«Beaucoup de gens à l'intérieur laissés à eux-mêmes» -Christian Chénard Guay
Rivière-du-Loup - Le coordonnateur des mesures d'urgence de la MRC de Rivière-du-Loup, Christian Chénard-Guay, n'a vu aucun poste de commandement à son arrivée sur les lieux de l'incendie tragique de L'Isle-Verte. L'homme, parti de Rivière-du-Loup, est arrivé sur les lieux du drame à 1h05 dans la nuit du 23 janvier. L'alarme avait été déclenchée à 0h22.
«Normalement, pour tout incendie de cette ampleur, un poste de commandement doit être établi afin de coordonner l'intervention. Lorsque je suis arrivé, la partie 1 (l'ancienne partie non giclée) était en flammes. Il y avait des pompiers sur le site, dont ceux de L'Isle-Verte et Saint-Éloi, mais je n'ai vu aucun poste de commandement, ni rien qui pouvait lui ressembler. Il y avait beaucoup de gens à l'intérieur, laissés à eux-mêmes», a témoigné M. Chénard Guay.
Selon lui, l'établissement d'un tel poste est essentiel pour avoir une vision globale et structurer l'intervention. «Pour être efficace, un tel plan demande la participation de cinq ou six officiers».
La formation de base d'Officier niveau 1 précise la marche à suivre dans l'établissement d'un tel poste en vertu du volet de gérance d'une scène d'incendie. Le chef pompier de L'Isle-Verte, Yvan Charron, n'avait pas suivi cette formation, s'étant prévalu d'une clause dite «grand-père» selon laquelle les pompiers à l'emploi avant 1998 n'ont pas à le faire.
LE GARDIEN DEVAIT COORDONNER L’ÉVACUATION
M. Chénard-Guay explique que selon sa compréhension, c'est le gardien de nuit en fonction ce soir-là, Bruno Bélanger, qui devait coordonner l'évacuation. «Je ne l'ai pas croisé, je ne l'ai pas vu sur place, d'ailleurs je ne le connais pas», a-t-il ajouté, précisant qu'il a mis plusieurs minutes avant de trouver le chef pompier de L'Isle-Verte.
SAUVER DES VIES : LA PRIORITÉ
«M. Charron était dans l'édifice et était allé secourir des gens. Normalement, on ne recommande pas que l'officier responsable participe aux opérations sur le terrain. Il doit coordonner le travail et la stratégie. Je lui ai proposé de gérer à deux, il a tout de suite accepté», dit-il, ajoutant avoir alors «récupéré» les ondes radio et requis l'aide des pompiers de Trois-Pistoles, ce que le chef Charron a approuvé. «Le feu pouvait se propager aux résidences avoisinantes. Une heure après le début de l'incendie, il n'y avait plus personne à sauver. Il fallait éviter que l'incendie se propage».
Christian Chénard-Guay se dit convaincu que les pompiers ont fait tout ce qu'ils pouvaient. «Dans un tel tumulte, ça désorganise. La priorité numéro 1 demeure toujours de sauver des vies.»
PROACTIF EN PRÉVENTION INCENDIE
On a appris que le propriétaire de la résidence du Havre, Roch Bernier, était très proactif en matière de prévention incendie. «Il prenait des initiatives par lui-même, posait des questions, nous téléphonait. Il avait lui-même demandé à une firme privée de mettre à jour le plan de sécurité», dit l'employé de la MRC.
2 SIMULATIONS
Deux simulations d'incendies avaient eu lieu en 2012 et 2013. Les exigences ciblent la durée d'évacuation maximale de l'opération à 8 minutes.
Lors de la simulation de 2013, tous les gens étaient sortis en un peu plus de 7 minutes. «On s'entend que dans la panique d'un réel incendie, l'évacuation sera plus longue», a commenté le commissaire Cyrille Delage. On a aussi remis en question la façon établie d'évacuer en fonction de la condition et de la situation physique des personnes âgées.
LES POMPIERS ARRIVÉS BIEN AVANT 25 MINUTES
Du délai d'intervention de 25 minutes dans des risques élevés, le préventionniste ajoutera que c'est le temps requis pour que tous les équipements et les effectifs requis dans le schéma de couverture de risque, camions-citernes, autopompes et autres soient arrivés sur les lieux. Les pompiers de L'Isle-Verte sont arrivés bien avant ce délai.
De même, l'entente de déploiement automatique selon laquelle toutes les brigades seront appelées sur les lieux aussitôt que l'alarme se déclenche, était en vigueur depuis le 1er janvier 2014, mais sur papier seulement. Ironiquement, une rencontre à ce sujet était prévue à L'Isle-Verte... dans la soirée du 23 janvier.
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