Desjardins, ma Caisse « autrefois » populaire
Denis Laforest, directeur général de la Caisse Desjardins de Québec a déclaré au sujet de la fermeture du guichet automatique de l’IRDPQ: «La Caisse, dans sa mission, ce n’est pas écrit que la clientèle vulnérable doit être servie par la Caisse». Que voici une déclaration troublante, présentée avec l’aplomb de celui qui possède la vérité, résumant en ses mots la nouvelle réalité coopérative de Desjardins.
Ce dernier volet du triste téléroman des fermetures imposées par Desjardins à ses coopérants interpelle cette fois-ci, avec une brutalité jamais encore atteinte, la nature même du mouvement coopératif.
«Ce n’est pas le capital qui domine, qui fait loi et règle tout, mais c’est la personne»…ces mots d’Alphonse Desjardins ont toujours été le phare, le guide et le sens de ma vie financière des 50 dernières années. Je crois donc qu’il est de mon devoir de copropriétaire de Desjardins, d’exiger que cette dérive, aux allures de campagne militaire, cesse sur l’heure.
Le 19 septembre 2016, le nouveau président et chef de la direction du Mouvement Desjardins déclarait vouloir laisser sa marque en recentrant le groupe financier coopératif sur ses membres. Force est de constater que les bottines n’ont pas suivi les babines!
Sensible à une vie meilleure pour le plus grand nombre, je crois que Desjardins aurait avantage, avant que ses membres ne s’y reconnaissent plus, à moins miser sur sa philanthropie et à fortement revitaliser ses activités régulières de proximité. L’avenir est aux services à distance de marche du domicile, où un humain vous accueille et vous reconnait.
On est ici à des lunes des fermetures sans droit de parole et/ou de la centralisation des services dans d’immenses bâtisses, dont les heures d’ouverture vous poussent vers internet et dont la localisation oblige l’usage du véhicule pour y avoir accès. Rationaliser est une chose nécessaire certes, mais pas au détriment des services que les membres des diverses coopératives désirent conserver.
Monsieur Guy Cormier affirmait, sans sourciller, lors de son passage devant la commission de l’aménagement du territoire en avril 2018 que 90 % des transactions chez Desjardins étaient faites via internet. Bien que ce chiffre ait ébranlé les députés présents, il semble que les avantages de ce genre de transactions bancaires et financières l’emportent sur les risques, pourtant bien connus, de l’outil utilisé qui doit protéger ce pour quoi vous avez travaillé si fort.
Nous vivons dans un monde capitaliste, mais ce doit être un capitalisme qui repose sur un niveau élevé de conscience et d’humanité. Lorsque notre niveau de conscience est faible, nous croyions être en mode survie. Tout devient alors une affaire de concurrence. Il faut croitre ou mourir, toute autre issue semble impossible. Pourtant, lorsque notre conscience s’élève, nous réalisons qu’un monde gagnant-gagnant est pourtant à notre protée. Il s’agit simplement d’oser se faire mutuellement confiance, respecter la volonté des personnes qui sont notre raison d’être et ainsi placer l’humain et qui plus est, l’humain vulnérable, au-dessus du capital.
Monsieur Cormier, la cloche de l’inévitable choix doit sonner. Faites de Desjardins une «banque» ou redonnez-lui son âme et sa nature «populaire». L’heure est venue de cesser de jouer sur les deux tableaux!
Serge Guérette
Rivière-du-Loup