Derrière le projet de loi sur la laïcité
Le pathétique acharnement contre l’actuel projet de loi 21 sur la laïcité du pouvoir public québécois n’est que la pointe de l’iceberg. Cette réaction démesurée prétend défendre le simple droit individuel de se vêtir à sa libre convenance, sous prétexte de pouvoir afficher ses convictions religieuses, en toute liberté. L’intention cachée est toute autre et beaucoup plus insidieuse : lutter contre la moindre tentative de la part de la population québécoise d’affirmer son caractère distinct et de se déclarer un jour, souveraine.
Pour bloquer ce projet, tous les arguments sont bons même s’il faut verser dans la démagogie, voire dans la plus ignoble médisance, pour freiner notre marche vers l’indépendance. Si, aujourd’hui, les chefs politiques fédéraux sont prudents à l’égard de ce projet, cette attitude, à quelques mois des élections fédérales, convenons-le, est beaucoup reliée à des motifs circonstanciels.
La laïcité de l’État, leur bête noire, est une expression que les opposants au projet d’indépendance du Québec ne peuvent pas entendre. La laïcité de l’État signifie accorder une totale indépendance du pouvoir civil vis à vis tous pouvoirs religieux et l’impossibilité pour ces derniers de s’immiscer dans les officines du pouvoir public, et, à l’inverse, d’y être instrumenté.
Rappelons que le Premier Ministre canadien, Trudeau père, s’est empressé, au lendemain du référendum québécois de 1980, d’inscrire dans son remaniement de la Constitution canadienne, (Remaniement que le peuple québécois n’a jamais signé) la prépondérance des droits individuels sur les droits collectifs. Or, les pratiques religieuses accordent aussi cette même prépondérance. (Sauver son âme) Vieilles pratiques qui remontent aux débuts de l’histoire des civilisations.
Les adversaires du projet québécois d’indépendance comptent bien sur l’appui de la charte de Trudeau père et des pouvoirs religieux pour étouffer les espoirs bien légitimes de la population québécoise, adulte et consciente de son existence, de pouvoir déclarer, un jour, son indépendance. Elle est la première en Amérique du Nord à s’être affranchie du pouvoir religieux qui a longtemps fait bon ménage avec le pouvoir civil. Qui plus est, L’Église catholique québécoise a facilement compris et participé à ce réaménagement historique des deux pouvoirs, dans la foulée de la Révolution Tranquille des années 1960, au grand dam des partisans fédéralistes canadiens. L’actuel projet de loi 21 ne fait qu’officialiser cet état de fait et de lui donner une assise référentielle. Une importante étape dans l’évolution de l’humanité. Mais ses détracteurs s’y opposent avec toutes leurs énergies, refusant systématiquement de reconnaitre l’existence d’une population distincte, francophone et souveraine en Amérique du Nord.
Maurice Dumas
N.B. Le signataire de ce texte est l’auteur du manifeste : STOP! Temps d’arrêt demandé disponible en librairies