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Des discours contradictoires qui nourrissent les anti-vaccins

durée 11 octobre 2015 | 11h13
  • Rivière-du-Loup - Un médicament doit prouver son efficacité pour être validé par Santé Canada. Pourtant, la plupart des produits homéopathiques qui reçoivent un permis peuvent se contenter de montrer qu’ils ne feront pas de mal. Y compris l’un d’eux, présenté comme alternative aux vaccins.

    Les nosodes sont des mixtures homéopathiques que certains suggèrent en effet d’utiliser à la place des vaccins pour des maladies infantiles comme la rougeole ou la polio. En février dernier, la ministre canadienne de la Santé, Rona Ambrose, a dû publier un communiqué expliquant l’inefficacité de ces produits qui ont pourtant obtenu un permis du gouvernement. « C'est ridicule! », s’est exclamé Brian Ward, expert de l'Université McGill sur la vaccination et l'immunologie, lors de sa conférence au Symposium Lorne Trottier, le 28 septembre — la première d’une série de quatre conférences consacrées cette année à la preuve scientifique.

    Ces discours contradictoires nourrissent les mouvements anti-vaccins, poursuit Ward. Ceux-ci n’étaient toutefois pas représentés dans l'auditoire. C'est donc devant une salle conquise qu’il a fait état de la perte de confiance du public envers la vaccination.

    Depuis qu'il enseigne l'immunologie, le co-directeur du Centre d’études sur les vaccins de McGill demande chaque année à ses nouveaux étudiants de noter les vaccins, de 0 (« les vaccins sont le mal absolu ») à 10 (« les vaccins sont bénéfiques »). Chaque année, la note baisse. Lors d'une conférence TEDx, un tiers de l'audience a même donné aux vaccins une note inférieure à 5. « C'est très frustrant », conclut-il.

    « On a surtout besoin de mieux communiquer, pas avec les activistes, mais avec les personnes qui hésitent et qui cherchent juste à faire au mieux. » Il voit malgré tout deux bonnes nouvelles dans le fait que le nombre d'enfants non vaccinés dans les écoles de l'Ontario ne dépasse pas 1 à 2 % (on évoque les mêmes chiffres pour le Canada) et le nombre total d'abstentions est en constante diminution depuis 1985.

    Mais parmi ces dernières, la part des parents qui invoquent une cause religieuse ou philosophique — plutôt que médicale — pour ne pas faire vacciner leurs enfants est en augmentation, le record étant détenu par l’Oregon, avec 6,4 % en 2015. Et il y a le cas de l'Université de Toronto, qui a organisé cette année un cours sur « les méthodes alternatives de santé » qui condamnait explicitement les vaccins. Suite aux plaintes d'étudiants et à une lettre signée par 45 professeurs de plusieurs universités, le cours ne sera pas reconduit.

    Paul Offit, deuxième conférencier de la soirée, était moins optimiste que son collègue : « dans un monde idéal, on ne devrait pas avoir à imposer la vaccination parce que le public aurait été convaincu par les données. Mais nous ne vivons pas dans ce monde-là. »

    Pédiatre, Offit est en première ligne. Éliminée des États-Unis depuis 2000, la rougeole a fait un retour fracassant cette année : partie de Disneyland et de la Californie, elle s'est rendue jusqu’au Québec, par l'intermédiaire d'un groupe sectaire.

    Mais l'épidémie qui a le plus marqué Offit est celle de 1989-1990. Elle a tué 123 personnes dont 9 enfants à Philadelphie, parmi des groupes religieux anti-vaccins. Surtout, cette épidémie a mis en évidence l'absurdité des exemptions religieuses : des parents mentaient sur l'état de santé de leur enfant et refusaient qu'un médecin l'examine, même après la mort d'un frère ou d'une sœur. Dans la plupart des procès de l'époque, la cour s'est prononcée en faveur de l'obligation temporaire de vacciner, refusant les exemptions religieuses parce que « les parents peuvent vouloir être martyrs eux-mêmes, mais ça ne leur donne pas le droit de faire des martyrs de leurs enfants ».

    Une solution à généraliser aux États-Unis selon lui, où 48 États permettent encore des exemptions religieuses et où seulement deux n'autorisent que les exemptions médicales. Le médecin se réjouit que l’épidémie de 2014-2015 ait relancé le débat.

    Débat qui pourrait corriger les discours flous des gouvernements et des groupes religieux. Le médecin précise qu'aucune des grandes religions ne mentionnait les vaccins dans ses textes sacrés, ou même n'en prédisait l'existence…

    Source : Sophie Félix — Agence Science-Presse (www.sciencepresse.qc.ca)

     

    commentairesCommentaires

    2

    • M
      Mathieu
      temps Il y a 8 ans
      Quand on regarde les résultats des 2 derniers années, on se sauve de ces vaccins
    • JB
      Jo Blow
      temps Il y a 8 ans
      @Mathieu
      il y a une grosse différence entre le vaccin pour la grippe et les vaccins pour les maladies infantiles. le virus de la grippe change de souche d'une année à l'autre. Oui les vaccins contre la grippe n'a pas tous les chances de prévenir. Mais quand ils réussissent à bien prévoir la souche les biens fait sur la santé, l'économie et le temps d'attente dans les hopitaux vaut amplement le coup... Pour les maladies infantiles dont les souches ne change pas, il est danrereux de s'en passer.
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