Club Appalaches: les négociations s’enlisent
D’abord, une question se pose : pourquoi la firme de communication National de Québec a-t-elle choisi Rimouski comme endroit pour rencontrer les gens de la presse régionale, quand il aurait été très approprié ou plus opportun de le faire à Trois-Pistoles ou à Saint-Mathieu ? De son côté, le préfet de la MRC des Basques, Bertin Denis, déplore que cette rencontre de presse ait eu lieu à quelques heures d’avis mais il se dit heureux de voir que le Club Appalaches s’adresse enfin à la population pour autre chose qu’une mise en demeure.
Dans ce litige qui oppose depuis longtemps les deux parties, et qui a même nécessité la présence d’un médiateur en Rémi Bujold, que l’ex-ministre Nathalie Normandeau avait mandaté pour intervenir dans ce dossier fort épineux, il n’apparaît pas pour le moment de solution envisageable à court ou moyen terme. Véritable match de souque à la corde où personne ne semble vouloir assouplir sa position, le préfet Denis avance que le club a fait appel à une firme aussi réputée (National) pour nuire à l’image des opposants afin de justifier sa position en leur faisant porter l’odieux de la rupture des négociations.
C’est après la dernière rencontre de médiation en septembre dernier qu’une lettre du sous-ministre des Ressources naturelles proposait de céder à la MRC des droits de chasse et de pêche sur une zone déterminée aux abords du Mont Saint-Mathieu, proposition que la MRC a rejetée de façon non équivoque.
« Nous reconnaissons que le droit exclusif de chasse et de pêche appartient au club qui ne peut toutefois empêcher les gens de circuler sur ce territoire. Le Club Appalaches revendique des droits accessoires très larges qui deviennent très contraignants, où il devient par conséquent impossible de faire quoi que ce soit. Nous n’acceptons pas qu’on nous dicte où aller chasser nos orignaux car ce territoire ne leur appartient pas étant en forêt publique. » La portion du territoire qui serait permise à la circulation publique est de 15 %, d’affirmer M. Denis, ce qui est tout à fait ridicule. « Ces gens-là ne tiennent pas compte de l’activité économique dans les Basques et ils se comportent comme s’ils géraient une pourvoirie. »
Le Club de chasse et pêche Appalaches compte 66 membres dont la très grande majorité provenant de l’extérieur du Bas-Saint-Laurent, de l’Estrie notamment. En entrevue à la station radiophonique CIEL de Rivière-du-Loup, mardi matin, le directeur du Club Appalaches, Denis Lepage, se disait toujours ouvert à la négociation, laquelle serait l’avenue la plus prometteuse aux yeux du club.
À la MRC on ne veut pas d'un territoire clôturé, pas plus que de la responsabilité de la sécurité du territoire. La MRC fait aussi valoir que les invités du club bénéficient d'accès privilégiés pour pêcher, sans être membres. La MRC compte déposer un projet de loi spéciale au gouvernement qui lui permettrait de négocier une entente qui offrirait aux citoyens d'avoir un accès à l'ensemble du territoire.
Par ailleurs, l’ex-notaire Jean Jacques Vien de Trois-Pistoles a publié un livre sur le Club Appalaches, le dernier club privé en forêt publique au Québec. Vice-président de la corporation Les Amants du territoire public des Basques, M. Vien y dénonce l’injustice du seul club privé en forêt publique oublié lors de la décision politique qui redonnait tous les droits des clubs similaires à la population.
Ce territoire, de 148 kilomètres carrés, compte 30 plans d’eau dont plusieurs lacs : Boisbouscache, des Ilets, à la Truite, Rimouski, Long et Ferré. Plusieurs pistes de solution ont été envisagées. Sur le plan juridique, les droits exclusifs du club ont été reconnus par la Cour d’appel du Québec.
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