Quand une mère donne la vie une deuxième fois
Alexandre Thériault avait 23 ans, était en excellente condition physique, avait un bon emploi et des amis formidables. Mais son monde s’est écroulé de façon subite le 27 mai dernier lors d’une simple visite au centre hospitalier. Un diagnostic, des traitements et une greffe plus tard, le jeune homme est maintenant prêt à recommencer à vivre.
Cette journée de mai avait pourtant commencé comme toutes les autres. C’était un lundi de travail des plus ordinaires. «La maladie rénale chronique, c’est très sournois, parce que tu ne peux pas vraiment avoir mal aux reins. Elle progresse, sans crier gare. En fait, j’avais des spasmes dans les mollets depuis environ deux ans. Mais je ne m’en souciais pas vraiment avant qu’ils soient généralisés et qu’ils commencent à nuire à mon travail», raconte-t-il aujourd’hui.
Ce soir-là, Alexandre s’est dit que c’en était assez des contractions musculaires subites. Il s’est donc présenté à l’urgence où il s’attendait à recevoir une prescription pour une médicamentation quelconque. Il a finalement passé la nuit à l’hôpital et le résultat des différents examens n’avait jamais été envisagé. Il souffrait d’insuffisance rénale et c’était très sérieux. En fait, il avait atteint le stade 5, la situation était donc critique.
«On m’a expliqué que mes reins n’étaient pratiquement plus fonctionnels. Je devais donc commencer des traitements d’hémodialyse immédiatement, se souvient le jeune homme. C’était vraiment le temps que je me présente à l’hôpital...»
La nouvelle a évidemment eu l’effet d’une tonne de briques. «Je suis quelqu’un qui faisait attention à mon alimentation, je m’entrainais 4 à 5 fois par semaine, poursuit-il. Tu ne veux pas y croire, tu te demandes pourquoi ça t’arrive à toi. Mais c’était comme ça et je ne pouvais rien y faire, sauf l’accepter, changer de mode de vie et aller vers l’avant.»
GREFFE
Dans son cas, la nécessité de la greffe n’a jamais fait de doute, considérant son jeune âge. L’alternative était de suivre des traitements d’hémodialyse, trois fois par semaine, pour le reste de ses jours. «Ce n’est pas une vie», s’était-il dit avec justesse.
Évidemment, les parents d’Alexandre n’ont jamais hésité et ils se sont portés volontaires pour le don d’organe, pour lui donner le rein qui allait lui permettre, espéraient-ils, d’avoir de nouveau une vie «normale». Mais ce n’était pas si simple. Le processus pour connaître si un donneur potentiel est compatible est long et complexe. Ça allait bien au-delà de la simple volonté.
Pendant plus de 8 mois, ils ont fait preuve d’acharnement et surtout de patience. «On se croisait les doigts. C’était extrêmement long, mais en même temps c’était nécessaire. Il fallait être certain que nous étions parfaitement compatibles», résume Alexandre.
En attendant des nouvelles, le résident de Saint-Louis-du-Ha! Ha!, au Témiscouata, ne s’est pas laissé abattre et il a multiplié les voyages à Rimouski pour des traitements d’hémodialyse. En arrêt de travail, il faisait la route pratiquement aux deux jours.
«Trois heures de voiture et un peu plus de quatre heures de traitement. Ça prenait une journée complète. C’était dur physiquement, mais au moins, j’étais capable de faire la route par moi-même.»
Une situation qui lui a aussi permis de réaliser, en première ligne, l’importance pour le gouvernement d’offrir de nouvelles chaises en hémodialyse à Rivière-du-Loup. Celles-ci sont aujourd’hui opérationnelles. «L’hémodialyse, ça épuise beaucoup. Je peux comprendre que pour certaines personnes âgées, c’est moins évident de se déplacer par la suite. D’avoir accès à un service plus près de chez eux, c’est un casse-tête de moins», dit-il.
LE DON D’UNE MÈRE
Le verdict tant attendu est finalement tombé en janvier. Sa maman, Annie Landry, était compatible au don d’organe. Celui-ci allait avoir lieu environ trois semaines plus tard, le 13 février. «C’était vite, mais c’était un bon stress. On avait hâte de passer à autre chose», se souvient Alexandre qui souligne avoir compté toutes ces semaines sur un support incroyable de ses proches.
L’opération s’est bien déroulée, si bien que quelques jours plus tard, le jeune homme a raconté son histoire sur les réseaux sociaux. Il a rendu hommage à sa maman qui «lui a donné la vie une deuxième fois» comme il l’a joliment écrit. Son récit a touché des milliers d’internautes.
«Je serai toujours reconnaissant pour ce qu’elle a fait. C’est grâce à elle que ma vie pourra reprendre son cours, affirme-t-il sans détour. Nous avons toujours été très proches, nous n’avons que 20 ans de différence, mais c’est certain qu’avec le don d’organe, nous sommes maintenant soudés.»
Depuis la greffe, Alexandre reste à Québec afin de faciliter les suivis médicaux nécessaires à sa situation. De son propre aveu, il prend du mieux rapidement. «Je vois des améliorations de jour en jour. Je me sens plus en forme, je retrouve l’appétit. Je me réveille et je n’ai plus de douleurs. Je redécouvre c’est quoi être en forme finalement.»
Comme tous ceux et celles qui traversent une épreuve aussi marquante, il voit aussi maintenant les petits problèmes du quotidien d’un nouvel œil et compte être un fervent ambassadeur pour le don d’organe. «C’est tellement important!»
La vie d’Alexandre ne sera plus jamais la même, ne serait-ce qu’en raison des médicaments, des rendez-vous et des traitements reliés à la greffe. Mais c’est la sienne, celle qui a été sauvée et il compte la savourer pleinement.
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