Alzheimer : des rires et des pleurs
Claude Lizotte de Rivière-du-Loup a choisi de partager son vécu sur la maladie d’Alzheimer, dont est atteinte sa conjointe Francine Ouellet. Son témoignage inspirant, exprimé devant une quarantaine de personnes le 14 mars dernier à la résidence Les Doux Souvenirs, a déclenché des rires et des pleurs.
«J’ai voulu dédramatiser la maladie avec un peu d’humour, il y a eu des personnes qui riaient, d’autres qui pleuraient, mais beaucoup de questions», a mentionné M. Lizotte. Confrontés à la maladie d’Alzheimer, ils ont fait un choix difficile, tous les deux ensemble pendant qu’ils le pouvaient encore. Mme Ouellet habite depuis un an et demi dans une résidence pour ainés, tous les deux ont retrouvé le sourire. Mme Ouellet et M. Lizotte sont âgés de 73 et 74 ans.
La première rencontre de Claude Lizotte avec d’autres personnes touchées par cette maladie a eu lieu dans la journée. «Des gens qui voulaient y assister n’ont pas pu parce qu’ils travaillaient. J’ai eu beaucoup de commentaires et j’ai décidé de renouveler l’expérience, cette fois en soirée et dans une salle pouvant accueillir davantage de personnes», a-t-il expliqué. M. Lizotte propose donc un deuxième rendez-vous, cette fois le mercredi 25 avril à compter de 19 h 15 à l’auditorium du Collège Notre-Dame, 56, rue Saint-Henri, Rivière-du-Loup. C’est gratuit.
Comprendre et accepter le changement, gérer le quotidien différemment, mieux vivre avec la maladie, reprendre le contrôle de la situation, l’amour ce précieux allié, des souvenirs qui demeurent doux, voilà quelques éléments de discussions que Claude Lizotte entend aborder. «La première rencontre fut une belle réussite, j’ai pu constater à quel point les craintes et les besoins sont grands», a commenté cet homme émotif.
TÉMOIGNAGE INSPIRANT
Info Dimanche vous présente à nouveau certains éléments du témoignage inspirant de Claude Lizotte, un vécu qui vous permettra de comprendre mieux le choix du couple. «Nous avons fait une réflexion, Francine et moi, afin de trouver une solution basée sur de la recherche d’informations et sur ce qu’on voulait, nous», a expliqué M. Lizotte. «Nous avions deux objectifs. D’abord celui de la sécurité de Francine et la mienne (stress et fatigue). J’avais peur d’être malade, qui va s’occuper de Francine? Le deuxième objectif est de continuer à vivre et de retrouver le sourire. C’est ça qu’on oublie, on se renferme avec notre personne malade chez-nous», a témoigné l’homme.
Mme Ouellet et M. Lizotte ont donc convenu de faire cette démarche avant que d’autres personnes s’en chargent pour eux. Ç’a pris quatre ans et demi avant d’avoir un diagnostic d’Alzheimer. «Je ne reconnaissais plus ma femme, qu’est-ce qui se passe? Elle me chantait des bêtises, on ne s’était jamais chicané. Elle rentrait dans une espèce de bulle et elle était assise à côté de moi sans dire un mot pendant trois heures. Elle n’était plus capable de faire des messages. Elle mettait des affaires partout, on pouvait trouver des choses dans des garde-robes. Elle était soupçonneuse de tout. Elle a payé trois fois le même compte dans la même journée. Elle faisait la cuisine et elle a commencé à laisser bruler les choses qu’elle mettait par la suite dans la poubelle. De plus en plus, je n’étais pas capable de sortir, j’allais faire le marché le ventre à terre», se rappelle Claude Lizotte.
RETROUVER LE SOURIRE
Ce couple est marié depuis 51 ans. «C’est pas honteux cette maladie dégénérative, tu n’attends pas pour savoir ce que tu vas faire, tu en parles avec la personne malade. Je sais qu’elle est bien et de voir la complicité de Francine avec les gens qui sont là me réjouit. Elle est arrivée là les yeux éteints, elle s’est impliquée et elle a commencé à aider. Dans l’espace de deux mois j’ai retrouvé ma femme, ça l’a revivifié, lui a redonné la vie. Son médecin n’en revenait pas. On va encore voir nos amis, on est allé en Caroline du Sud l’été dernier» a expliqué Claude Lizotte.
Notez que malgré les changements dus à sa maladie, Francine Ouellet reconnait toujours son mari. M. Lizotte parle de petits bonheurs, dont celui de l’amener faire une ballade en auto, ce qu’elle aimait beaucoup, et de manger à la Pointe. «J’ai la force pour le faire et j’apporte ma bonne humeur. Je me garde en forme pour elle et je vais la voir souvent», a-t-il mentionné.
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