Saint-Clément privée d’une fréquence radio incendie
Le conflit entre la municipalité de Saint-Clément et l’entreprise Électronique Mercier de Rivière-du-Loup, au sujet d’un service de radiocommunication d’urgence, pourrait avoir atteint un point de non-retour, alors que la caserne incendie clémentoise a vu sa fréquence incendie être bloquée, le 24 juillet.
Depuis 17 h, mercredi dernier, les pompiers de Saint-Clément sont ainsi privés d’un outil important dans leur travail. S’ils peuvent toujours recevoir les appels d’urgence 911 grâce à leurs téléphones cellulaires intelligents, ils ne peuvent plus communiquer directement par radio avec le Centre d'appels d'urgence de l'Est-du-Québec (CAUREQ) lorsqu’ils sont sur la route, ni entrer en contact avec d’autres services incendie, sur une longue distance, dans le cas d’une intervention conjointe.
«Ça complique beaucoup les choses. Nous ne sommes plus capables de demander des ressources supplémentaires, une ambulance par exemple, par radio. Il faut utiliser le réseau cellulaire ce qui est moins instantané et qui éprouve certaines difficultés à différents endroits sur le territoire. Cette décision place l’intérêt privé devant la sécurité du public», a soutenu le directeur incendie des casernes de Saint-Clément et Saint-Hubert, Jacques-Éric Mercier, regrettant qu’Électronique Mercier soit l’unique fournisseur de ce type de service dans la région.
Évidemment, la municipalité est la recherche d’une solution dans les plus brefs délais. En collaboration avec ses partenaires, un système de communication temporaire lui permettant de faciliter les échanges avec les équipes d’intervention a été mis en place. «Nous travaillons de concert avec les instances politiques, Industrie Canada, la CAUREQ et le ministère de la Sécurité publique», a assuré le maire de la municipalité, Éric Blanchard.
CONFLIT
En mai, Info Dimanche et Radio-Canada Bas-Saint-Laurent rapportaient qu’un service d’ondes pour premiers répondants (PR), que ne souhaitait pas utiliser la brigade incendie de Saint-Clément, était au cœur du litige entre l’entreprise louperivoise et la municipalité.
En effet, Saint-Clément souhaitait abandonner le service offert par Électronique Mercier pour les premiers répondants. Elle clamait qu’il était illogique de payer plusieurs centaines de dollars par an pour une fréquence radio «à peu près jamais utilisée». Surtout, elle avait trouvé une autre façon de fonctionner auprès de la CAUREQ pour les rares occasions, soit avec la téléphonie cellulaire.
Il faut aussi savoir qu’avant l’arrivée du Réseau national intégré de radiocommunication (RENIR), auquel se sont joints les services ambulanciers, c'est le gouvernement provincial qui s'occupait de la facture.
«On avait signifié au propriétaire Carl Deschênes, par résolution, qu’on n’allait pas prendre la nouvelle fréquence PR. Mais volte-face, il nous a dit qu’il fallait la prendre, sinon il allait couper tout [incluant la fréquence incendie utilisée fréquemment]. C’est à ce moment-là que nous sommes allés vers les médias pour dénoncer la situation et dire que c’était de l’abus de pouvoir.»
Selon le maire, un débat d’avocats a suivi au cours des dernières semaines, avant que des négociations reprennent à la mi-juillet. Afin d’assurer la poursuite des services, la municipalité de Saint-Clément a versé l’ensemble des sommes qu’elle devait à l’entreprise jusqu’au 12 juillet. Certaines factures auraient même, selon lui, été payées jusqu’en décembre 2019.
«On a accepté, non pas parce qu’on lui donnait raison, mais parce que nous avons reçu une subvention du député pour nous aider. Donc, nous avons payé toutes les sommes qui étaient dues.»
Éric Blanchard mentionne cependant qu’au cours des négociations suivantes, le propriétaire d’Électronique Mercier avait de nouvelles conditions. «Il avait d’autres demandes. Par exemple, il souhaitait qu’on s’engage à défrayer l’ensemble de ses frais juridiques, ça ne faisait pas de sens pour nous.»
L’ENTREPRISE SE DÉFEND
Rejoint par Info Dimanche, Carl Deschênes déplore l’information véhiculée par la Municipalité de Saint-Clément dans les médias et souhaite corriger les choses. Il mentionne qu’il avait fixé, dans une lettre envoyée aux élus en avril, la date limite du 15 juillet pour en venir à une nouvelle entente, mais qu’il n’a jamais été contacté par la Municipalité avant cette date.
«C'est la responsabilité de la Municipalité d'assurer la sécurité de ses citoyens. Ils ont commencé à négocier quand le délai était passé. Mais nous avons été de bonne foi et nous avons étiré deux fois ce délai. On leur a aussi dit qu’il fallait d’abord mettre le compte à zéro, puisqu’on avait reçu aucun paiement depuis le début de l’année», a-t-il expliqué, précisant que les factures étaient envoyées chaque mois depuis le printemps en raison de l'incertitude entourant la mésentente.
M. Deschênes ajoute que c’est la Municipalité de Saint-Clément qui a ensuite mis un terme aux négociations quand, vraisemblablement, elles ne leur convenaient pas. «Ils n’acceptaient probablement pas certaines clauses, mais au lieu de nous en parler, ils ont arrêté la communication. On ne peut pas négocier seuls», s’est-il défendu.
Le propriétaire d’Électronique Mercier précise que le service a été coupé, puisque les négociations étaient au point mort, qu’il n’avait plus aucune communication avec Saint-Clément et qu’aucune entente n’avait été établie pour les mois à venir.
Par la voie d'un communiqué envoyé le mardi 30 juillet, la Municipalité de Saint-Clément a souligné avoir interpellé la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, ainsi que la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, afin qu’elles interviennent de manière à favoriser la médiation entre les parties.
3 commentaires
Ça vient de qui cette idée bizarre la Vraiment même moi j’en perds mes ondes de communication !
Peut être que st clément est un mauvais joueur Il n’y a pas de fumée sans feu je dirais