Rivière-du-Loup – La volonté du gouvernement Couillard d’abolir les garderie à 7 $ et mettre ainsi fin à l'universalité des tarifs en garderie suscite la grogne et l’incompréhension chez plusieurs intervenants de la région, tant en CPE que de la part d’acteurs politiques et de parents.

Ainsi, sans confirmer la nouvelle mais en défendant la grille tarifaire mise au jour par le quotidien Le Devoir cette semaine, le premier ministre Philippe Couillard répète le modus operandi appliqué en santé, où les rumeurs véhiculées quelques semaines avant l’annonce officielle se sont avérées exactes à la virgule près.

Cette fois-ci, les parents paieraient plus cher pour les services de garderie en fonction de leurs revenus. Au 1er avril 2015, en plus de payer 8$ par jour, un tarif additionnel serait appliqué à la fin de l’année fiscale en fonction du revenu des familles.

Joint par Info Dimanche, le député de Rivière-du-Loup Jean D'Amour a refusé de commenter ce qu'il qualifie de « rumeurs ».

GRILLE TARIFAIRE

La grille tarifaire mise au jour par Le Devoir et préparée par le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) va comme suit, peu importe le nombre d’enfants :

• revenu familial net de 75 000$ et moins: 8$ par jour, aucun frais supplémentaire
• revenu net entre 75 000$ et 100 000 $: frais de 0$ à 4$ de plus par jour
• revenu net entre 100 000$ et 125 000 $: frais de 4$ à 7$ de plus par jour
• revenu net entre 150 000$ et 200 000 $: frais de 7$ à 12$ de plus par jour

CONSÉQUENCES À LONG TERME

Pour Marie-Claude Desbiens, directrice générale du CPE de Rivière-du-Loup, les conséquences de la fin de l’universalité des tarifs en garderie se mesureront à long terme et risque de toucher plusieurs parents.

« À court terme, je ne crois pas qu’il y aura un gros impact. Vous savez, les gens pensent souvent que les riches, ce sont les autres. Mais avec une grille tarifaire qui touche les revenus familiaux à partir de 75 000 $, il y aura plus de gens touchés qu’on peut le penser. Si la mesure s’applique le 1^er avril 2015, les parents seront seulement touchés à la fin de l’année fiscale 2015. Au lieu de recevoir un crédit d’impôts à la fin de l’année, les parents recevront une facture de 1 000, 2 000 ou 3 000 $ », explique-t-elle.

RARETÉ DE LA MAIN-D'OEUVRE QUALIFIÉE

Son analyse va plus loin et n’est guère optimiste. « Devant les dépenses supplémentaires, des mères et même des pères vont peut-être décider de rester à la maison et quitter le marché du travail, calculant que ça ne vaut plus la peine d’aller travailler. À l’heure où notre région connait une pénurie de main-d’œuvre qualifiée, c’est inquiétant. Le choc sur le recrutement sera grand. On devrait inciter les gens à travailler, pas le contraire », ajoute-t-elle. Le CPE de Rivière-du-Loup dessert quelque 800 familles.

Pour Jean-François Lévesque, parent utilisateur du CPE de Rivière-du-Loup, la fin de l'universalité des tarifs risque de créer des attentes chez certains. « C'est un risque que certains se demandent, étant donné qu'ils paieront davantage, s'ils auront priorité sur les listes d'attente ou encore qu'ils aient plus de services au CPE », lance-t-il.

Il ajoute que l'on contribue déjà, via nos impôts, à la redistribution de la richesse et que le principe de l'utilisateur-payeur n'offre aucune garantie quant à l'optimisation du système public. « On ne sait pas non plus les effets que cela aura sur le pouvoir d'achat des familles; ni celles aisées ni celles de la classe moyenne », conclut-il.