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50 nuances de roses et de verts

durée 30 juillet 2023 | 21h32
Geneviève Malenfant Robichaud
duréeTemps de lecture 2 minutes
Par
Geneviève Malenfant Robichaud

Personne n’a envie de débuter un débat en s’entendant d’abord sur des définitions. Pourtant, c’est parfois bien de là d’où émergent les divergences d’opinions. Dans la pièce de théâtre de faux documentaire, « Vous êtes animal », Jean-Philippe Baril Guérard affirme « Du moment qu’une idée est énoncée, elle appartient plus à son créateur. (…) Elle évolue plus selon l’intention de son créateur, mais plutôt selon la sensibilité de ses lecteurs. »

Par exemple, le niveau de féminisme perçu dans le film Barbie varie selon qui l’analyse. Si on est peu exposé. e. s aux concepts de base du féminisme, on y voit une œuvre marquante qui dénonce les inégalités. Si on est un. e militant. e, on le considère comme une simple introduction, une tentative de démocratisation, une vulgarisation décorée de jolis vêtements et de décors roses élaborés. Et on déplore probablement le manque de réflexion anticapitaliste et le manque de reconnaissance du rôle de Barbie dans la distorsion de la perception des corps féminins. Si on est un masculiniste, on s’imagine que le scénario suffira à inspirer une violente révolution anti-homme (sans comprendre l’ironie de s’offenser du traitement des Kens, traitement similaire à celui des femmes-trophées) et on brûle des poupées en protestation.

Mon opinion personnelle ? Ça reste une sympathique superproduction d’été ancré dans la nostalgie auquel Greta Gerwig a ajouté un peu de substance. Mon opinion personnelle ? Ce film est au féministe des années 2020 ce qu’a été le « Girl Power » des Spice Girls aux années 1990. Un phénomène social important qui va laisser sa trace, mais qui n’est pas nécessairement très élaboré. Le scénario n’amène pas de nouvelles idées ou réflexions ; son rôle est de rendre certains concepts de base plus digestes pour le commun des mortels. Et essayer de rendre hommage à l’intention originale de la créatrice (dire à sa fille qu’elle peut être ce qu’elle veut) tout en réfléchissant sur la complexité de jongler avec la conciliation travail-famille et la balance entre l’apparence et la compétence. Ultimement, indépendamment du contenu réel du film, on l’analyse en fonction de notre point de vue de départ sur la question.

Autre exemple ? La définition d’une subvention aux industries de combustibles fossiles. Ici, le diable est dans les détails. Un certain ministre pourrait considérer cela pour un grand succès alors que ses anciens collègues militants pourraient soupirer devant la lenteur du processus… On pourrait être ravi. e de voir le gouvernement fédéral agir en faveur de l’environnement. On pourrait se réjouir simplement que l’État se retire des projets privés. On pourrait aussi déplorer que l’on coupe seulement les subventions « inefficaces » (soit une estimation d’un milliard par année sur… 15 milliards) 1. Beaucoup de gens sont d’accord pour réduire les subventions, mais tout le monde ne s’entend pas sur ladite définition de « subvention »… La perception de la nouvelle comme bonne ou mauvaise réside principalement dans la définition de ce terme.

  1. Le Canada (un peu) moins fou, Philippe Mercure, La presse, 25 juillet 2023, https://www.lapresse.ca/debats/editoriaux/2023-07-25/subventions-a-l-industrie-petroliere/le-canada-un-peu-moins-fou.php?utm_campaign=internal%20share&utm_content=ulink&utm_medium=referral&utm_source=lpp&redirectedFrom=https%253A%252F%252Fplus.lapresse.ca%252Fscreens%252F436f56fb-43a3-4499-852c-28978c9f2dba__7C___0.html%253Futm_campaign%253Dinternal%252520share%2526utm_content%253Dulink%2526utm_medium%253Dreferral%2526utm_source%253Dlpp&fbclid=IwAR2SKbo4lJFGKiMEjdVLsgSfSAzyHYw4di_PvuptazENaG_7frfkW9Nx9bc

 

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