Les parents au cœur d'un Québec famille
La directrice générale France Rousseau met la table sur le sujet et pose la question : « Comment voyez-vous la famille maintenant et dans le futur? » auxquels neufs parents ou grands-parents ont répondu.
« J'observe que les parents doivent conjuguer avec des réalités économiques, des réalités conciliation famille-travail-études, parascolaire, grands-parents... et j'en passe, exprime Mme Rousseau. Au Québec, favorise-t-on réellement la famille? Les mesures en place conviennent-elles aux réels besoins des parents et de leur entourage? Je m'inquiète à savoir si la famille, cette valeur primordiale, le lieu où tout commence, sera mieux ou moins valorisée dans le futur. Je me demande à quoi pourra ressembler la situation familiale en 2020. Il faut retenir que notre famille, nos proches ou ce qui constitue notre cercle, sont une richesse qu'il faut entretenir. »
GILLES DUCHESNE
Grand-père de Marie-Félixe, 3 ans et demi, et père de deux enfants, Gilles Duchesne est revenu habiter à Rivière-du-Loup lorsque son fils a évoqué le projet d'avoir un enfant. « La famille c'est un noyau et je souhaitais pouvoir supporter et aider mon fils et ainsi, être près de mes petits-enfants. Lorsque ma fille formulera le même désir, je retournerai demeurer à Québec, là où elle réside, afin de pouvoir lui offrir le même support », explique M. Duchesne.
L'homme s'exprime également sur l'option des maisons multigénérationnelles : « Ma conjointe et moi sommes prêts à fournir toute l'aide dont mon fils et sa famille ont besoin. Nous les dépannons, par exemple lorsque la garderie est fermée et qu'ils doivent tout de même travailler. Je crois qu'il est important d'être dans la même ville, mais je n'irais pas jusqu'à vivre dans la même maison. »
FRANCE BÉLANGER
France Bélanger est une mère vivant en famille recomposée avec ses deux enfants, Marianne, 2 ans et demi et Franco, 6 ans et demi, dont son conjoint est le père, et la grande Meggy 15 ans, provenant d'une union précédente de ce dernier. Elle habite Rivière-du-Loup.
Pour elle, la famille doit être le milieu idéal où les enfants se sentent compris et puissent se développer. « La famille c'est un nid d'amour où tous les membres doivent être respectés dans un climat sécurisant. Les liens tissés entre les membres d'une famille sont les plus forts. La maison familiale est un lieu où l'on revient toujours même en vieillissant, quand ça va bien ou pas, et où l'on peut recevoir aide et écoute, décrit Mme Bélanger. J'ai pu observer que la valeur familiale revient en force, présentement. Les choses ont bien changé et elles changent encore. Je crois sincèrement que la famille prendra de plus en plus d'importance au fil du temps, je suis très optimiste à ce sujet. »
SYLVIE BOIVERT
Vivant à Saint-Hubert avec ses trois garçons, Jean-Philippe, 12 ans et Frédérick, 9 ans, nés d’une première union, et Guillaume, 6 ans, né de sa présente union, Sylvie Boivert est maman à la maison depuis maintenant deux ans. Elle a laissé son travail pour mieux prendre soin de ses enfants dont deux ont des difficultés d’apprentissage.
« Pour moi, il n’y a pas de famille idéale, ce n’est pas plus beau dans la cour du voisin, exprime-t-elle. J’ai voulu avoir des enfants, alors à moi d’en assumer les responsabilités. Je ne veux pas que mes enfants soient élevés par les éducatrices de garderie. Il était trop difficile pour moi d’avoir un bon équilibre entre ma vie professionnelle et ma vie de famille. Bien sûr, les difficultés économiques sont grandes. L’argent prend trop de place dans nos vies, que ce soit pour remplir les besoins de base ou pour obtenir des services. Le facteur économique gère nos vies et gère aussi nos vies de famille. Je souhaite qu’à l’avenir, le gouvernement arrête ses coupures massives un peu partout et qu’il se reconnecte aux véritables besoins des humains et des priorités des familles qui sont, en fait, à la base du roulement économique. »
ÉDITH MICHAUD
Mère de trois enfants, Daphnée, 14 ans, Luc, 9 ans et Michel, Édith Michaud demeure à Rivière-du-Loup avec son conjoint et père de ses deux enfants. Éprouvant de la difficulté à se trouver de l’emploi, Mme Michaud est convaincue que la valeur familiale est à la base de la société d’aujourd’hui et de demain.
« Pour des questions économiques, ce n’est plus un choix, les deux parents doivent travailler. Ceci fait en sorte que les parents ne sont pas aussi présents qu’ils le souhaiteraient pour leurs enfants, affirme-t-elle. Je vois des familles patauger et essayer de concilier travail et famille sans y arriver. Et les familles où l’un des parents ne travaille pas éprouvent d’autres difficultés. J’ai deux enfants qui vivent de l’hyperactivité et un déficit d’attention et il n’y a pas vraiment de ressources pour nous soutenir dans la situation. C’est frustrant puisqu’on veut le mieux pour nos enfants. C’est malheureux, mais on ne peut pas se permettre d’avoir beaucoup d’enfants, même si on le souhaite, le coût de la vie est bien trop élevé. J’espère que la situation des familles s’améliorera dans le futur. Les organismes, comme la Maison de la Famille, sont importants. Ils nous aident et nous propose un lieu de rencontre et de partage et un choix d’activités abordables. »
VALÉRIE CARRIER ET STEVE LEVESQUE
Éliott, 9 mois, est né alors que Valérie avait 17 ans. Steve, son papa, travaille très fort pour faire vivre ses amours.
« J’ai eu un bébé à la fin de mon secondaire. Je fais le choix de retourner aux études pour aider mon conjoint à subvenir à nos besoins. En septembre, j’irai étudier en Éducation spécialisée, raconte Valérie. Nos parents sont présents et nous offrent du soutien. Nous voyons peu d’amis et participer aux activités de la Maison de la Famille nous permet de briser notre isolement. Je constate toute l’importance des liens familiaux. » « Je travaille à temps plein et je n’ai eu qu’une semaine de congé depuis la naissance de mon bébé. J’essaie d’être le plus présent possible, mais ce n’est pas facile. Monétairement, je ressens beaucoup de pression », indique Steve, dans la jeune vingtaine. « Pour l’avenir, nous souhaitons que notre enfant ne manque de rien, et surtout pas d’amour. Nous espérons aussi qu’il y ait plus de ressources pour soutenir les familles », concluent-ils.
JEAN-FRANÇOIS LÉVESQUE
Papa d’Édouard, 19 mois et en attente de leur deuxième enfant prévu pour le 3 septembre, Jean-François et sa conjointe vivent à Rivière-du-Loup.
« Nous vivons les difficultés des horaires atypiques. Ayant prévu le coup, j’ai choisi de devenir travailleur autonome. Ainsi, je peux être plus présent à la maison, plus disponible, soutient-il. Comme je suis enfant unique, pour moi la famille a un sens bien plus large que le noyau des parents et de leurs enfants. La famille c’est aussi les grands-parents, les oncles et les tantes, les amis proches et même parfois, les voisins. Il n’y a plus de famille type. Il existe maintenant plusieurs définitions, différentes réalités. Avec la vie d’aujourd’hui et les familles immédiates qui sont plus petites, il faut s’entourer, avoir un réseau de proches de confiance. Les parents travaillent plus et le rythme de vie est effréné à cause des nombreuses exigences de la société. La conciliation travail-famille n’est pas évidente, alors l’entourage devient encore plus important. »
ANDRÉE GRAND’MAISON
Andrée Grand’Maison est agricultrice dans la ferme familiale située à L’Isle-Verte. Elle est mère des jumeaux Alexis et Gabriel qui ont 2 ans et habite dans un appartement avec son conjoint, dans la maison de ses parents. Son conjoint a également un autre emploi. Elle souhaite reprendre la ferme familiale.
Pour cette femme, les défis sont grands et la vie est stressante : « J’essaie de vivre le moment présent. Dans 10 ans, tout ce que je sais c’est que mes enfants seront à l’école. Je ne sais pas si mes enfants voudront reprendre la ferme. Même si je le souhaite, ils feront ce qu’ils voudront. J’essaie de les inclure le plus possible dans les tâches de celle-ci. Des tâches, j’en ai beaucoup. Mes parents me supportent et parfois on peut avoir un peu de répit. On voudrait un autre enfant mais, pas tout de suite. Bien sûr, si nous pouvions avoir une maison plus grande, à nous, ça faciliterait ma vie de famille et aussi ma vie de couple. Je ne comprends pas pourquoi les parents de jumeaux n’ont pas plus d’aide financière que s’ils avaient eu deux enfants un après l’autre. Pourtant, c’est bien différent. »
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