Maison du 435 Lafontaine : la Fédération Histoire Québec se mêle à la discussion
Dans une lettre envoyée à la Ville de Rivière-du-Loup, la Fédération Histoire Québec (FHQ), dont les bureaux sont situés à Montréal, se mêle de la discussion concernant la demande de permis pour la démolition de la maison située au 435, rue Lafontaine. Des promoteurs de Rivière-du-Loup veulent construire à cet emplacement un nouveau bâtiment similaire pour y aménager un pub.
Le comité du patrimoine de la FHQ intervient dans divers dossiers visant la sauvegarde et la mise en valeur de notre patrimoine national. «Il nous apparait que cette maison plus que centenaire possède une importante valeur au niveau architectural, historique, social et environnemental», indique Clément Locat, président du comité du patrimoine de la Fédération Histoire Québec.
M. Locat rappelle que cette demeure fut propriété du photographe, homme d’affaires, échevin et citoyen impliqué socialement dans sa communauté, Stanislas Belle, au tournant du 20e siècle. Après sa vente par la famille Belle à l’Alliance française, la maison a connu une vocation culturelle et éducative pendant une vingtaine d’années. Elle a par la suite eu plusieurs propriétaires. «Par devoir de mémoire, la sauvegarde de cette maison serait l’hommage le plus approprié à rendre au photographe Stanislas Belle dont elle devrait porter le nom», souligne le président.
«Démolir un bâtiment ancien pour en construire un pastiche est un geste qui a peu de sens. La remise en état de cette structure et la restauration de l’ensemble ne représente pas un geste inusité. Il est également probable que sous le revêtement de vinyle, le revêtement de bois d’origine soit récupérable», note Clément Locat.
Dans ce contexte, la Fédération Histoire Québec demande une expertise indépendante de l’état du bâtiment par un architecte spécialisé en bâti ancien. «Nous incitons également la Ville de Rivière-du-Loup à procéder à la citation des maisons situées au 433 (sa jumelle voisine) et 435, rue Lafontaine, un geste qui protégerait l’aspect extérieur de ces maisons sans interférer avec l’usage projeté par les nouveaux propriétaires. Ce statut permettrait en outre l’octroi de subventions à la restauration du bâtiment situé au 435 de cette rue», mentionne M. Locat dans sa lettre.
Le comité du patrimoine de la Fédération Histoire Québec invite les représentants du ministère de la Culture à adopter la même position dans ce dossier. «Nous ne nions pas que ce secteur de la ville a besoin d’un effort de revitalisation mais celui-ci ne doit pas se faire au détriment du patrimoine qui en est la valeur principale», note le président.
Le 11 janvier dernier, la Ville de Rivière-du-Loup a tenu une consultation publique concernant cette demande de démolition de la maison située au 435, rue Lafontaine. L’un des promoteurs, Yvan Thibault, y a présenté le projet qui permettrait de revitaliser cette partie de la rue Lafontaine. Il a d’ailleurs reçu l’appui de plusieurs personnes, notamment du mode des affaires. De nombreux opposants à la démolition se sont aussi manifestés à cette occasion.
C’est le comité de démolition, mandaté par la Ville, qui se penche actuellement sur la demande des promoteurs. Trois membres du conseil municipal de Rivière-du-Loup, Steeve Drapeau, André Beaulieu et Nelson Lepage, siègent sur le comité de démolition. Un employé de la Ville, Éric Malenfant, agit comme secrétaire. Mario Bastille, comme maire, est substitut au sein de ce comité.
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«Sur un plan technique, l’architecte Daniel Dumont, qui accompagnait le promoteur, a expliqué que le bâtiment actuel du 435, rue Lafontaine est victime d’une détérioration importante et avancée en raison de l’abandon des dernières années. L’immeuble présente plusieurs problématiques qui incitent la demande de démolition.
«Si nous voulions le conserver, il faudrait lever le bâtiment, refaire les fondations, les connexions à la rue, tous les revêtements extérieurs et intérieurs, l’isolation, la plomberie, etc. Tout ce qui resterait, c’est le squelette d’un bâtiment qui devrait être redressé et solidifié, si possible. Remettre ce bâtiment aux normes sismiques et structurelles serait aussi pratiquement impossible», a-t-il dit.
«Outre les fonctions historiques du bâtiment et ses proportions, on ne retrouve plus rien de patrimonial à l’intérieur, ni rien qui est digne d’être conservé», a-t-il ajouté, soulignant que les fenêtres, par exemple, ont été changées et que le revêtement de bois et les moulurations ne sont plus présentes.»
Ce serait une honte de le voir transformer en pub.