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Une démarche de justice réparatrice en implantation au Bas-Saint-Laurent

durée 30 novembre 2019 | 07h30
  • Andréanne Lebel
    Par Andréanne Lebel

    journaliste

    Les victimes d’actes criminels et les délinquants judiciarisés pourront échanger et trouver des voies de réparation émotionnelle et collective, avec l’implantation d’une antenne du Centre de services de justice réparatrice au Bas-Saint-Laurent, en collaboration avec le centre résidentiel communautaire l’Arc-en-soi de Rivière-du-Loup.

    La justice réparatrice est avant tout une approche qui permet de considérer un acte criminel autrement que sous l’aspect de la justice traditionnelle. L’une des mesures utilisée est la rencontre entre les auteurs de crimes et les victimes d’actes similaires. La démarche implique que chaque délinquant a été reconnu coupable lors d’un procès au préalable et elle n’a aucun impact sur son parcours en justice ou encore la durée de son incarcération. À noter que les auteurs de crimes et leurs victimes directes ne sont pas mis en contact lors de ces échanges. Chantal Lusignan a pu participer à une telle rencontre et elle s’est ainsi libérée d’un lourd fardeau qu’elle portait quotidiennement.

    «Ça redonne des ailes. J’ai bénéficié de ce service et fait une rencontre en face à face avec un homme qui avait commis des gestes similaires à ceux que j’avais subis. Ç’a complètement changé ma vie. Ça m’a donné toutes les réponses. J’ai été 47 ans dans une prison intérieure avant que ça ressorte. J’ai toujours porté la culpabilité, la honte. Je portais tout sur mon dos alors que je n’avais rien fait. Cet homme a été capable de venir m’arracher ça. Ç’a été magique et tellement libérateur».

    Mme Lusignan était incapable de trouver des réponses à ses questionnements, son bourreau était décédé. «T’as beau en parler, psychologue, travailleur social, sexologue, groupes de femmes, les CALACS. J’ai eu beaucoup de réponses, mais pas des réponses de quelqu’un qui avait commis ces gestes-là». Du côté du délinquant, les rencontres détenus-victimes amènent une compréhension différente des évènements, explique Guylaine Martel, agente de développement en régions pour le Centre de services de justice réparatrice. Elles l’aident à passer à une autre étape et viennent renforcer les filets de sécurité pour éviter une récidive. «Les délinquants ont une clé que tous les thérapeutes n’ont pas. Ils ont des réponses (…) On veut sortir de la culpabilité et de la honte toxique pour aller vers une perspective de réparation», ajoute Mme Martel.

    Ces rencontres sont une démarche volontaire et tant les délinquants que les victimes n’ont rien à gagner autre que de faire face aux évènements ensemble, dans un espace sécuritaire et structuré. Les rencontres se déroulent généralement avec la présence de deux animateurs et d’une personne de la communauté. Un acte criminel fait plus qu’une victime, c’est parfois toute la communauté qui en souffre. Les citoyens ont aussi un rôle à jouer dans la prévention des crimes et dans le soutien aux victimes.

    «Une jeune fille a été enlevée sur la rue et séquestrée par trois hommes alors qu’elle était âgée de 13 ans. Ils l’ont forcée à entrer dans la voiture. Elle a eu le temps de croiser le regard d’un homme qui a détourné les yeux de la situation. Ce qu’elle porte à l’intérieur d’elle, c’est ce sentiment de trahison, de perte de confiance dans l’humanité. Cet homme-là, s’il avait crié, s’il avait fait une dénonciation, les évènements auraient pu être différents. Dans ce dialogue incluant un membre de la communauté, c’est aussi une occasion pour la personne victime de lui exprimer», précise Guylaine Martel. Un même délinquant peut participer à une démarche, deux au maximum si certains aspects de son crime n’ont pas été abordés. 

    Du côté des personnes victimes d’actes criminels, leur situation n’a pas toujours été portée devant les tribunaux, alors que pour les délinquants, avoir compléter toute le processus judiciaire est un prérequis. Le 8 novembre 2019, le Centre de services de justice réparatrice a reçu le prix Coup de cœur de la Société de criminologie du Québec pour sa contribution dans l’avancement de la justice pénale.

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