Budget du Québec 2022
Des demi-mesures pour l’attraction et la rétention de la main-d’œuvre
Bien qu’elle reconnaisse les réinvestissements du gouvernement Legault dans les services publics, l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) déplore le manque, dans le budget du ministre des Finances Éric Girard, de mesures pour favoriser l’attraction et la rétention du personnel dans un réseau qui a été fragilisé par la pandémie.
«On dirait que le ministre Girard n’a pas eu le mémo à propos de la pénurie de main-d’œuvre qui affecte la société, et plus particulièrement le réseau de la santé et des services sociaux (RSSS). Dans son budget, il semble pourtant reconnaître l’importance d’un personnel valorisé et bien traité pour consolider le réseau et admet d’ailleurs que c’est d’abord en investissant dans les travailleurs, dont les technicien·ne·s et les professionnels, en reconnaissant leur expertise à sa juste valeur que nous pourrons offrir à la population des soins et des services de qualité. Au final, que des mots : ce 4e budget du gouvernement Legault ne prévoit encore aucune nouvelle mesure pour l’attraction et la rétention du personnel», déplore Simon Dubé, représentant national de l’APTS pour le Bas-St-Laurent.
Éviter de rejouer dans le même mauvais film
L’APTS regrette aussi que le ministre des Finances n’ait pas profité de ce budget pour en finir avec le sous-financement hérité de la période d’austérité des dernières années. Pour éviter toute dérive future et de nouveaux cycles de compressions, l’APTS a suggéré au gouvernement de mettre en place un bouclier budgétaire pour protéger le financement du RSSS. Avec un tel mécanisme en place, c’est aujourd’hui 1,5 milliard de dollars en plus qui serait disponible pour améliorer les services à la population.
«S’il est acceptable de restreindre la marge de manœuvre du gouvernement au nom de l’équilibre budgétaire et de la diminution de la dette publique, pourquoi ne pourrait-on pas appliquer le même type de contraintes légales au financement des soins de santé et des services sociaux? On se dirige encore une fois vers une nouvelle réforme du RSSS et on n’a aucune garantie sur son financement futur. Il y a une pénible impression de déjà-vu pour les salariés» ajoute le représentant national.
Refondation ou privatisation
Malgré l’absence d’un bouclier budgétaire dans ce budget, il va sans dire que la table est mise pour le projet de refondation du RSSS. Cette nouvelle réforme part malheureusement sur de mauvaises bases : aucune consultation publique ne semble avoir eu lieu, ce qui aurait pourtant permis d’éviter les erreurs de la réforme Barrette.
«Encore une fois, un gouvernement va tenter de réformer le RSSS sans consulter les travailleur·euse·s et la population. Le ministre Dubé se base sur une vision managériale, qui provient de compagnies privées, pour tenter de mesurer la performance des soins et des services procurés par nos membres. Le RSSS, ce n’est pas une usine. Nous traitons, soutenons et accompagnons des êtres humains, dont plusieurs sont dans une situation de grande vulnérabilité. Si le ministre Dubé veut réellement améliorer le réseau, il doit écouter les personnes sur le terrain et travailler avec elles. Notre organisation lui tend la main, encore une fois», a conclu Simon Dubé.
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