Des proches dénoncent la relocalisation d’une ainée à 60 kilomètres de chez elle
Josée Vaillancourt et sa mère Jeannine Roy se retrouvent dans une impasse du système de santé québécois. Devant le manque de places disponibles en CHSLD dans la région de Rivière-du-Loup, Mme Roy qui est hospitalisée depuis trois semaines, devra être relocalisée à Saint-Pacôme, à une soixantaine de kilomètres de sa fille. «À Saint-Pacôme, je ne pourrai pas être là autant, à tous les jours. Elle va finir par m’oublier, avec ses pertes de mémoire», craint Josée Vaillancourt.
Il y a un mois et demi, Mme Roy était hébergée au Refuge des ainés, une ressource intermédiaire de la rue des Pivoines à Rivière-du-Loup. Josée Vaillancourt a été informée par l’équipe de cette résidence que sa mère devrait éventuellement déménager en raison de sa perte d’autonomie liée à un trouble neurocognitif.
Une semaine plus tard, elle a été transportée par ambulance vers le Centre hospitalier régional du Grand-Portage puisqu’elle n’était plus en mesure de se lever par elle-même. Après son évaluation, il a été déterminé qu’elle ne pourrait pas retourner dans son milieu de vie. Elle a tout de même été ramenée au Refuge des ainés, une fois ces examens passés.
Le 22 juin, rebelote, Mme Roy était de retour à l’hôpital pour une deuxième hospitalisation, et elle y a séjourné trois semaines. Lors de cette période, elle est passée par le département de pédiatrie, elle a été évaluée au 6e étage, avant de se retrouver dans une chambre du 4e étage, au département de chirurgie.
«Elle le sait qu’elle n’est pas malade. Elle ne comprend pas pourquoi elle est à l’hôpital», explique Josée Vaillancourt. «Ma belle-mère, à la minute qu’on la change de chambre [à l’hôpital], c’est comme si on la changeait de milieu. Je l’ai vécu avec ma mère, elle est désorientée, et l’anxiété et la peur embarquent. Le personnel soignant en a plein les bras», ajoute son conjoint, Réjean Bastille.
Le 11 juillet, Josée Vaillancourt a été informée par le personnel de l’hôpital que sa mère serait transférée dans un établissement à Saint-Pacôme, où une place adaptée à son état de santé et à son autonomie est disponible. Elle refuse de consentir sur papier à ce transfert, puisqu’elle n’a pas été consultée dans cette prise de décision.
«J’ai aidé ma mère à déménager de Rimouski à Rivière-du-Loup en 2019 pour être plus près d’elle, et là je l’enverrais à Saint-Pacôme ? Ça n’a pas de bon sens. Je suis avec elle tous les midis et les soirs parce qu’elle me dit qu’elle n’a pas faim.» Le lendemain, le 12 juillet, sa mère a effectivement été transportée vers Saint-Pacôme.
INCOMPRÉHENSION
Josée Vaillancourt et Réjean Bastille ne comprennent pas pourquoi, malgré les annonces de l’ouverture du CHSLD de Chauffailles et de la Maison des ainés, il n’y a aucune place disponible à Rivière-du-Loup. Ils déplorent que les «coupures de ruban» ne se concrétisent pas dans la réalité.
«Ce n’est pas juste à nous que ça arrive. Je parle au nom de ma mère aussi qui a vécu une situation similaire. C’est le système qui est fait comme ça, c’est de la marde, excusez mes mots, mais c’est ça. C’est trop gros, c’est hallucinant», lance Réjean Bastille.
Le couple croit que plusieurs autres personnes pourront se reconnaître dans leur histoire. Elles sont mises devant le fait accompli, sans pouvoir choisir le lieu qui convient à l’état de leurs parents. «On veut dénoncer la situation, parce que plus ça change, plus c’est pareil. Malgré les réformes, le problème reste toujours le même. Ce n’est pas un chien ou une poubelle qu’on déménage, c’est un être humain», complètent-ils.
Tous les deux conviennent que l’hôpital n’est pas un endroit adapté aux besoins d’une personne âgée en perte d’autonomie. Ils comprennent bien que les équipes soignantes doivent suivre des protocoles et des procédures normées pour désengorger l’urgence et l’hôpital. Le couple n’adresse aucune critique au personnel de la santé dans ce processus.
«C’est le système a besoin de plus d’humanité. Si personne ne dit non et se tient debout, ça n’aura plus de sens.»
Appelé à détailler les priorités à respecter pour relocaliser des patients en perte d’autonomie qui ne pourront réintégrer leur résidence à la suite d’une hospitalisation, le CISSS du Bas-Saint-Laurent indique que «tout est fait pour le garder idéalement le plus près possible de son milieu de vie d’origine.» Aucun porte-parole n’était disponible pour élaborer davantage sur le processus qui se met en place. Le porte-parole du CISSS du Bas-Saint-Laurent, Gilles Turmel, confirme que les 120 places de la Maison des ainés de Rivière-du-Loup sont comblées.
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