de l’énergie, une sorte de chien de garde pour protéger le public d’augmentations abusives des tarifs d’Hydro‑Québec et de visées trop expansionnistes de la société d’État. Le PM François Legault aura toute la saison estivale pour décider s’il sera de la rentrée parlementaire prévue le troisième mardi de septembre ou s’il annoncera son départ ou s’il déclenchera une élection à l’automne. Rappelons que M. Legault a toujours affirmé que s’il était en bonne santé et qu’il avait l’appui des Québécoises et des Québécois il briguerait un troisième mandat. À moins d’avis contraire, son état de santé semble excellent, mais l’appui de la population lui fait défaut si on en croit les derniers coups de sonde de la firme Léger.
Pour les électeurs que nous sommes le paysage politique en ce début d’été 2025 n’est pas très attrayant en raison des contreperformances du gouvernement de la CAQ. Sans être des experts en économie et en gestion des affaires publiques, la déconfiture financière de ce gouvernement est évidente. La valse des milliards investis dans la filière batterie en est un exemple probant. Les faillites successives de Lion Électrique et de la société mère de Nothvolt ne sont pas de nature à nous rassurer sur les compétences financières et surtout sur « l’art de sentir » les bonnes affaires de ce gouvernement. Du côté de l’opposition, c’est plutôt léger comme situation, disons que nous avons connu des partis politiques un peu plus lustrés dans un passé pas si lointain. Les libéraux sont dans une course à la chefferie qui ne lève pas. Si les militants libéraux souhaitaient un sauveur, ça semble plutôt raté. Pablo Rodriguez arrive du fédéral, c’est à la fois un avantage considérant son expérience de ministre et un gros inconvénient considérant le fait que le PLQ a toujours défendu son indépendance face au PLC, son frère fédéral inavoué… Donc, M. Rodriguez n’a de cesse d’affirmer sa québécitude. Les deux autres candidats qui ont des chances raisonnables sont messieurs Blackburn et Milliard. Deux candidats tout à fait conformes au moule libéral, issus du monde des affaires et par conséquent qui ne représentent certainement pas une forme de renouveau. Les solidaires sont en crise. Le départ de GND n’aide certainement pas et le départ annoncé de la députée de Sherbrooke, Christine Labrie va dans le même sens. Ajoutez à cela la situation du député de Maurice-Richard, Haroun Bouazzi, qui est toujours en attente d’une décision des instances du parti à propos de sa sortie concernant des allégations de racisme à l’Assemblée nationale et vous avez un parti qui semble en difficulté. Il ne faut pas oublier non plus l’élection à venir de celui qui succédera à GND, ça promet. Éric Duhaime, quant à lui espère être élu dans Arthasbaka à l’occasion d’une élection partielle qui n’a pas encore été déclenchée.
Voilà le tableau, pas très reluisant vous en conviendrez. Mais, pour les électeurs que nous sommes, il y aura de quoi réfléchir durant l’été. Tout d’abord une pensée rapide, l’instant d’un CLIC. Isabelle Hachey, journaliste au journal La Presse avait titré son article du 31 mai dernier La cochonnerie à un milliard. Eh oui! C’était pour nous entretenir de la commission Gallant. Il semble qu’au Québec nous ayons besoin d’un bon coup de siphon au moins une fois par décennie afin de faire passer une sorte d’engorgement ou de trop plein d’actions innommables avec les fonds publics. Le choix du terme actions innommables est volontairement aseptisé parce que l’envie de nommer les choses, dirons-nous de manière plus colorée n’est pas due à un manque de vocabulaire, mais essentiellement à un souci de décence. Les témoignages entendus jusqu’ici, notamment des vérificateurs internes sont à vous jeter par terre. Il est difficile d’imaginer un gaspillage aussi éhonté des fonds publics en situation de crise budgétaire telle que celle que nous vivons en ce moment alors que le gouvernement procède à des coupures tous azimuts dans les services à la population, expédie aux oubliettes la construction de nouvelles écoles, impose aux gens nécessitant une chirurgie urgente une attente inconcevable et repousse la construction ou les rénovations d’hôpitaux qui tombent en ruines et tutti quanti. Tous les ministres responsables, en particulier au transport et au virage numérique, prétendent n’avoir pas été mis au courant ou feignent la surprise, allez savoir. Fermez les yeux et essayez de vous dire qu’à votre insu, des gens proches de vous, famille, amis ou connaissances dépensent votre argent par centaines ou milliers de dollars (selon votre budget) sans que vous le sachiez. Dans le cas de la SAAQ, c’est en millions qu’il faut compter, on passe le cap du milliard.
Pourtant, François Legault nous avait promis un gouvernement de comptables, d’experts en gestion des fonds publics. Le 12 mai dernier, le gouvernement a subi une décote de l’agence Standards & Poors qui pourrait entraîner des pertes de l’ordre de 450 millions en raison des coûts de financement qui deviendront plus élevés.
Alors, lorsque nous serons appelés, encore une fois, à aller cirer les pompes du suffrage universel, ce qui à notre avis ne saurait tarder, mieux vaudra se prémunir en s’équipant d’un bon siphon et d’un masque N-95 car les odeurs seront malodorantes. Eh oui, décence oblige, pas de qualificatifs colorés.
Allez bonnes gens! Tous et toutes au siphon, arme fiable et éprouvée!
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