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Notre maison brûle

durée 2 juillet 2023 | 17h51
Geneviève Malenfant Robichaud
duréeTemps de lecture 2 minutes
Par
Geneviève Malenfant Robichaud

« Notre maison brûle. » Cet appel à l’action de Jacques Chirac date déjà de 2002. La reprise de cette phrase par la militante Greta Thunberg date de 2018. Malgré le temps qui passe, la formule frappe fort cette année…

Il y a des leçons qu’il faut apprendre à la dure. Des apprentissages qui ne nous motivent à l’action que lorsque nous commençons réellement à en subir les conséquences. Et ce, même si on nous a prévus. Même si on nous a bien expliqué ce qui nous attend si l’on persiste sur cette voie.  

Parfois, il ne suffit pas de savoir pour croire. Il faut expérimenter pour prendre la pleine mesure des conséquences. Voir les villages évacués d’urgence. Voir une superficie 18 fois plus grande que le parc national régional s’enflammer en Abitibi1. Confondre la fumée et les nuages. Entendre ma mère dire que ses yeux piquent après une marche de 20 minutes dehors, mais que c’est vraiment mieux à Val-d’Or comparé à Lebel-sur-Quévillon ou à Rouyn-Noranda.

Saviez-vous qu’une grande quantité de fumée augmente les risques de pannes de courant ? 2 Pas moi. Fait méconnu du grand public, l’air est un isolant alors que les particules fines sont conductrices, entraînant de possibles courts-circuits. Des conséquences insoupçonnées ou imprévisibles comme celle-là, on n’a pas fini d’en recenser avec les changements climatiques.  

10 ans plus tard, des scientifiques testent encore l’eau de la rivière de Lac-Mégantic. Parce que les catastrophes, naturelles ou humaines, laissent des traces, des cicatrices dans le paysage. Des cicatrices qui prennent du temps à se refermer. Surtout quand on rebâtir le chemin de fer plus vite que les maisons. Surtout lorsque nos gouvernements préfèrent aider l’industrie lourde à se rétablir plutôt que réfléchir réellement à prévenir de nouveaux drames. Surtout lorsque l’on apprend si peu de nos erreurs.

D’ici peu, les délocalisés du quartier Notre-Dame de Rouyn-Noranda rejoindront les délocalisés du secteur de la rivière Mégantic dans l’histoire de ce pays de ressources naturelles. La résistance s’organise3, mais le combat n’est pas gagné d’avance. Espérons que 2023 sera l’année où nous apprendrons que la qualité de l’air est un bien précieux qu’il faut préserver, pour notre santé comme pour notre qualité de vie. L’année où nous apprendrons que notre maison vaut plus que l’industrie.

  1. Le feu de Lebel-sur-Quévillon fait 18 fois le parc d’Aiguebelle, Radio-Canada Ici Abitibi-Témiscamingue, 20 juin 2023, https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1989705/feux-foret-quevillon-environnement-sopfeu
  2. Les particules de la fumée des feux de forêt perturbent le transport d’électricité, Pierre Saint-Arnaud, LaPresse canadienne, Le Devoir, 22 juin 2023, https://www.ledevoir.com/environnement/793458/feux-de-foret-hydro-quebec-sous-tension
  3. Des groupes citoyens veulent maintenir la pression sur Glencore et Québec, Jean-Marc Belzile, Radio-Canada Ici Abitibi-Témiscamingue, 22 mars 2023 https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1965411/environnement-pollution-zone-tampon-rouyn-noranda-fonderie-horne

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