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La communauté de l’île Verte au cœur d’un projet d’architecture à l’international

durée 2 juin 2025 | 06h51
  • Andréanne Lebel
    Par Andréanne Lebel

    journaliste

    Le patrimoine vernaculaire de l’île Verte traverse les frontières du Bas-Saint-Laurent pour voyager à l’international. Les boucaneries, un élément distinctif du paysage insulaire régional, sont mises en valeur dans un projet de l’Atelier Pierre Thibault. Il s’agit de la seule initiative québécoise sélectionnée par la 19e exposition internationale d’architecture la Biennale de Venise qui se déroule entre le 10 mai et le 23 novembre 2025.

    «Tout de suite quand on arrive sur l’île Verte avec le traversier, on voit un fumoir, qui a cette structure particulière. Ç’a attiré notre attention. On a voulu en savoir plus sur les boucaneries», explique l’architecte Pierre Thibault. Au fil de ses échanges avec la communauté, son équipe a voyagé dans le temps. Elle a découvert le rôle d’autosuffisance de ces fumoirs, associés avec la pêche à la fascine qui assurait une subsistance à la communauté de l’île Verte, au cœur du fleuve Saint-Laurent.

    Sur les 12 boucaneries (fumoirs), quatre présentent une valeur patrimoniale exceptionnelle, et six, une valeur patrimoniale élevée, selon un rapport produit en 2023 par l’architecte Pierre Létourneau. Ces structures, construites entre 1920 et 1980, étaient érigées de façon à résister aux conditions climatiques insulaires. Elles ont peu à peu été délaissées avec le temps en raison de la diminution de la pêche.  

    Photo : Marie Cossette

    «Il y a quelque chose dans l’histoire de l’île Verte qui est très spécifique, mais qui rejoint un besoin universel, qui est celui de s’alimenter. Si on va vivre sur un territoire qui est difficilement accessible, comment on fait pour y survivre?», s’est questionné Pierre Thibault. De plus, l’île Verte compte 50 habitants, et elle est trois fois plus grande que l’ile de Venise, qui en compte 50 000. Cette singularité a attiré l’attention de l’exposition internationale.

    «On n’a pas le choix d’être le plus autonome possible à l’île, il n’y a pas de dépanneur. S’il n’y a pas d’hélicoptère ou de traversier pour aller faire ton épicerie, il faut que tu t’arranges. On est tous assez indépendants. On a des potagers et on transforme les aliments pour étirer ça le plus longtemps possible pendant l’hiver», explique Louise Alain, qui est une résidente permanente de l’île Verte.

    RÉFLEXION PAR L’ART

    L’objectif visé par l’architecte est non seulement de préserver le patrimoine des fumoirs de l’île, mais aussi de prolonger leur histoire, avec des utilisations plus contemporaines. L’équipe de l’Atelier Pierre Thibault a donc créé des structures temporaires, des squelettes de fumoirs blancs, qu’elle a installées sur le territoire de l’île Verte afin de nourrir la réflexion des résidents.

    Selon Louise Alain, cette démarche a suscité de nombreuses discussions au sein de la communauté. «C’est sûr que ça choque, mais l’art choque. Ça fait réagir, de toute façon […] Nous avons vécu des expériences artistiques éphémères», résume-t-elle. Cette étincelle qui a été allumée n’est pas près de s’éteindre.

    Des projets de transformation en serre, en poulailler ou en résidence d’artiste ont alors émergé. «Il y avait une dimension plus poétique de notre travail, mais aussi la dimension prospective, c’est-à-dire de se projeter dans le futur, résume l’architecte. En se déplaçant dans le territoire avec les formes blanches, c’était comme une nouvelle fenêtre qui s’ouvrait pour eux sur leur propre paysage.» Pierre Thibault a aussi amené avec lui une cohorte d’étudiants en architecture de l’Université Laval afin de poursuivre le projet.

    CHANGEMENTS CLIMATIQUES

    La Biennale de Venise s’est intéressée au projet de l’architecte québécois en raison de son volet environnemental. L’île Verte représente un exemple concret des effets des changements climatiques sur la planète. La formation du pont de glace reliant l’ile au continent a été compromise pendant deux années consécutives. Selon Pierre Thibault, il s’agit de l’illustration d’une problématique universelle.

    «Face aux changements climatiques, ce n’est pas une réflexion individuelle qui est idéale […] On a voulu intégrer la population dans un dialogue. Est-ce que dans ce brassage d’idées collectif, il n’y aurait pas une solution plus pertinente?»

    Pendant tout le projet, il a senti la grande ouverture de la communauté de l’île Verte, et surtout, son désir de s’impliquer dans cette démarche. «Nous avons des défis sociétaux importants. C’est là qu’on voit que la créativité partagée par un grand groupe va être essentielle pour trouver la meilleure solution à chaque défi, conclut Pierre Thibault. Nous avons été séduits par l’île et ses habitants, donc on est bien prêts à continuer l’histoire.»

    Bien peu auraient pu prédire que le patrimoine de la communauté de 50 résidents permanents de l’île Verte serait au cœur de l'une des expositions internationales d’architecture les plus réputées et fréquentées au monde, en Italie.

    commentairesCommentaires

    1

    • MM
      Marc Morin
      temps Il y a plus d'une semaine
      Wow, quel beau projet !!! Bravo
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