Rivière-du-Loup - «Le plus difficile, c'est de revivre tout cela. Nous avons tellement de souvenirs avec ces gens, nos gens. Honnêtement, nous ne savons pas si nous allons nous en remettre». Les mots sont lourds, l'homme brisé. L'enquête publique replonge Roch Bernier, le copropriétaire de la Résidence du Havre, dans l'enfer de la nuit tragique du 23 janvier.

«Je revois les gens sortir, je pense à ceux et celles qui sont demeurés à l'intérieur. Toutes ces pertes humaines, c'est tellement difficile à revivre», dit celui qui assiste à l'enquête. Assis à l'arrière de la salle, lui et la copropriétaire, Irène Plante, écoutent attentivement les témoignages. Roch Bernier devra lui aussi témoigner.

En plus de la peine qui ne les quitte jamais, le couple a tout perdu. «Nous sommes véritablement à zéro. Nous n'avons plus rien. Nous sommes très affectés, angoissés. Nous ne savons même pas si nous allons nous en sortir». (..) «Nous savons que l'enquête est nécessaire pour savoir ce qui s'est passé et éviter que ça se reproduise. Nous devons le vivre».

« NOUS AVONS PERDU 32 AMIS »

Depuis le 23 janvier, M. Bernier et Mme Plante n'ont pas vu le temps passer. «Nous n'avons jamais arrêté. Ce drame nous suit constamment, avec les considérations administratives, avocats, les assurances, les journalistes, les cérémonies. Tout cela revient à affecter l'humain. Nous avons besoin de toute notre énergie simplement pour rester debout, ne pas nous effondrer. Nous avons perdu 32 de nos amis, ils étaient comme nos enfants».

M. Bernier et Mme Plante ont aidé les policiers dans leur enquête. «Lorsque nous les suivions dans tel appartement, revoyions une photo, brusquement les souvenirs de la personne qui l'occupait nous revenaient... toujours replonger et replonger... notre guérison intérieure n'est pas faite. Nous aurons besoin de tout notre courage pour aller jusqu'à la fin, mais je vous avoue le dernier bout n'est vraiment, vraiment pas facile. Nous sommes détruits».