Saint-Jean-de-Dieu – La Villa Dubé de Saint-Jean-de-Dieu accueillera à nouveau des personnes âgées vers le début du mois d’avril prochain. Mais cette réouverture sous une nouvelle formule ne fait pas que des heureux, les propriétaires des cinq résidences privées pour ainés de cette communauté sont inquiets et parlent de survie de leurs établissements.

À sa fermeture en juillet 2011 par le réseau public de santé et de services sociaux, la Villa Dubé comptait 26 places en centre d’hébergement et de soins de longue durée. L’établissement est maintenant la propriété d’une corporation sans but lucratif. Il aura 14 places en résidence privée pour ainés ainsi que 12 places en ressources intermédiaires, cette dernière clientèle lui sera attribuée par le CSSS des Basques. Quelques chambres sont réservées pour des soins palliatifs et du répit.

Les propriétaires des cinq résidences privées de Saint-Jean-de-Dieu, qui comptent environ 50 places au total pour une clientèle autonome ou semi-autonome, sont très inquiets. Il s’agit d’André Dumont et Gilles Lanteigne de la Résidence du Roi, Raymonde Bérubé de la Résidence Bon séjour, Sylvie Beaulieu de la Résidence Johannois, Diane Jean de la Résidence Saint-Jean de même que Jackie Roy et Francine Pelletier de la Résidence la Bienveillance, anciennement la Résidence La Mer Veille.

JEAN D'AMOUR INTERPELLÉ

André Dumont interpelle particulièrement le député-ministre Jean D’Amour qui a piloté ce dossier au niveau politique. « Toutes les résidences privées sont en demande de clientèle, pourquoi une nouvelle résidence? », a noté le propriétaire. « Il n’y a pas de problème. Dans tout le processus, on s’est assuré que ça ne nuirait à personne. Les résidences sont pleines sauf une qui vient d’ouvrir et dans son cas on parle d’une arrivée progressive de la clientèle. »

À cet effet, Diane Jean a souligné que « j’ai trois personnes en répit et dépannage, elles sont ici que pour une courte période. » M. Dumont a également indiqué qu’il avait actuellement trois cas lourds de CHSLD : « On les garde faute de clientèle. » Sylvie Beaulieu a confirmé également qu’elle gardait une clientèle plus lourde. Tous les propriétaires soutiennent qu’ils n’ont pas de liste d’attente.

UN ÉQUILIBRE À ATTEINDRE

« Je veux un équilibre et il n’y en aura pas de problème, c’est un besoin reconnu », a soutenu le député-ministre. « Il y a de la place pour tout le monde avec la moyenne d’âges qui augmente. De plus, ce projet nous permet de garder le point de service du CLSC ouvert. Je ne vais pas le retirer et empêcher la création de 25 emplois », a ajouté M. D’Amour.

Les propriétaires des résidences privées sont tous contents que le point de service du CLSC demeure ouvert à Saint-Jean-de-Dieu et que la Villa Dubé accueille des personnes en ressource intermédiaire (maladie d’Alzheimer). Ils craignent cependant que la clientèle de personnes âgées autonomes se dirige vers la Villa Dubé. Ils souhaitent que la Villa Dubé accueille seulement des personnes en perte d’autonomie sévère.

Lors de leur rencontre avec M. D’Amour, Mme Jean avait en main l’article d’Info Dimanche dans lequel on rapportait les propos du président du conseil d’administration de la corporation de la Villa Dubé, Réjean Ouellet, qui a indiqué ce qui suit : « Nous avons 40 chambres disponibles, dont 20 places pourraient être comblées en résidence privée; notre objectif est de remplir la Villa Dubé. »

M. Ouellet était également présent à la rencontre. Tout comme Jean D’Amour, il a expliqué que le projet a été réalisé sur la base d’une étude de marché qui confirmait une augmentation de la clientèle au cours des prochaines années. Pour lui, le but est d’offrir tous les niveaux de services possible dans le sud de la MRC des Basques pour y garder les personnes âgées. « Certaines résidences privées ont augmenté leur capacité depuis trois ans », a aussi souligné Réjean Ouellet.

La rencontre s’est terminée sur une proposition de Jean D’Amour, une autre réunion à laquelle des représentants du CSSS des Basques seront présents pour confirmer notamment une éventuelle augmentation de clientèle dans la MRC des Basques. Ils pourront également discuter directement avec les propriétaires des résidences privées.

ASPECT FINANCIER

Rappelons qu’une campagne de financement a permis d’amasser plus de 100 000 $ dans le milieu dont 50 000 $ provenant de la Caisse populaire Desjardins du Terroir basque pour le projet de relance de la Villa Dubé. En tout, il y a eu 150 donateurs.

« On n’investit plus parce que dans 6 mois on n’existera plus. On sera peut-être capable de passer 2015, mais à long terme on ne sera plus là », a pour sa part déclaré André Dumont. Il se questionne également sur le cout d’acquisition du bâtiment par la corporation, une aubaine à 25 000 $.  « À ce prix là, moi aussi je l’aurais acheté », a-t-il lancé. Le gouvernement du Québec a donné 250 000 $ pour démarrer ce projet de relance de la Villa Dubé qui créera 25 emplois.

« Nous aussi nous avons besoin d’aide pour garder nos établissements ouverts », a conclut M. Dumont, une demande partagée par les autres propriétaires.