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Avis de recherche pour des orthophonistes en milieu scolaire 

durée 1 novembre 2021 | 06h56
  • Marc-Antoine Paquin
    Par Marc-Antoine Paquin

    Journaliste

    Psychologues, orthopédagogues, orthophonistes…les professionnels qui œuvrent dans le réseau scolaire public sont une denrée rare à travers la province et la région n’échappe pas à cette dure réalité. Depuis plus d’un an, le Centre de services scolaire Kamouraska-Rivière-du-Loup tente de pourvoir deux postes d’orthophonistes sur quatre, sans succès jusqu’ici. 

    Rencontres dans les universités, annonces ciblées sur les réseaux sociaux avec l’aide de firmes spécialisées… l’équipe des ressources humaines du centre de services multiplie pourtant les démarches afin de dénicher des orthophonistes, ces professionnels des troubles de la communication, pour venir épauler l’équipe en place. Mais rien à faire, les postes vacants restent…vacants. Le défi est de taille. 

    «Ce n’est pas parce qu’on ne fait pas de recherches ou de recrutement», assure d’ailleurs Geneviève Soucy, secrétaire générale et directrice des communications au Centre de services scolaire Kamouraska-Rivière-du-Loup, précisant que les psychologues scolaires sont aussi des professionnels difficiles à recruter.

    «Nous sommes toujours en recherche, mais la disponibilité de ces personnes-là n’est simplement pas au rendez-vous. Tous les centres de services tentent de mettre la main sur les mêmes ressources disponibles et ce qu’on constate, c’est que le secteur privé est aussi souvent favorisé par ce type de personnel.»

    Au Québec, la situation actuelle n’est pas nouvelle, mais elle est plus que jamais d’actualité. Dans une sortie à l’Assemblée nationale, la semaine dernière, la députée libérale de Saint-Laurent, Marwah Rizqy, s’est levée pour dénoncer un manque d’orthophonistes dans le milieu scolaire québécois, une problématique soulevée à la suite d’une rencontre avec l'Association Québécoise des Orthophonistes et Audiologistes (AQOA). Dans son allocution, elle citait en exemple la réalité de plusieurs régions, dont celle de Kamouraska-Rivière-du-Loup. 

    Au cours du mois d’octobre, l’Ordre de la profession, l’OOAQ, a aussi publié une analyse des enjeux vécus par ses membres œuvrant en milieu scolaire. On y note que plusieurs «signaux d’alarme», dont les postes non comblés et l’exode des membres vers le réseau privé, indiquent «que la situation de l’orthophonie dans le réseau scolaire québécois se dégrade depuis plusieurs années». «Il faut reconnaître le manque d’orthophonistes scolaires, car la réussite éducative de plusieurs jeunes est en jeu», presse-t-on.  

    Selon des témoignages recueillis par l’AQOA et l’OOAQ, la situation délicate et difficile de l’orthophonie en milieu scolaire peut être expliquée par différents facteurs. En région, comme en ville, une complexité dans la gestion et l’encadrement du travail, la charge de travail qui augmente continuellement et les mauvaises compréhensions et perceptions à l’égard du rôle des orthophonistes sont source courante de frustration. 

    L’isolement professionnel, le fait de ne pas prendre part aux décisions, les conditions salariales, l’instabilité de la profession malgré une permanence et «l’impression d’éteindre des feux» dans plusieurs écoles, combiné au sentiment «de ne pas faire de réelle différence», seraient aussi des raisons évoquées. Ajoutez à cela la COVID-19. 

    Au Québec, on retrouve présentement 3066 orthophonistes, selon les données de l’OOAQ. De ce nombre, 28,3 % exercent en milieu scolaire et 19 % en pratique privée. On estime qu’une centaine d’orthophonistes sont diplômés chaque année. 

    Pour les régions de Kamouraska et Rivière-du-Loup, le plan d’effectifs du Centre de services scolaire compte sur quatre postes d’orthophonistes pour combler l’ensemble des besoins du territoire. Actuellement, seulement deux d’entre eux sont pourvus et une professionnelle tomberait bientôt en congé de maternité. 

    Geneviève Soucy explique qu’une partie de la charge actuelle des orthophonistes en poste est la formation du personnel, comme les enseignant(es) et les techniciennes en éducation spécialisée, afin que ces personnes puissent travailler sur le terrain avec des connaissances accrues en orthophonie. 

    «Parfois, on peut être très efficaces en formant les gens sur le terrain auprès des élèves, plutôt que d’y aller dans une approche où on essaie de couvrir l’ensemble des élèves du territoire. Tout dépend de la façon dont on offre le service», explique-t-elle. «L’objectif est toujours d’offrir le meilleur service à l’élève pour l’aider dans sa réussite en fonction de ses besoins, tout en préservant une bonne qualité de travail pour le personnel.»

    Mme Soucy souligne également que des contrats peuvent aussi être donnés à des travailleurs de l’extérieur, afin que ceux-ci viennent pallier dans les secteurs du territoire où il y a des besoins. «L’idée est de ne pas surcharger davantage le personnel qui n’est pas en place [dans ces milieux].»

    Si les postes actuels réussissaient à être comblés, le Centre de services scolaire ne ferme pas non plus la porte à ajouter un poste supplémentaire, toujours dans l’objectif d’optimiser le service et favoriser la rétention de son personnel. 

    PISTES DE SOLUTION 

    Dans son analyse, l’Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec cible plusieurs pistes de solution afin de mettre en place des conditions de travail gagnantes qui convaincront les orthophonistes déjà en postes à rester dans le milieu de l’éducation et d’autres de le joindre. On estime notamment qu’il faut davantage «valoriser et reconnaître les compétences professionnelles et le rôle des orthophonistes», «mettre en place des stratégies de recrutement, d’accueil et de rétention des orthophonistes», «améliorer les conditions d’exercice et de travail» et «travailler en concertation avec le milieu de la santé pour assurer un travail de collaboration et de continuité avec le milieu scolaire». 

    L’AQOA est du même avis. Elle espère d’ailleurs que le gouvernement et les centres de service prendront conscience de l’importante des orthophonistes dans le milieu scolaire et qu’ils investiront en ce sens. L’accessibilité des services est directement reliée au succès de nombreux élèves, rappelle-t-elle. 

     

    commentairesCommentaires

    1

    • DA
      Denis Arsenault
      temps Il y a 2 ans
      Les conditions de travail, au public, sont épouvantables. Les orthos ont le choix du public ou du privé. Ou pensez-vous qu'ils vont?
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