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De retour au gaz liquéfié

SÉMER : un pas de recul pour mieux avancer

durée 16 septembre 2021 | 09h18
  • François Drouin
    Par François Drouin

    Directeur de l'information, journaliste

    Deux ans et demi après avoir annoncé que la SÉMER renonçait à la production de gaz liquéfié afin de se convertir dans la production de gaz comprimé, puisque «le marché n’est plus là», voilà que son président, Michel Lagacé confirme que l’usine de biométhanisation fait marche arrière et revient au gaz liquéfié.

    Ironiquement, c'est entre autres l'incapacité et les insuccès à produire cette fameuse première goutte de gaz liquéfié qui ont mené à la réorientation de l'usine vers le gaz comprimé.

    La Société d’économie mixte d’énergie renouvelable (SÉMER) explique plutôt ce deuxième revirement de situation par un marché changeant alors qu’elle est liée par une entente à long terme de 20 ans avec Énergir, principal distributeur de gaz au Québec. Quatre options auraient été étudiées avant d'opter pour la production de gaz liquéfié.

    MARCHÉ EN ÉVOLUTION

    «Il y a deux ans, Énergir nous disait "on n'en veut plus [du gaz liquéfié], on n'en veut plus". Mais nous avons un partenaire privé comme promoteur, Terix-Envirogaz, qui a eu des discussions avec Énergir. Il en est ressorti qu’il y avait une ouverture dans le marché. Pour nous, ça fait notre affaire», explique Michel Lagacé.

    Ce dernier soutient que la SÉMER profitera des attributs environnementaux qui lui permettront notamment d’augmenter sa production de gigajoule. «Ça vient assurer davantage de profitabilité pour l’usine donc, c’est mieux», avance-t-il.

    PRODUCTION

    L'approvisionnement en matières putrescibles a longtemps été une source d'inquiétude pour l'usine de biométhanisation. La SÉMER soutient qu'elle va chercher entre 30 et 40 % de gisement dans chaque territoire des MRC participantes.

    «L'enfouissement est pas mal plus cher. Les gens doivent comprendre qu'ils paient pour 100% du gisement. S'ils nous amènent plus de matière, ils ne paient pas plus, mais l'usine produit plus alors que s'ils envoient les matières à l'enfouissement, le cout augmente», affirme M. Lagacé.

    En mars 2019, les dirigeants de la SÉMER et leurs partenaires se disaient convaincus de voir l’usine de Cacouna en opération avant le début 2020. Plus de deux ans ont passé et c’est maintenant 2022 qui se retrouve dans leur collimateur.

    «Il faut que Québec débloque les fonds, il faut ensuite faire l’acquisition d’équipements et procéder à l’installation. Nous visons 2022. Mais pour ça, Québec doit fournir un soutien financier.»

    C'est la firme PricewaterhouseCoopers qui a été mandatée pour étudier le dossier de la SÉMER et qui déterminera la viabilité du projet. À ce propos, le président de la SÉMER s'est montré confiant d'obtenir le feu vert. «Toutes nos données vont en ce sens», lance-t-il.

    SYLVIE VIGNET VISE QUÉBEC

    De son côté la mairesse de Rivière-du-Loup, Sylvie Vignet, tape du pied devant l'aide de Québec qui tarde à arriver. «Tous les jours il se brule des milliers de dollars en gaz qui s'en vont dans la torchère et je trouve ça inadmissible qu'on ne fasse pas plus vite pour nous aider à récupérer ce gaz-là et à le vendre.»

    Mme Vignet affirme que la SÉMER et la Ville n'ont pas la capacité financière d'aller de l'avant avec des investissements permettant de compléter le processus de liquéfaction du biogaz. «En attendant, on le brule, et je ne comprends pas pourquoi le gouvernement ne va pas plus vite là-dedans pour nous aider à dire "écoutez, vous avez du gaz, on peut faire de l'argent avec le gaz", on pourrait payer nos investissements. Je vous le dis, c'est incompréhensible», tonne Mme Vignet.

    Cette dernière rappelle que l’usine de biométhanisation répond à tous les critères environnementaux et que la région a tout ce qu’il faut pour agir. Elle reproche du même souffle au gouvernement de François Legault de «continuellement» reporter les dates d’entrées en vigueur des normes liées à la gestion des matières résiduelles, maintenant fixées à 2025 et qui ferait de l'usine une incontournable dans le domaine.

    EN CHIFFRES

    La SÉMER est détenue à 80 % par le public soit à 40 % par la Ville de Rivière-du-Loup et 40 % par la MRC de Rivière-du-Loup. C'est le promoteur privé Terix-Envirogaz qui détient les derniers 20%. En vertu de ce partenariat avec un promoteur privé, même minoritaire, la SÉMER n'est pas tenue de partager ses états financiers, malgré des demandes fréquentes, y compris certains élus comme le préfet de la MRC des Basques Bertin Denis.

    En 2017, la Société accumulait déjà un déficit de 5,2 M$ qui pourrait s'élever aujourd'hui à près de 8 M$. C’est en juillet 2012 que le gouvernement du Québec confirmait un investissement de 11 millions de dollars dans le projet d’usine de biométhanisation de la Société d’économie mixte d’énergie renouvelable de la région de Rivière-du-Loup (SÉMER). Cette aide financière s’ajoutait à celle du fédéral de 4 M$. Le cout total du projet à l’époque s’élevait à 27,6 M$.

    Rappelons qu'en novembre 2020, le ministère de l’Environnement a versé 1,9 M$ à la SÉMER afin d’éviter une rupture de liquidités.

    L’entente avec Énergir prévoit que l’entreprise achètera à la SÉMER la totalité du gaz naturel renouvelable produit par l’usine de biométhanisation sur le site de Rivière-du-Loup au coût de 18,40 $ par gigajoule, en fonction d’une capacité de production de 3 600 000 m3/an pour une durée de 20 ans suivant le début de la production. Pour la Société, il s'agit d'un potentiel de revenus de 2,5 M$ annuellement.

    BIOMÉTHANISATION

    La biométhanisation est un procédé naturel basé sur la dégradation par des microorganismes de la matière organique, en conditions contrôlées et en l’absence d’oxygène. Cette dégradation aboutit à la production d'un digestat et de biogaz. Si le digestat est valoriser par un retour en terre, c'est le biogaz qui est au coeur même de la raison d'être de la SÉMER.

    Ce que son président, Michel Lagacé, désigne par «gisement» est en fait un composé de matière organique provenant majoritairement de la collecte du bac brun, vos restants de table. En n'utilisant pas le bac brun et en mettant les déchets organiques dans le bac à ordures, le citoyen prive la SÉMER de sa matière première et contribue à augmenter les couts d'enfouissement au Lieu d'enfouissement technique (LET) de Cacouna.

     

     

    commentairesCommentaires

    4

    • DN
      Dubé Nelson
      temps Il y a 2 ans
      Ce sont des chevaliers d’industries, Michel Lagacé et ces comparses, Sylvie Vignet et les autres se nourrissent de nos taxes à coût de millions et personnes ne réagit…
    • GG
      Gaston Gagnon
      temps Il y a 2 ans
      Encore une place ou on se fait baiser au max sans droit de parole et de regard des chiffres aucun espoir pour ce gaspillage
    • DC
      Daniel Chateigner
      temps Il y a 2 ans
      Sauf que le gaz liquéfié dans des véhicules nécessite des soupapes de sécurité, qui relèguent ... du méthane !
    • TA
      Truchon Annie
      temps Il y a 2 ans
      Aidez nous avec le Bioparc que notre ville veut faire a Laterriere beaucoup trop près de nos résidences 350 metres avec rose des vents vers ces maisons ... ou est rendu la conscience de nos élus ?!? Ce sont des familles,,des santés, des personnes âgées ?!?!? Mais ou est leur coeur ?! Ils n’ ont pas l’ acceptabilité sociale et ils poussent toujours triste pour nous tous ! 313 résidences touchées A L’ AIDE !!!!
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