Montane Spine: la «dureté du mental» d’Yvan L’Heureux
La célèbre expression du film culte «Les Boys» prend ici tout son sens avec l’athlète de défis extrêmes Yvan L’Heureux. Imaginez parcourir 421 kilomètres en plein hiver de la ville d'Edale dans le Peek District Natianal Park d’Angleterre jusqu’aux frontières de l’Écosse. Marcher la nuit dans des marécages, sous la neige et la pluie, avec des vents de plus de 100 km/h, tout ça en moins de six jours et demi.
Près de 200 participants étaient inscrits à la course qui s’est déroulée du 14 au 21 janvier derniers. Seulement 46 d’entre eux ont complété le parcours sur ce qui est considéré comme l’épine dorsale de l’Angleterre, et parmi eux, Yvan L’Heureux, deuxième Canadien en sept ans à le terminer. Sa course la plus éprouvante, souligne-t-il.
«Mentalement, c’est la plus difficile. Honnêtement, je ne me suis pas amusé tant que ça. J’ai dormi neuf heures en six jours. Tu vis pratiquement dans ta tête. Tu ne vois rien seize heures par jour. Tu as tout le temps froid, il pleut, il neige, il vente… C’est une course qui te ramène à tes démons intérieurs», commente celui qui est acuponcteur et propriétaire de l’École du QI.
L’athlète raconte que les participants en étaient réduits à ne voir que par le faisceau de leur lampe de poche et que même en journée, le vent et la neige réduisaient considérablement la visibilité. Le sentier n’était pas balisé alors la progression s’en trouvait d’autant plus difficile. Mince consolation, il a néanmoins pu admirer le mur d’Adrien, construit par les Romains entre 122 et 127 apr. J.-C. à la limite de la frontière écossaise.
«Les Anglais disent que ce furent les pires conditions météo depuis 30 ans et la version la plus dure de la course depuis ses débuts. Et je ne vais pas les contredire !», pouffe de rire Yvan L’Heureux.
Question dénivelée, les 26 000 mètres n’avaient rien d’effrayant pour le coureur qui a affronté les quelque 120 000 mètres de la TransPyreneA. C’était plutôt les marécages.
«On enfonçait jusqu’aux chevilles dans la vase et parfois on avait de la neige jusqu’aux aisselles, mais on renfonçait quand même dans la vase ! Tu marches un kilomètre en une heure. (…) Tu dois tester le sol à tout moment. Parfois, il y a des trous dans lesquels une voiture pourrait être engloutie. Alors tu fais un pas, tu plantes ton bâton, il cale de cinq centimètres puis c’est solide alors c’est bon et tu fais un pas, puis tu recommences», raconte-t-il.
Pour mieux imager ses propos, Yvan L’Heureux raconte qu’il s’agit de faire Rivière-du-Loup – La Pocatière de nuit, en décembre, les pieds s’enfonçant entre 5 et 30 centimètres dans la vase du fleuve, pendant sept jours consécutifs. Des volontaires ?
AMITIÉS
Ce qu’il retient de son périple est l’accueil des Anglais, le soin apporté par les organisateurs. Puis il y a cette fraternité entre les participants qui se retrouvent, se reconnaissent et s’entraident.
«Il y a beaucoup d’amitié, on se parle de nos aventures, de matériel, de stratégie, de la charge et de la course. Il y a de l’entraide. C’est une très belle organisation», conclut M. L’Heureux.