Le quart des professionnels du milieu de l’éducation de la région songeraient à quitter leur emploi, révèle une enquête
Pas moins du quart des professionnelles et professionnels œuvrant dans les écoles de la région songeraient à quitter leur emploi. C’est ce qu’a révélé une enquête menée par la Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec (FPPE-CSQ) et le Syndicat des professionnelles et professionnels des commissions scolaires du Grand-Portage (SPGP-CSQ) auprès de leurs membres des centres de services scolaires du Fleuve-et-des-Lacs et de Kamouraska–Rivière-du-Loup.
Johanne Gingras, présidente du SPGP-CSQ, a affirmé lors d’une conférence de presse mardi matin que 44% des répondants de la région identifient le manque de reconnaissance de leur travail comme étant la cause principale pour quitter leur emploi. De plus, 60 % souhaiteraient occuper un emploi différent tout en demeurant dans le secteur public.
Mme Gingras a ajouté que l’ensemble des professionnelles interrogées déplorent ne pas pouvoir intervenir auprès de l’entièreté des élèves ayant des besoins particuliers, ni même agir dans un contexte de prévention. Ainsi, 100 % des personnes sondées soutiennent que seuls les élèves qui présentent des problèmes urgents ont accès aux services, alors que 73 % disent ne pas avoir le temps de faire d’interventions préventives, ni le nombre de suivis qu’ils jugent requis auprès des élèves concernés.
La présidente du SPGP-CSQ a également fait part d’autres données préoccupantes. En effet, 50 % des répondantes et répondants jugent qu’il n’y a pas suffisamment de ressources, alors que 41 % considèrent avoir un trop grand nombre d’écoles à couvrir. Une orthophoniste en milieu scolaire au Kamouraska et à Rivière-du-Loup, Lisandre Bergeron-Morin, abonde en ce sens. «Moins il y a de ressources, plus il y a de décisions à prendre, et moins il y a d’épaules pour les soutenir. Il faut que les solutions viennent à un niveau plus régional et local», a-t-elle déclaré.
Sur son territoire, elle est la seule professionnelle en place pour 5 postes disponibles à travers 10 écoles différentes. Mme Bergeron-Morin souligne qu’au Témiscouata, seul un poste en orthophonie est occupé pour l’ensemble des écoles de la commission scolaire.
«Les gens sont épuisés, et nos directions continuent de gérer les ressources humaines comme si on était encore à l’époque où l’on comptait plusieurs personnes pour un poste disponible. […] Sans compter que la pénurie de personnel vient empirer les conditions de travail des employés qui restent. Une telle situation est désespérante et pèse lourd sur l’ensemble des professionnelles et professionnels», a terminé Johanne Gingras.
SITUATION SEMBLABLE PARTOUT AU QUÉBEC
Le président de la FPPE-CSQ, Jacques Landry, maintient que la situation difficile vécue dans la région du KRTB est semblable à celle vécue par le personnel professionnel partout à travers le Québec. Il rapporte qu’au Québec, c’est le tiers des professionnelles et professionnels qui songent à quitter leur emploi. «Les raisons invoquées, par ordre d’importance, sont la lourdeur du travail (63 %), le manque de reconnaissance (49 %) et le salaire (41 %). C’est dire à quel point la situation est sérieuse», a commenté Jacques Landry.
À noter que, parmi ceux qui envisagent de quitter leur emploi, la moitié d’entre eux souhaiteraient aller occuper un emploi semblable au privé où ils bénéficieraient de meilleurs salaires et conditions de travail.
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