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Des semences pour un jardin 100 % québécois 

durée 6 mai 2025 | 06h59
  • Marc-Antoine Paquin
    Par Marc-Antoine Paquin

    Journaliste

    Elles sont non seulement locales et souvent biologiques, mais aussi adaptées au climat d’ici et même résistantes à certaines maladies. À terme, elles pourraient même permettre de s’affranchir du marché américain. Les semences produites par les semenciers québécois gagnent en popularité auprès des jardiniers amateurs ou même de certains producteurs maraichers de plus grande envergure. Que d’avantages à opter pour le savoir-faire régional. 

    À Saint-Clément, les trois membres de la Ferme coopérative du Moulin, Félix Lévesque, Marie-Anne Rioux et Frédéric Rioux, produisent des semences de légumes, de fleurs, de fines herbes et de plantes depuis quelques années déjà pour les particuliers à la recherche de produits locaux de qualité. Ce n’est pourtant qu’un début, le trio ayant l’objectif avoué, à moyen terme, de fournir les fermes maraichères québécoises en semences produites ici au Bas-Saint-Laurent. 

    «C’est devenu une partie intégrante de l’entreprise. On adore ça. C’est stimulant, chaque plante est différente et chaque variété vient avec ses spécificités. Il y a toujours de nouvelles choses à apprendre!», souligne Félix Lévesque, l’un des membres fondateurs de la ferme qui a pignon sur les berges de la rivière  des Trois Pistoles. 

    Le marché de la semence biologique est en pleine progression depuis quelques années au Québec. L’offre s’est fortement développée et l’avenir semble être prometteur. Tranquillement, la filière prend racine. 

    Or, ce n’est pas un simple hasard, explique Félix Lévesque. Les semences produites au Québec sont mieux adaptées au climat, plus robustes, plus résilientes et souvent d’une meilleure qualité que celles achetées à l’extérieur de la province ou même du pays. 

    D’ailleurs, même si elles ne sont pas toutes certifiées biologiques, les semences locales sont souvent produites sans pesticides, contrairement à celles de grandes chaines. Des éléments importants qui, mis ensemble, peuvent avoir un impact significatif sur la réussite d’un potager. 

    La Ferme coopérative du Moulin cultive aussi des légumes biologiques qu’elle vend dans les marchés publics et les épiceries de la région. L’équipe est donc à même de constater le potentiel de ses propres semences qui, elles, sont produites à la pollinisation libre dans un secteur réservé du jardin.

    «On goute régulièrement les variétés et on les cultive. On a donc une connaissance plus pointue de ce qu’elles ont à offrir. On sait aussi qu’elles sont bien adaptées à notre environnement, parce qu’on les a essayées et qu’elles ont bien fonctionné», souligne Félix Lévesque qui voit également le contact rapproché entre le semencier et la clientèle comme un avantage non négligeable.

    Cette proximité se veut également une autre façon pour les jardiniers amateurs et producteurs maraichers de trouver leur compte avec une semence locale: ils connaissent le chemin parcouru jusqu’à la terre. Parfois, il ne s’agit que de quelques kilomètres. Une «belle richesse», selon l’entreprise coopérative. 

    «La problématique qu’on a constatée au Québec, et au Canada, c’est que les petites fermes maraichères ignorent parfois d’où viennent les semences qu’elles achètent, avant qu’elles reçoivent les sachets à la livraison», soutient Félix Lévesque. 

    C’est aussi vrai du côté des États-Unis, où de nombreux producteurs maraichers s’approvisionnent. «Il y a d’excellents producteurs [aux États-Unis], mais il y a parfois moins de transparence sur la provenance des graines. Est-ce que ça vient de Chine, du Pérou, du Chili? Ce n’est pas toujours évident d’avoir toute l’information», explique-t-il. 

    C’est pourquoi vouloir s’affranchir en partie ou en totalité du marché américain prend tout son sens. Encore plus dans un contexte de guerre tarifaire, rappelle le passionné. 

    «Faire affaire aux États-Unis, ça vient aussi avec des frais de douanes ou des délais de livraison. Il y a une incertitude à la frontière. Cette année, ça s’est particulièrement accentué et on le voit dans les groupes de discussion qu’il y a une préoccupation à cet égard-là.»

    DIRECTION L’OREGON 

    Il faut l’admettre, les États-Unis demeurent néanmoins beaucoup plus avancés dans la production de semences biologiques. On y retrouve non seulement beaucoup de gros producteurs, mais aussi une expertise développée sur de nombreuses années. 

    C’est aussi pour cette raison que le trio a décidé de prendre la route de l’Oregon, cet hiver, afin d’assister à la Conférence de la Organic Seed Alliance, une coalition de fermes biologiques qui produisent des semences américaines.

    «On est allés assister à cette conférence de formation et de réseautage pour en apprendre plus sur les meilleures pratiques dans l'industrie», raconte Félix. «On y a fait des visites de fermes, on a assisté à plein de conférences, rencontré des producteurs et productrices de toute l'Amérique du Nord et même plus loin encore. On rapporte avec nous de la bonne documentation qui pourrait, on le croit, améliorer les pratiques agricoles en prévision des changements climatiques.»

    Fait à noter : le trio a choisi le train pour sa traversée des États-Unis, entre Boston et l’État de l’Oregon. Un choix plus écoresponsable qu’il n’a pas du tout regretté et qui a ajouté à toute cette expérience. «Ç’a été vraiment agréable. On le recommande vivement!»

    UN BEAU DÉFI

    Aujourd’hui, la Ferme coopérative du Moulin, à l’instar de plusieurs fermes maraichères, continue d’acheter plusieurs des semences nécessaires à sa production aux États-Unis. Au-delà du choix et de la qualité, Félix Lévesque explique que les catalogues des grandes entreprises comme Johnny’s viennent avec beaucoup de données et un «degré de précision» qui sécurise les producteurs maraichers. 

    Ici, une telle offre est encore difficile à égaler. «Actuellement, même si on voulait offrir une offre complète à des fermes, on ne pourrait pas. Il faudrait énormément d’efforts, reconnait-il. Mais c’est l’horizon qu’on veut prendre au Québec. On pense que ce serait bien, dans le futur, qu’il y ait plus de production destinée aux fermes maraichères québécoises.»

    «Le défi demeure grand, renchérit-il. Ça va prendre du temps et des efforts. De l’aide gouvernementale aussi, des recherches… Mais on y croit.» 

    En ce moment, toutes les semences vendues par la Ferme coopérative du Moulin sont produites par l’équipe elle-même. Un fait rare, distinctif. «Et quelque chose sur lequel on va essayer de capitaliser dans les prochaines années.»

    De la première mise en vente de semences à l’hiver 2022, à la mise en place d’une dizaine de kiosques dans les magasins à peine trois ans plus tard, le volet semencier de la Ferme Coop du Moulin se développe. Avec elle, de nouvelles ambitions.

    >> DES CONSEILS EN BREF 

    Vous comptez faire un jardin cet été? Vous êtes toujours à la recherche de semences pour votre potager? La Ferme coopérative du Moulin a accepté de partager quelques conseils. Le premier? Bien lire les enveloppes!

    «Souvent les gens regardent juste le prix et la variété, mais ils sont déçus en arrivant chez eux. Parfois, c'est moins cher, mais c'est seulement parce qu'il y a moins de semences dans le paquet! Nous, on fait des tests de germination chaque année pour chaque lot de semences afin de s'assurer que le taux de germination, qu'on écrit sur le paquet, est assez haut pour la vente. On met aussi sur l'emballage le nombre de semences que les gens peuvent s'attendre à trouver dans le paquet. Cela assure de ne pas avoir de mauvaises surprises quand tu veux partir tes plants!»  

    Sinon, les passionnés suggèrent également aux jardiniers amateurs d'essayer les variétés patrimoniales et biologiques. «C'est souvent des variétés qui ont passé le test du temps et qui sont naturellement plus résistantes aux maladies, à la sécheresse, aux insectes», souligne Félix Lévesque.

    «Avec les changements climatiques et nos étés de plus en plus imprévisibles, c'est bon de commencer son jardin avec des variétés qui ont une bonne adaptabilité naturelle. Choisir des variétés biologiques, c'est souvent aussi un bon moyen d'avoir des semences performantes dans des conditions similaires à leur jardin (sans pesticides de synthèse, sans herbicide, etc.).»

    À vos crayons et calepins!

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