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Un homme, un kilt et son chien de traineau 

durée 24 octobre 2021 | 06h55
  • Marc-Antoine Paquin
    Par Marc-Antoine Paquin

    Journaliste

    Le ciel était gris et la pluie omniprésente. Pourtant, le long de la route 132, entre Saint-André-de-Kamouraska et Rivière-du-Loup, un homme et une Husky poursuivaient un voyage qu’ils ont entamé ensemble il y a plus de huit mois en Colombie-Britannique. Une grande aventure de plus de 7000 kilomètres d’un bout à l’autre du pays que la météo n’allait simplement pas interrompre cette journée-là.

    Michael Yellowlees et Luna, sa fidèle compagne à quatre pattes, sont passés dans la région en coup de vent, samedi dernier, sans trop faire de bruit. Malgré le kilt que Micheal porte à la taille, hommage distinctif à ses origines écossaises, le duo s’est complètement camouflé au paysage automnal du bord du fleuve. Les quelques automobilistes rencontrés sur le chemin ont sans doute pensé à un marcheur motivé – et un brin unique –, sans plus. 

    Or, cette «marche» à laquelle ils ont brièvement assisté n’a rien d’ordinaire. Le voyage de Michael et Luna est suivi d’un bout à l’autre du pays depuis mars dernier, lorsqu’ils sont partis de Tofino sur la côte ouest de l’ile de Vacouver avec Cape Spear, le point le plus à l’est de Terre-Neuve-et-Labrador, comme destination. Ils pensent y être quelque part à la fin novembre, début décembre, à coup d’une quarantaine de kilomètres chaque jour. 

    «Une grande aventure», concède avec le sourire le trentenaire, dont la tignasse et la barbe rousse, combinées à un accent jovial, trahissent joliment son Écosse natale. «C’est grand le Canada. Quelqu’un aurait dû me prévenir», blague-t-il avec le sourire. 

    Michael Yellowlees et Luna – un ancien chien de traineau de sept ans – font la traversée du Canada pour sensibiliser sur la déforestation et amasser des fonds pour l’organisme Trees for Life, dont l’objectif est de repeupler d’arbres la forêt de conifères calédonienne qui couvrait autrefois une grande partie de l’Écosse. L’idée lui est venu lorsqu’il marchait dans la région des Highlands, il y a quelques années.  

    «Je viens de Dunkeld, un petit village décrit comme la porte d’entrée vers les Highlands. Dans ce grand territoire, au nord de l’Écosse, il n’y a pratiquement plus d’arbres. C’est triste à voir. C’est un grand désert de l’hémisphère nord», illustre-t-il.  

    «J’essaie donc de redonner à la terre que j’aime, celle qui accueille ma maison. Mais plus encore, je souhaite faire ma part pour contrer cette grande crise climatique qui nous affecte tous.» 

    L’aventurier souligne avoir choisi le Canada pour «ses régions sauvages extraordinaires» et pour «la connexion spéciale» qu’il y a ici avec l’Écosse (près de 5 millions de Canadiens ont un héritage écossais). Selon lui, le Canada profite de grandes forêts et d’une faune diversifiée. Il y sent le respect de la nature et c’est pourquoi il s’est dit que ce grand pays d’Amérique du Nord serait la toile de fond idéale pour son projet déjanté. 

    «Je veux aussi faire réaliser aux gens qu’ils ne doivent pas prendre la nature pour acquis, que ce n’est pas une ressource inépuisable. Au Canada, vous avez cette chance que nous n’avons plus chez nous. Vous ne devez pas la perdre.»

    Depuis huit mois maintenant qu’il dit être émerveillé par la beauté des lieux dans lesquels il marche et il dort. Il y a quelques semaines, il a même entendu un loup hurler en pleine nuit, un «moment spécial» qu’il espère pouvoir vivre en Écosse un jour. «Le pays est différent d’un bout à l’autre, mais c’est beau partout», dit-il à propos du Canada, avouant avoir un coup de cœur pour le fleuve Saint-Laurent et les couleurs de la région en automne. 

    Depuis leur départ, les journées ont été longues et chaudes, les nuits - passées à la belle étoile - souvent fraiches. Il ne compte plus les paires de souliers qu’il a usées et il en est à son deuxième kilt. «L’autre était complètement détruit», rigole-t-il. 

    Mais malgré les défis physiques et psychologiques inhérents à un tel défi, Michael Yellowlees dit être reconnaissant. Luna et lui se portent bien et ils ressentent un immense soutien, d’ouest en est du pays. Tous les jours, des gens offrent de l’eau, de la nourriture ou un toit pour la nuit. 

    «Je suis vraiment ravi de l’accueil que je reçois partout, de l’intérêt qu’on m’accorde. La bonté humaine, c’est ce que je retiens le plus jusqu’ici, bien que ce ne soit pas terminé. Les gens sont simplement exceptionnels.»

    La page Facebook du projet, «Michael and Luna-A Rewilding Journey», se consulte d’ailleurs comme une grande lettre d’amour au Canada. Il y publie des photos, raconte ses rencontres et partage des anecdotes quand il réussit à avoir un peu de Wi-Fi. Il donne aussi des nouvelles de sa fidèle partenaire «sans qui il ne pourrait rien faire de tout cela». 

    Au cours de la fin de semaine, Michael Yellowlees et Luna ont pris la direction du Témiscouata et du Nouveau-Brunswick, destinations qu’ils ont atteint grâce à la Route Verte. Ils n’en étaient pas à leur première sortie loin du réseau routier, eux qui ont voyagé en canoë dans le nord de l’Ontario, il y a quelques semaines. 

    Le duo a amassé plus de 40 000 $ jusqu’ici pour Trees for Life. Michael espère que la campagne pourra connaitre un nouveau souffle d’ici son arrivée. Mais peu importe, ce voyage est déjà une grande réussite, une aventure qui lui a apporté bien plus qu’il ne pouvait l’imaginer. 

     

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