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L’heure juste sur la situation de l’église Saint-François-Xavier

durée 26 février 2021 | 06h59
  • Andréanne Lebel
    Par Andréanne Lebel

    journaliste

    Il faut trouver une nouvelle vocation à l’église Saint-François-Xavier de Rivière-du-Loup. Même si 53 000 $, dont 15 000 $ de la Ville de Rivière-du-Loup, ont été amassés par le Comité de sauvegarde de l’église Saint-François-Xavier dans l’espoir de pouvoir chauffer le bâtiment patrimonial cet hiver, le même problème de fond subsiste : un projet doit l’occuper pour assurer sa pérennité.

    L’église a fermé ses portes il y a un an maintenant, en février 2020, et elle n’est pas chauffée depuis. Le bâtiment est à vendre pour la somme symbolique de 1 $. À travers les bancs, des morceaux de peinture et de plâtre parsèment le sol. Le responsable de l’entretien du bâtiment pour la Fabrique de Saint-Patrice, Martin Rioux, pointe du doigt quelques endroits gagnés par l’usure où l’eau s’est infiltrée avec le temps, notamment des fissures dans les ornements d’une colonne. Il précise que la structure est saine, bien que l’aspect intérieur envoie des signes contraires. L’effritement de la peinture et du plâtre a commencé bien avant que le chauffage ne soit coupé dans l’église précise-t-il.

    «Pour remettre en marche le système immédiatement, c’est un cout minimum de 15 000$», explique le président de la Fabrique, Gaston Pelletier. L’église est alimentée par un système à l’eau chaude et lors des manipulations l’automne dernier, tous les réservoirs et les tuyaux ont été complètement vidés. Y remettre de l’eau alors que les températures extérieures frôlent les -20 degrés Celsius est, selon lui, trop risqué. «Il faut que je chauffe l’église avec un autre moyen, avec un appareil au propane, par exemple, et ça coute environ 5 000 $.» Il est catégorique, l’église ne sera pas chauffée cet hiver. Cette opération est repoussée à l’automne prochain.

    Le jeudi 18 février, le thermomètre dans la sacristie affichait -4 degrés. Certains purgeurs sur les appareils de chauffage à l’eau datant du début des années 1900 ont été retirés ou ont cassé avec le temps. Il faudra donc les remettre sur l’ensemble des calorifères. «Advenant le cas où un tuyau éclate, on ne sera pas plus gagnant, et en plus on risque de causer des dommages au bâtiment. On s’est dit : pourquoi ne pas attendre à l’été ? Il y a moins de risques de repartir le chauffage. Est-ce que ça vaut la peine de dépenser ces sommes d’argent pour chauffer l’église du 1er mars au 15 avril?», soulève M. Pelletier. Il craint de causer davantage de dommages si le taux d’humidité dans le bâtiment augmente en plein hiver. Les discussions qui auront lieu entre la Fabrique et le Comité de sauvegarde de l’église permettront d’analyser d’autres options que le système à l’eau chaude. Il cite en exemple l’église de Saint-Adrien, en Estrie, chauffée à l’aide de serveurs de cryptomonnaie.

    «Est-ce que ce sera des panneaux solaires, une modification des calorifères vers un système électrique qui chauffe du glycol comme il s’en fait à Saint-Jean-Port-Joli ? […] A-t-on la Cadillac ou autre chose pourrait mieux nous servir ?»

    Une chose est claire pour le nouveau président de la Fabrique de Saint-Patrice : la vocation de lieu de culte de l’église Saint-François-Xavier, c’est fini pour de bon. «La messe à cet endroit-là, c’est terminé. Il ne faut pas se mettre la tête dans le sable et passer à autre chose», complète-t-il. Pour le moment, les hygromètres placés près des murs affichent 17 % et 45%, bien en-deçà du 90% recommandé à la Fabrique pour éviter les bris.

    CHANGEMENT DE VOCATION

    La transformation de l’église Saint-François-Xavier est dans les cartons depuis au moins dix ans, alors que Michel Morin était maire de Rivière-du-Loup. Il y a cinq ans, une étude de marché avait été réalisée afin de regrouper sous son clocher le Centre d’archives de la région de Rivière-du-Loup, la bibliothèque et le Musée du Bas-Saint-Laurent.

    Devant les couts engendrés, les délais administratifs et les défis techniques de ce réaménagement, le projet a été laissé de côté. La transformation est depuis au point mort, bien que des idées aient été soulevées depuis 2019. «On a perdu cinq ans. On a payé pour les études de marché et de faisabilité, mais je n’y ai pas vraiment cru», affirme Gaston Pelletier, portant aussi son chapeau d’ancien président du Centre d’archives.

    De son côté, la mairesse de la Ville de Rivière-du-Loup, Sylvie Vignet, ne croit pas que les études menées au cours des cinq dernières années étaient une perte de temps, mais plutôt un «investissement réfléchi». «Il fallait prendre le temps d’étudier ce projet afin de s’assurer que cette infrastructure ne représente pas des couts exorbitants pour le Musée pour finalement se rendre compte que ce n’était pas une solution viable. Ces documents vont servir pour la suite, ce n’est pas à refaire», ajoute-t-elle. La Ville de Rivière-du-Loup a octroyé une somme de 15 000 $ pour soutenir le Comité de sauvegarde dans ses démarches. Mme Vignet accorde sa confiance à Gaston Pelletier pour piloter ce dossier.

    CARNET DE SANTÉ

    Un carnet de santé et un rapport d’étude rédigés par la firme Atelier5 et Stantec le 27 novembre 2019 rapportent une détérioration avancée du recouvrement d’acier du toit et une perte de chaleur au niveau de l’entretoit. Plusieurs fissures sont apparentes sur le plâtre des murs de la nef centrale. Selon les experts, la fondation et la structure des planchers sont en bon état, tout comme la structure de bois d’œuvre du toit. La structure du clocher est toutefois à solidifier en raison d’infiltrations d’eau. La réfection de la toiture avec un revêtement de tôle d’acier galvanisé est évaluée à 2,2 M$. Cette église en pierre a été érigée en 1905 et est citée site patrimonial, avec la salle paroissiale et le presbytère. Cette protection s’applique à l’enveloppe extérieure et aux terrains.

    IMPLICATION

    Au cours des prochaines semaines et mois, la Corporation du patrimoine religieux de Rivière-du-Loup, le Comité de sauvegarde de l’église Saint-François-Xavier et la Fabrique de Saint-Patrice devront mettre en place les différents morceaux de casse-tête pour trouver une solution viable. La présidente de la Corporation, Suzanne Michaud, assure que l’argent amassé auprès des donateurs sera investi pour le chauffage de l’église Saint-François-Xavier comme prévu afin de protéger l’intégrité de sa structure et les œuvres qu’elle contient.

    «Entre investir de l’argent pour la déconstruire ou la conserver, il faut faire l’exercice comptable. Au cours des 10 dernières années, il n’y a pas de réparations qui ont été faites. Sans amour, c’est sûr que ça use un peu […] C’est un bâtiment avec une valeur exceptionnelle, une architecture intéressante. Les églises, ce sont nos châteaux», ajoute Mme Michaud. Cette dernière préfère qu’un montant de 1 M$, par exemple, soit investi pour réparer la toiture afin d’assurer sa pérennité plutôt que de servir à la déconstruire.

    «On veut intéresser les jeunes adultes à la sauvegarde du bâtiment. Ce sont eux qui vont occuper les lieux au cours des prochaines années. On est à la recherche de la meilleure option pour susciter l’intérêt de la population afin qu’elle se réapproprie ce lieu en dormance», complète Suzanne Michaud. Au cours de la prochaine année «d’incubation de projet», des approches seront faites afin de cibler les besoins des organismes communautaires et publics concernant la location de locaux, par exemple. Des pistes seront aussi explorées pour se tourner vers l’agroalimentaire ou de cohabiter avec des projets existants. Le développement zone d’innovation à Rivière-du-Loup pourrait aussi amener d’autres opportunités intéressantes.

    Pour le moment, il est hors de question de déconstruire l’église, la priorité est de trouver une nouvelle voie viable à ce bâtiment patrimonial. En octobre dernier, le gouvernement du Québec a alloué une subvention de 22 500 $ pour effectuer des études en vue de transformer l’église Saint-François-Xavier à Rivière-du-Loup en édifice multifonctionnel.

    commentairesCommentaires

    2

    • MPD
      Michel P. Desjardins
      temps Il y a 3 ans
      A un certain moment donné, il va falloir se rendre à l'évidence......le choix à mon sens n'est pas compliqué. Je comprends très bien et il est de nature humaine de vouloir conserver de tels biens, surtout
      quand cela nous touche au plus profond de nous-mêmes......comme citoyen ou ancien citoyen de
      cette paroisse ou tout simplement comme résident de Rivière-du-Loup.....mais il ne faut pas que
      ceci puisse « biaiser » les décisions qui ont déjà été prises en 2013-2014. Huit années se sont écoulées et nous en sommes toujours au point mort.
    • RY
      Roy Yvan
      temps Il y a 3 ans
      N'est il pas temps de penser à consulter la science et de l'intégrer à la stratégie de conservation du patrimoine bâti?
      En terme de réduction des coûts énergétiques, il existe maintenant des enduits nano technologiques qui préviennent le passage de la chaleur à travers les matériaux tels que le verre et qui s'appliquent sur les fenêtres existantes sans en changer ni la transparence, ni la beauté. (Même sur les vitraux)
      D'autres encore qui font la même chose mais qui ont l'apparence de peinture- mais isolante.
      Il existe aussi des liquides qui pénètrent les ciments, bétons ou tous substrats pour leur donner un bouclier imperméable aux intempéries et aux changements climatiques.
      Mais il faut être prudent ces enduits ne doivent PAS être issus de la pétrochimie.
      Il s'agit de produit que je connais bien parce que je travaille dans le domaine, mais il y en a sans doute d'autres qu’il faut découvrir.
      N'est il pas temps de pensez différemment?

      Yvan Roy
      Sketch Nanotechnologies
      https://www.sketchnano.com/fr/
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