Se souvenir des enfants autochtones oubliés
Une cérémonie de commémoration silencieuse s’est tenue jeudi après-midi à Cacouna en mémoire des enfants autochtones disparus, des survivants des pensionnats et de leurs descendants. L’événement, organisé par la Première Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk, s’est déroulé sur le site du Pow Wow près du parc de la Fontaine Claire.
Plus d’une quarantaine de personnes vêtues d’orange étaient présentes à ce rassemblement en signe de solidarité pour les communautés autochtones. Rappelons que des restes de 215 enfants ont été découverts à la fin du mois de mai dernier en Colombie-Britannique, de même que 751 tombes anonymes la semaine dernière en Saskatchewan.
Pierre Morais, Malécite et consultant en transmission du savoir traditionnel en culture et en spiritualité, était le porte-parole de l’événement. Lors de la cérémonie, M. Morin a «remercié la Terre-Mère» avec du tabac, puis a planté un cèdre, symbole de guérison et de purification, dans le sol du site Pow Wow.
Ce dernier a par la suite inséré une flèche de prière dans la terre près de l’arbre purifié. «L’arbre va rester là et les gens vont pouvoir venir se recueillir devant cet arbre le temps qu’il durera,» a expliqué le porte-parole. Une minute de silence a également été prise par les gens sur place en mémoire des victimes et des survivants de ces événements tragiques.
UN GÉNOCIDE
La découverte des tombes anonymes et des corps d’enfants dans les dernières semaines a profondément ébranlé Pierre Morais. «C’est un désastre. Moi je fais juste penser à ces familles-là qui ont perdu leurs enfants, qui n’ont jamais pu devenir quelqu’un. Ces dommages-là ne se corrigeront jamais. Ça va toujours demeurer une cicatrice pour tous ceux qui ont subi ça,» a-t-il exprimé.
M. Morais n’a pu cacher sa déception vis-à-vis du peu d’implication de la part du gouvernement canadien dans ce dossier. «De mon point de vue, le Canada n’a pas rempli ses devoirs sociaux envers une partie de la population,» a-t-il affirmé. «La seule faute qu’ils avaient ces enfants-là, c’était d’être différents, de vivre autrement que les Canadiens. Les enfants étaient enlevés des bras de leurs parents, ils allaient les chercher dans les réserves pour les amener dans des pensionnats. C’est un génocide.»
Le consultant en transmission du savoir traditionnel et porte-parole des communautés autochtones souligne que cette découverte de restes d’enfants et de tombes anonymes n’était certainement pas la dernière. «Il va y en avoir d’autres. En ce moment, on en découvre dans l’ouest mais ça va s’en venir vers l’est aussi.»
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