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Quand le travail du bois devient libération

durée 20 août 2018 | 06h54
  • Andréanne Lebel
    Par Andréanne Lebel

    journaliste

    Pour Josée Bourgoin, tourner et sculpter le bois représente beaucoup plus qu’un processus de création. La matière est canalisatrice et libératrice d’émotions. Dans son atelier de Saint-André-de-Kamouraska, elle met des heures à créer des urnes personnalisées pour les familles endeuillées.

    «Les évènements de la vie comme la naissance et la mort sont très proches émotionnellement. Des sentiments d’une grande intensité nous submergent, ça vient nous chercher. Pour moi, ces œuvres étaient un tuteur de résilience. Je voulais aller au bout de cette profonde démarche», explique la tourneuse sur bois de 40 ans.

    Josée Bourgoin a baigné dans l’ébénisterie depuis son tout jeune âge. Son père lui a transmis sa passion. Lors de la perte de son premier enfant, en 2005, elle a constaté que peu d’urnes funéraires étaient mises à la disposition de parents endeuillés. Josée Bourgoin, aidée de son père, a fabriqué elle-même l’urne qui contient les cendres de son bébé, un objet qu’elle voulait sensible et chaleureux. Ce processus l’a aidée à continuer d’avancer et à canaliser ses émotions. L’injustice et le deuil d’une vie projetée avec son enfant ont été sublimés à travers le travail du bois.

    Le besoin d’expression et de partage des émotions s’enracine dans le message artistique porté par Josée Bourgoin et son entreprise, Créations Vitalis.  «L’arbre symbolise le cycle de la vie. J’essaie d’intégrer des pièces qui se dirigent vers le haut, avec de l’ouverture, des spirales, pour représenter la libération, le lâcher-prise», ajoute-t-elle.

    Quelques années après la perte de son premier enfant, elle a accompagné son père atteint d’un cancer en fin de vie. Elle avait alors donné naissance à deux autres enfants. «On se rend compte de ce qui est précieux et des vraies priorités. Ces épreuves de la vie m’ont amenée à vouloir faire un métier qui a du sens, proche de mes valeurs. Je suis proche de mes enfants, à la maison, je suis utile pour la société et c’est bon pour la planète. Je récupère du bois auprès d’entreprises de la région. Parfois, je travaille à partir de buches que les familles m’amènent de chez eux», explique Mme Bourgoin. Elle souhaite avant tout mettre sa créativité artistique au service des familles endeuillées et l’aspect humain à l’avant-plan de sa démarche. Depuis huit ans, elle les accompagne avec sensibilité en confectionnant des urnes funéraires uniques à la main.  

    TRAVAIL DU BOIS

    Afin de créer des formes rondes à partir de buches de bois, Josée Bourgoin travaille avec du bois vert. Elle évide les troncs et peut ainsi travailler sa matière sans qu’elle ne craque, puisque le bois est encore humide. Il faut des centaines, voire des milliers d’heures de pratique pour obtenir une maitrise totale du geste par la répétition.

    «Je suis plus près de la sculpture que de l’ébénisterie. J’enlève l’écorce pour créer des formes rondes avec le tour à bois. Tout est fait à la main, c’est un travail assez physique. Je casse la symétrie pour mettre l’emphase sur toute ma démarche d’artiste», précise-t-elle. 

    Les cendres des êtres chers disparus reposent en plein cœur de l’arbre. Le seul déchet produit : des copeaux de bois. Pour elle, une urne en bois s’inscrit dans un cycle de vie, une démarche de retour à la terre. «C’est plus important de se concentrer sur les traces immatérielles que l’on laisse, les valeurs qu’on transmet à ses proches et les souvenirs, plutôt que de vouloir avoir une tombe indestructible. Les graines d’arbres germent, grandissent et meurent, tout comme l’humain.»

    Aidée par les réseaux sociaux ainsi que la grande portée sans frontières du web, la tourneuse sur bois de Saint-André-de-Kamouraska livrera sous peu sa toute première commande internationale en France. Pour le moment 95% de ses commandes proviennent du Québec. Elle souhaite toutefois développer la vente en ligne par la plateforme Etsy pour les entrepreneurs du Bas-Saint-Laurent. Le produit niché et artisanal qu’elle créée lui permet d’obtenir une plus grande visibilité. Josée Bourgoin a eu recours aux services de l’entreprise Innov & Export pour les démarches d’exportation à l’étranger.

    «C’est impressionnant de voir tout le savoir-faire unique que l’on retrouve chez les artisans du Bas-Saint-Laurent. On est rendu là, avec Internet. Une petite entreprise de Saint-André-de-Kamouraska peut ouvrir les portes du marché international. Il faut utiliser les plateformes web comme des leviers et donner confiance à nos artisans», affirme Josée Bourgoin.

    Cette dernière voit le Bas-Saint-Laurent comme un milieu de perpétuation des traditions, et un terreau fertile où les artisans de métiers d’arts prennent plaisir à s’installer pour créer, hors des contraintes du temps.

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