Avoir le don

Corine de Repentigny
Ils sont nombreux les organismes qui lancent des campagnes de sociofinancement. Les causes sont toutes meilleures les unes que les autres. Nos salaires au complet pourraient y passer si on devait contribuer à chacune ! Je comprends parfaitement les besoins criants, mais je trouve la façon de quémander des dons souvent discutables.
Je me souviens de mon frère qui était inscrit chez les scouts. Afin de payer leur camp de vacances, la troupe avait organisé un bercethon. Misère. Imaginez une salle remplie de berçantes qui couinent avec assis dedans 25 jeunots frétillants, chemise et foulard roulé au cou, qui se balancent d’avant-arrière en se mourant littéralement d’ennui. Je suis certaine que les mains dans les poches ont été rapides et généreuses : pauvres ti gars, faut les envoyer jouer dehors au plus vite !
Les goûts ont évolué et, depuis, le sport est à l’honneur :
– Venez monter et descendre cette grosse côte à la course pour aider à ramasser des fonds pour X !
– Donnez généreusement à l’équipe qui fait une expédition risquée pour la cause de Y !
Il me semble qu’on pourrait utiliser l’énergie de tout ce beau monde pour effectuer des tâches plus utiles à la société ? J’ai plein d’idées :
- Se réunir pour nettoyer les berges du fleuve au printemps ;
- Arracher des plantes envahissantes ;
- Aider les personnes âgées en ramassant les feuilles de leur terrain en automne ;
- Planter et entretenir un jardin communautaire pour les moins nantis ;
- S’engager à l’aide aux devoirs de jeunes en difficulté pour l’année scolaire ;
- Participer aux ateliers de conversation en français pour les nouveaux arrivants…
Je connais des scouts de Chaudière-Appalaches qui ont compris le principe : ils offrent leurs bras pour rentrer et corder du bois de chauffage chez les citoyens de leur région. Tadam !
De mon avis, la pire campagne de sociofinancement est le Movember. Oui, la cause se fait connaitre ! Mais de moins en moins, parce que la moustache est (de mon goût personnel) affreusement revenue à la mode et plusieurs la portent maintenant tous les mois de l’année (au moins, les filles n’ont pas recommencé à se crêper le toupet comme dans les années 80).
J’ai pensé lancer une mode semblable pour financer la recherche sur le cancer de l’utérus : tous les ans, pendant un mois, les femmes se laisseraient pousser le poil des jambes et des aisselles, comme dans les années 70 — idéalement en juillet.
Moi, je n’ai rien contre.
Vous n’aimez pas l’idée ? Envoyez vos dons au plus vite sur le site web poilu.pour.l’utéru.com. Sinon, le projet démarre à la fin juin. Est-ce que c’est ça, avoir le don ?!
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