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Rareté du logement: entre disponibilité et précarité

durée 4 octobre 2021 | 06h59
  • François Drouin
    Par François Drouin

    Directeur de l'information, journaliste

    Pour de nombreux ménages, la recherche d'un logement abordable à Rivière-du-Loup relève trop souvent d'un véritable chemin de croix. Plusieurs marqueurs indiquent que la Ville et la MRC sont confrontées à une pénurie de logements dits accessibles. Si un 5 ½ à 1 500 $ par mois ne vous fait pas peur, bienvenue dans le Far West du marché locatif louperivois.

    L’Alliance pour la solidarité et l’inclusion sociale du Bas-Saint-Laurent a été mandatée pour réaliser une étude-diagnostic concernant la situation du logement dans la région et donc la MRC de Rivière-du-Loup a été en mesure de ventiler avec Info Dimanche certains résultats.

    «L’étude a été menée sous l’angle de la lutte à la pauvreté. Dans Rivière-du-Loup, dont les problématiques ont été identifiées, on retrouve celle du logement. L’étude a cherché à déterminer le portrait de l’habitation dans la MRC sous l’angle de la précarité», explique la directrice au développement social de la MRC de Rivière-du-Loup, Anaïs Giroux-Bertrand.

    Les statistiques d’inoccupation transmises à Info Dimanche dans le secteur privé sont aussi appuyées par des entrevues, notamment sur les préjugés, sur l’immigration et sur la présence d’enfants. «Ce sont des éléments qui ajoutent à la difficulté d’aller chercher un appartement que ce soit un 3 ½, un 4 ½ ou un 5 ½ où il y a plus d’obstacles», ajoute Mme Giroux-Bertrand.

    >> Des logements refusés parce qu’elles ont des enfants 

    MARS 2021

    Dans le cadre de l’étude, un instantané a été effectué en mars dernier. Bien que l’échantillon soit plus mince, des moyennes de couts de location de logements ont été établies en consultant les principaux portails comme la section des petites annonces d’infodimanche.com, Kijiji ou encore LesPAC.

    Le cout des loyers s’inscrit comme suit : 540 $ pour un studio, 540 $ pour un 2 ½, 650 $ pour un 3 ½, 670 $ pour un 4 ½ et jusqu’à 1 500 $ pour un 5 ½. «L’échantillon a été effectué en mars 2021, sur les moteurs de recherches de Rivière-du-Loup. C’est vraiment une photo à cette date-là en fonction de ce qui était affiché», ajoute la directrice au développement social de la MRC.

    INOCCUPATION

    À Rivière-du-Loup, alors que le taux d’inoccupation des logements a atteint une moyenne de 2,2 % entre 2000 et 2010, il a grimpé jusqu’à 6 % en 2015. En 2020, il a plongé à 0,6 % dans le cas des 4 ½ à Rivière-du-Loup. Rappelons que le point d’équilibre se trouve à 3 %.

    Malgré qu’il ait atteint un sommet en 2015, les statistiques fournies par Mme Giroux-Bertrand indiquent que pas moins de 4 500 personnes ont consacré plus de 50 % de leurs revenus à leur logement alors qu’idéalement, cette proportion doit se situer sous les 30%.

    «C’est 15 % des ménages qui se retrouvaient à consacrer plus de 30 % de leur revenu au loyer. Et il y a aujourd’hui un accroissement important du taux d’indisponibilité», ajoute-t-elle. Dans un marché nettement moins favorable aux locateurs, le pourcentage de ménages consacrant plus de 30 % de leur revenu à leur logement ne peut qu’avoir augmenté. En 2020, une personne doit débourser 608 $ pour son appartement, une moyenne qui inclut le simple studio à l’appartement de plusieurs chambres.

    L’étude doit permettre de cibler les actions et les recommandations à poser dans la prochaine année et demie afin de tenter de contrer les impacts de cette pénurie de logements disponibles répondant aux besoins de la clientèle, y compris celle plus vulnérable.

    La situation dans la MRC de Rivière-du-Loup n’est pas aussi criante qu’à Rimouski, mais des nuances comme celles de la salubrité, de superficie et du cout sont aussi à considérer dans l’occupation des loyers.

    RIVIÈRE-DU-LOUP

    Le candidat à la mairie de Rivière-du-Loup, Mario Bastille et la directrice de l'Office régional d’habitation de Rivière-du-Loup (ORH) Ikrame Baze refusent de parler de crise pour le moment. M. Bastille nuance toutefois sa position. «S'il n'y a pas de crise aujourd'hui, ça ne veut pas dire qu'il n'y en aura pas et pour l'éviter, il faut commencer à mettre en place des mesures qui nous permettront d'y faire face et ça demande du temps, si nous attendons à la dernière minute avant de frapper le mur, on sera déjà en retard.»

    S'il est porté au pouvoir, M. Bastille entend donc travailler avec le futur conseil de Ville afin de sensibiliser les promoteurs sur la problématique de la rareté des logements adaptés et des petits logements abordables, plus encore dans le secteur privé.

    «Il peut se mettre en place des mécanismes pour aider, mais il n’y a pas eu de demande formelle encore. Si l’ORH veut aller de l’avant avec un projet, évidemment, la Ville participera, à la hauteur de ce qui est possible, même chose si l’initiative vient du secteur privé, dans le respect des lois et règlements en place, mais avant je dois avoir le pouls du conseil.»

    Chose certaine, le candidat, s’il ne se commet pas dans un engagement concret insiste et marque son intérêt pour l’augmentation du nombre de logements adaptés, ainsi que de loyers de type 3 ½ dans la Ville.

    ORH

    L'ORH de Rivière-du-Loup qui gère 430 à loyers modiques dans la MRC de Rivière-du-Loup confirme que 56 demandes sont présentement en attente. «Ça ne reflète pas nécessairement la crise dont en entend parler. Les demandes concernent principalement des logements à Rivière-du-Loup. Sur ces 56 personnes, 80 % veulent des 3 ½ et ce sont majoritairement des personnes âgées ou des personnes seules», explique la directrice de ORH, Ikrame Baze.

    Au cours de la période estivale, l’ORH a pu relocaliser de façon permanente 17 familles aux besoins urgents en raison de violence conjugale. Sur les 430 logements, 14 sont vacants, dont la majorité sont à Saint-Cyprien ou Saint-Hubert-de-Rivière-du-Loup. Certains sont en rénovation.

    Ikrame Baze ajoute que toutes les demandes urgentes sont toujours traitées par l’ORH de Rivière-du-Loup, elle évite donc de parler d’une crise. «C’est sûr qu’on planifie pour le futur et ça va nous prendre des logements de plus. Nous sommes en train de discuter d’un éventuel projet pour agrandir notre parc immobilier», conclut-elle. Depuis octobre 2019, le portrait de la clientèle a changé et davantage de demandes reçues par l'ORH concernent des personnes ayant des limitations physiques ou intellectuelles.

    Le projet de l'ancien monastère des Soeurs Clarisse annoncé en mai dernier par le gouvernement du Québec prévoit la construction de 25 unités de logements sociaux et abordables à Rivière-du-Loup.

    Collaboration : Andréanne Lebel

    >> À lire aussi : 

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