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Un livre québécois par mois 2022

durée 11 décembre 2022 | 15h08
Geneviève Malenfant Robichaud
duréeTemps de lecture 7 minutes
Par
Geneviève Malenfant Robichaud

Depuis mes débuts au Blogue citoyen, je partage chaque année les résultats de mon défi Un livre québécois par mois. Malheureusement, les organisateurs ont arrêté leurs activités. Qu’à cela ne tienne, je vous partage quand même 12 romans et 12 « autres-styles-littéraires » parmi mes lectures de l’année. Bonne lecture !


Romans (ordre aléatoire)
1. Boires et déboires d’une déchicaneuse de Marie-Renée Lavoie : Petit dernier de cette délicieuse série mettant en scène cette femme pas si plate que ça. Cette fois, Diane revient au sein de l’entreprise qui l’a congédiée dans le premier tome pour y mettre de l’ordre. C’est un véritable plaisir de trouver cette galerie de personnages. Je vous conseille de lire les 2 tomes précédents et la nouvelle Diane n’est pas sortie du bois auparavant, question d’apprécier au maximum.


2. Le monde se repliera sur toi de Jean-Simon DesRochers : Série de courts chapitres qui forme une chaîne, séparée en 3 sections (le nouveau chapitre parle d’un personnage secondaire de l’histoire précédente). Le concept peut sembler simple, mais l’auteur excelle dans la construction de ces microrécits habillement connectés. On voyage un peu partout sur la planète et on se promène aussi sur la ligne de temps. Même si on est dans le quotidien, rien n’est banal. Ce roman est moins cru que La canicule des pauvres, mais certaines scènes sont intenses, incluant de l’écoterrorisme.


3. Maple de David Goudreault : Maple, la prostituée qui a attaqué la police dans la Bête, sort de prison alors qu’un tueur en série sévit dans son secteur. Elle décide de prendre les choses en main et d’enquêter. Le récit est parsemé de jeux de mots et de critique sociale ; ces éléments demeurant la force de Goudreault. J’ai trouvé l’aspect policier correct sans plus. Le rythme m’a semblé un peu trop rapide par moments. Malgré tout, l’un des bons livres de l’année. Avertissement pour scène de violence explicite, vocabulaire cru et sexualité (rien de majeur, mais ça ne plaira à tout le monde).


4. J’étais un héros de Sophie Bienvenue : On suit la fin de vie d’un alcoolique qui tente de reconnecter avec sa fille chérie. C’est bien écrit, mais on alterne entre deux univers possibles, selon le moment où sa fille réapparaît dans sa vie, ce qui complique un peu la lecture. Une belle réflexion sur la paternité compliquée.


5. Bienvenue, Alyson de J.D. Kurtness : Plus une nouvelle qu’un roman. On suit l’enquête de la disparition d’une femme. On retrouve le côté paranormal et l’humour noir des autres œuvres de l’autrice.


6. En plein cœur de Saturne de Marie-Christine Chartier : La réputation de l’autrice n’est plus à faire. Comme d’habitude, on suit un couple en alternant les deux points de vue. Ici, Élise et Félix se voient forcer de prendre une pause ; l’anxiété d’Élise prenant trop de place. On est devant une romance réaliste et un portrait des défis que vivre avec cette problématique peut représenter.


7. Après Céleste de Maude Nepveu-Villeneuve : Petite plaquette qui aborde le deuil périnatal. Trois femmes, trois générations, trois vies brisées qui se verront améliorées par la présence des deux autres. J’en garde un souvenir doux.


8. Résonances de Patrick Sénéchal : Après avoir passé une résonance magnétique, un auteur se met à avoir des pertes de mémoire puis son monde se met à changer. Comme j’ai deviné le punch à la fin du premier chapitre, je suis restée un peu sur ma faim, mais j’ai passé un bon moment.


9. Les Insoumises de Fanny Rainville : L’histoire se situe dans un lieu insolite : une maison de naissance. J’ai aimé l’écriture très fluide, les différents personnages et la découverte de ce milieu. Malheureusement, il y a un petit côté téléroman qui m’a un peu agacé, dans le sens où tout allait bien avant le début du livre, puis tous les aspects de la vie des travailleuses deviennent difficiles suite à un triste incident. Avertissement pour certaines scènes de naissances difficiles et de violence conjugale.


10. Les ombres blanches de Dominique Fortier : Opinion peu populaire, mais j’ai préféré ce livre qui parle de la publication de l’œuvre d’Émilie Dickinson aux villes de papier. Il s’agit d’une fiction, mais j’ai aimé voir comment les femmes autour de la poète décédée se sont rassemblées pour démêler tous ses bouts de mots et réussir à mettre le tout en livre.


11. Une femme extraordinaire de Catherine Éthier : Même en version lecture, on reconnaît immédiatement la musicalité propre à l’autrice. L’idée de la croisière est originale. J’ai trouvé le début plus travaillé que la fin. Avertissements pour mention de violence conjugale et suicide.


12. Que notre joie demeure de Kevin Lambert : Contrairement à ce que la quatrième de couverture laisse à penser, on ne suit pas tant une célèbre architecte québécoise que plusieurs des personnes impliquées dans un controversé projet de siège social d’une grosse compagnie. Mais on aborde effectivement plus le sujet de l’embourgeoisement du point de vue des riches que celui des pauvres. L’auteur a aussi fait un hommage à Proust et Marie-Claire Blais en écrivant de longues sections avec peu de ponctuation. Si le sujet vous intéresse et que le style d’écriture ne vous décourage pas trop, allez-y. Kevin Lambert demeure un chouchou de la critique.


Autres genres littéraires (ordre aléatoire)
1. Football-Fantaisie de Zviane : Ce gros livre regroupe les feuilletons de cette étrange épopée où deux sœurs tendent d’échapper à un méchant scientifique. Le format et l’histoire sont très éclatés, incluant entre autres une langue imaginaire. Pas mon préféré de Zviane, mais une œuvre singulière dans le paysage de la BD québécoise.


2. Les enquêtes de Sgoubidou de Cathon : Les mystères s’accumulent, mais heureusement Sgoubidou et son maître Sammy sont là pour les résoudre ! Seul problème : ils sont incompétents ! Le format imite les vieux magazines de dB (avec fausses pubs !). C’est niaiseux à souhait.


3. Paul — entrevues et commentaires par Michel Giguère et Michel Rabagliati : Avez-vous déjà voulu lire une très longue entrevue où Michel Rabagliati discute de ses méthodes de travail et des différentes anecdotes liées à la création de sa célèbre série ? Avez-vous déjà souhaité analyser des planches pour mieux comprendre le travail de bédéiste ? Avez-vous déjà voulu avoir accès des planches jamais rassemblées en albums ? Cet énorme volume est pour vous ! Mais sérieusement, ce livre est massif, de quoi vous assommer si vous l’échappez en lisant dans votre lit !


4. Baldwin, Styron et moi de Mélikah Abdelmoumen : Essai qui se sert de l’amitié entre les deux auteurs pour discuter de racisme systémique. Ça fait du bien de se rappeler que ce genre de débat n’est pas récent et qu’il peut être fait de manière saine. L’autrice a fait un bon travail de recherche et de mise en contexte, qu’elle met en parallèle avec sa propre expérience.


5. Les rois du silence-ce que l’on peut apprendre des introvertis pour être un peu moins débiles et (peut-être) sauver le monde d’Olivier Niquet : Essai personnel sur l’introversion et ses avantages. Si vous aimez le style du chroniqueur, vous aimerez le ton du livre. Je n’ai pas eu l’impression d’en apprendre beaucoup sur ce sujet qui m’était déjà familier, mais c’est un bon tour d’horizon et une occasion de mieux comprendre les introvertis.


6. Chroniques post-apocalyptiques d’une jeune entêtée et Chroniques post-apocalyptiques d’un garçon perdu d’Annie Bacon : Courts romans jeunesse qui suivent le destin de jeunes montréalais après une catastrophe nucléaire. J’étais sortie du premier livre en me disant que c’était dommage que ça s’arrête là. Ces deux suites sont exactement ce qu’il fallait et j’ai l’impression qu’un quatrième s’en vient éventuellement. Les histoires oscillent entre le « présent » de l’histoire et la vie d’avant de chaque personnage ; le design des pages indiquant clairement chaque période. Le sujet n’est pas facile, mais abordé avec doigté et espoir.


7. Déjeuner avec papa — recueil de napperons par Simon Boulerice, illustrations d’Anne-Julie Dudemaine : Roman graphique pour enfants (selon la quatrième de couverture ; album pour enfants avec beaucoup de pages selon moi). Je suis une grande admiratrice de l’œuvre littéraire de Boulerice, celui-ci s’inscrit dans la même lignée. Les magnifiques dessins du personnage ponctuent son récit sur sa relation avec son père, qu’il voit chaque dimanche pour déjeuner au restaurant. Plus triste que j’avais imaginé au départ, mais charmant.


8. Le plus petit sauveur du monde par Samuel Larochelle, illustrations d’Ève Patenaude : Discuter d’écoanxiété entre adultes est ardu. En parler avec des enfants ne rend pas la chose plus facile. C’est pourtant le sujet de cet album joliment illustré. Bien sûr, on ne fait pas le tour de la question, mais c’est un bon point de départ pour en parler.


9. Veiller sur les brigadiers scolaires de Simon Boulerice : Recueil de poésie jeunesse. Le narrateur raconte son quotidien à l’école et l’histoire d’amour de la brigadière. Même si je crois qu’il s’agit de fiction, on reconnaît bien l’auteur. La poésie est simple et accessible. Cette collection de la Courte échelle est une belle porte d’entrée vers la poésie.


10. Quand je ne dis rien, je pense encore par Camille Readman Prud’homme : Je ne suis pas une grande amatrice de poésie, mais ce recueil est une exception. J’ai l’impression d’avoir au moins compris une partie du propos. La thématique de la communication et de ses écueils m’a beaucoup intéressée. La représentation de l’introspection et du discours intérieur m’a impressionnée. Belle réception dans mon cercle de lecture également.


11. Zoé d’Olivier Choinière : Pièce de théâtre. Huis clos dans lequel un professeur de philosophie est forcé d’enseigner à une étudiante pendant une grève. S’en suit un va-et-vient où chacun questionne et critique les motivations de l’autre et les leurs.  


12. Vaillante de Chris Bergeron : Novella de science-fiction dans laquelle deux astronautes font face à une catastrophe. Malgré le format limité, les deux femmes sont bien développées et je me suis attachée. Je n’ai pas encore lu Valide, le roman qui précède la nouvelle, mais ça donne le goût.


Mention au Québec anglophone
When We Lost Our Heads (Perdre la tête) d’Heather O’Neill: Petit dernier d’une autre de mes autrices fétiches. Il s’agit cette fois d'une histoire d’amitié malsaine, de lutte de classe et de femmes qui prennent leur place à la fin des années 1800. Rien n’est simple, rien n’est noir ou blanc. Ces deux femmes auraient pu être de valeureuses héroïnes qui changent le monde, mais la réalité est plus dure et complexe. La galerie des personnages est éblouissante.

 

Par Geneviève Malenfant-Robichaud

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